Jean-Charles Desgröux a une très belle plume. Il la manie comme d’Artagnan avec son épée, Luke Skywalker avec son sabre laser, Tiger Woods avec ses clubs, Ron Jeremy ou Rocco Siffredi avec leur… En fan, en passionné et en professionnel, il connaît parfaitement son sujet en matière de hard rock et de heavy metal. Los Angeles et son Sunset Strip, la laque, le make-up, les Spandex, les ceintures à conchos, les bandanas multicolores et les perfectos customisés à franges, aussi !
Quand il a annoncé qu’il écrirait un prochain livre sur le Hair Metal, la joie et l’euphorie POISONnienne m’avaient envahi. Ce qu’il avait oublié de préciser, c’est que son ouvrage serait une bible, en langue de Mölière (Crüe), sur la question, un möteur que tout fan de metal, tout passionné de sons électriques, toute personne aimant le rock se doit d’avoir dans sa bibliothèque.
A la façon d’un Eddie Trunk (célèbre animateur radio metal aux USA), d’un Alain Decaux du glam metal, d’un conteur biarrot élevé au jambon premium, au hard FM et au sleaze rock, Jean-Charles nous fait entrer dans le sujet de façon historique. Le rock aux USA, les ROLLING STONES, les hippies, BLACK SABBATH, OZZY, KISS, le glam, la NWOBH, le punk des DEAD BOYS, le hard US… Il le fait de manière plus obsessionnelle que je le décris, bien sûr ! La capillarité exponentielle des musiciens, le maquillage, les fringues colorées, l’usage excessif des bombes Aqua Net (au niveau des cheveux pas comme des poppers pour une sensation de chaleur), la surenchère des musiciens, les maisons de disques qui se battent pour avoir leur poulain au sommet des charts, le second single de chaque groupe qui est une ballade, la MTV normalisation du phénomène avec un épuisement total et massif avec l’arrivée du grunge (NIRVANA et toute la clique), tout y passe. La décennie Hair Metal était source de décadence, de thématiques de vie “larger than life”, de sexe, de drogues, de rock’n'roll, de ventes colossales d’albums, de spectacles proches des superproductions les plus connues mais aussi de tournées dans les bars les plus cradingues, de la stratégie DIY (Do It Yourself) pour se démarquer et se faire remarquer par les chasseurs de têtes des maisons de disques (Sony, Geffen, Virgin…) sur l’axe Sunset Strip qui a muté avec les années au niveau immobilier.
J.C. Deville, patronyme de scène de Mr. Desgroux au Cathouse, s’est coupé les cheveux depuis 1989 et a donc décidé en 2016 de faire une étude randomisée et contrôlée sur la corrélation capillaire et le succès des musiciens d’un gros courant comprenant un certain nombre de poster boys. De sa méta analyse, il sort 100 albums avec le même nombre de groupes analysés. Il exclut d’emblée les clichés du genre. Ce qui m’a étonné à la lecture de son livre, c’est que j’ai quasiment la majorité des albums, qu’il dissèque comme un chirurgien plasticien du Metal, soit en vinyl, soit en picture-disc, soit en K7, soit en CD (oui, je suis d’une génération de mutants où l’on attendait et l’on se précipitait le jour J de la sortie de l’album dans un magasin de disques…N’oubliez pas de fêter les Record Store Day !).
Les différentes vagues de groupes sont sélectionnées via leur album phare : VAN HALEN, MÖTLEY CRÖE, RATT, QUIET RIOT, WASP, DOKKEN, QUIREBOYS, D-A-D, VIXEN, KIX, DAMN YANKEES, XYZ… Jean-Charles évoque même le PANTERA à ses débuts de carrière (qui n’a rien à voir avec le groupe qui s’est dissout en 2003). Et il y en a plein d’autres ! Qui n’a jamais écouté “Seventeen” de WINGER, le rival de Jon Bon Jovi à la grand époque, “Here I Go Again” de WHITESNAKE, “Wait” de WHITE LION, “Nobody’s Fool” de CINDERELLA, “Modern Day Cow Boy” de TESLA, “Heaven” de WARRANT ? La liste choisie par J.C SweetLove (second patronyme de scène de Mr Desgroux au Whisky A Gogo) est fabuleuse.
Hair Metal, c’est un « reset memory », un retour vers le futur. Immédiatement à sa lecture fluide, vous vous retrouverez projeté des années en arrière et vous rappellerez de vos premiers patchs, de votre première ceinture à clous, de vos premiers concerts – c’était, pour moi, MÖTLEY CRÜE avec SKID ROW en première partie au Zénith de Paris en 1989 pour la tournée de l’album « Dr Feelgood » mais aussi d’autres beaux souvenirs personnels.
En aucun cas l’auteur ne joue sur le revival ! Chaque album (que l’on aime ou pas) décrit est une pierre angulaire de l’histoire de la musique qui nous passionne, qui unit notre communauté Metal. JC St Lust (troisième patronyme du journaliste au Rainbow Bar & Grill) n’a pas oublié les groupes qui ont moins, voire pas du tout, marché… Vous vous ferez une idée par vous-même de toute façon.
Ce livre est un super moment de détente rock’'roll … C’est comme si vous vous allongiez sur un divan en velours rouge vif avec des paillettes et que vous oubliiez tout ce qu'il y a de négatif dans la vie. Plus fort que Maniatis, Jean-Louis David, Dessange, des cheveux virtuels peuvent pousser aussi ! Le style “Hair Metal” était plus que quelque chose de ciblé sur les crânes des musiciens. Un vrai phénomène. BON JOVI et GUNS N’ ROSES tenaient le haut du pavé à l’époque. D’autres groupes comme MÖTLEY, SKID ROW, DEF LEPPARD, WHITESNAKE, AEROSMITH, entre autres, ont fait de somptueuses performances. La majorité d’autres groupes de l’époque, dissous, s’est reformée pour beaucoup d’entre eux dans les années 2000, le temps d’un festival dans le Middle West, de croisières all inclusive, ou encore ont été signés, pour différents albums, sur un label italien qui nous fait (re)vivre certaines (bonnes) choses.
Quel que soit votre âge, vous allez adorer ce bijou littéraire à conchos et à foulards gypsy. Soit cela va restimuler votre encodage cognitif, soit vous allez apprendre, découvrir, redécouvrir plein de choses… En le lisant, j’ai écouté « Blackout In The Redroom » de LOVE/HATE, « Lies » de GUNS N’ ROSES, « To Hell With The Devil » de STRYPER (prêté par mon frère du metal Laurent Boussignac), « Too Fast For Love » de MÖTLEY CRÜE, « 1987 » de WHITESNAKE, « Cocked And Loaded » de L.A. GUNS et deux autres groupes ne figurant pas dans la playlist “Hairy Things” : « EndGame » de HEAVY DUTY et « British Steel » de JUDAS PRIEST…
J.C Desgroux… I Won’t Forget You
Kind Regards
Laurent St Love