30 novembre 2016, 11:00

EVERYDAY I DIE

"Isolation"

Album : Isolation

EVERYDAY I DIE. Un nouveau venu dans le paysage metallique. Formé en 2014 les Allemands nous servent le en mai 2016 une première production, « Isolation ».

Voici un groupe comme je les aime, c’est à dire hors normes. La base rythmique et une partie du chant sont souvent metalcore, toutefois les soli et une grande partie des chœurs s'apparentent avant tout au death mélodique. Nous ne sommes pas loin de certains maîtres suédois dans l’intensité des morceaux. La présence à la composition et au chant de Björn "Speed" Strid de SOILWORK n’est pas anecdotique.

Les thèmes, sombres, sont mis en musique avec des mélodies structurées, on évolue à partir d’un "My Will Be Done" qui frappe fort, avec des riffs et des chants agressifs, où on sent dans la musique et les textes une volonté de surmonter tous les obstacles que l’on rencontre dans la vie, jusqu’à "Welcome To The End" qui clôt la quête du groupe en fin d’album. Oui, cet album s’adresse à l’auditeur, l’interpelle, l’invite à se battre chaque jour afin de ne pas se laisser aller.

Nous passons par des moments de luttes, "The Great Temptation" pour exemple, avec ses chœurs quasi symphoniques, d'autres de désespoir abyssal avec les très beaux "Drown In Red Water" et "The Tears That I Once Cried". Donc pas un album pour la bonne humeur, plutôt une exploration des divers états et nuances de gris de la nostalgie. Les cris et soli sont d’une sincérité troublante.

Rien de bien nouveau diront certains ? Certes, le death mélodique est un genre ancien, avec de nombreux et excellents ambassadeurs. C'est toutefois ici merveilleusement bien agencé, on déguste l’album titre après titre avec un réel plaisir. Tout est très bien dosé, avec les moments forts entrecoupés de breaks judicieux, puis de subites accélérations de tempo. Il y a un petit apport de touches electro, les subtiles "Martyr" et "Revolution" avec leurs déclinaisons multigenres, contribuent à construire un petit bijou d’originalité. Les modulations des voix quant à elles sont riches en émotions, de celles qui feraient fondre l'iceberg du Titanic !

Oui, osez l'expérience. Ouvrez cette boîte de Pandore, laissez glisser en vous "An Unfounded Tragedy". A chaque morceau mourez un peu plus. Mais à "Welcome To The End" découvrez le timide espoir tapi au fond du coffret, saisissez-le et sortez vivants à nouveau, plus forts de cette expérience musicale tel un phénix. Le titre "Everyday I Die" clame paradoxalement « save me from myself ».

EVERYDAY I DIE ou l'expérience de la mort et de la renaissance.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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