
Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîtreeeeeuuuuuuu. En l'occurrence, les moins de 30 ans non plus. Et pourtant. Rien que le nom OUTLAWS suffit à faire briller les yeux de tout amateur de southern rock digne de ce nom. Alors, certes, il est loin le temps où le groupe arrivait presque à voler la vedette aux fines gachettes de MOLLY HATCHET lors d'une mythique tournée française, mais s'il y a bien une chose que le temps n'effacera jamais, c'est le talent. Il suffit, pour s'en convaincre, de prêter une oreille attentive à ce nouveau live des Floridiens : « Legacy Live ». Malgré les tragédies qui ont affecté le groupe et qui semblent confirmer que le rock confédéré restera à jamais un genre maudit (R.I.P. Billy Jones, Frank O'Keefe et Hughie Thomasson), les survivants Henry Paul (guitare, chant) et Monte Yoho (batterie) maintiennent le navire à flot et se sont entourés de Steve Grisham (guitare, chant), Chris Anderson (guitare, chant) - qui ont tous deux un passif avec le groupe, le premier ayant même participé à l'élaboration de « Soldiers Of Fortune » (1986) - Randy Threet (basse, chant) et Dave Robbins (claviers) pour faire perdurer la légende. Le moins que l'on puisse dire est que leur décision est la bonne tant à l'écoute de ce majestueux live (qui frôle les 2 heures !) il est difficile d'imaginer que 39 années se sont écoulées depuis le légendaire « Bring It Back Alive » !
Tous les classiques sont là, de “There Goes Another Love Song” à “(Ghost) Riders In The Sky” en passant par “Hurry Sundown” et “Freeborn Man”, mais aussi pas mal de titres moins évidents. Quel plaisir de réentendre “Song In The Breeze” (« Outlaws », 1975) ou “Gunsmoke” (« Hurry Sundown », 1977), deux perles signées Henry Paul, par exemple ! Le guitariste chanteur se taille d'ailleurs la part du lion en intégrant à la set-list deux morceaux du HENRY PAUL BAND, groupe qu'il avait formé après avoir quitté les OUTLAWS une première fois en 1977 : “So Long” et, surtout, “Grey Ghost”, hommage à peine voilé à Ronnie Van Zant dont le solo vous file la chair de poule. Alors bien sûr, certains ne manqueront pas de taxer le New-Yorkais d'origine d'opportunisme, lui qui, toujours selon les mêmes, aurait dû lâcher l'affaire après le décès d'Hughie Thomasson. Ce qui, en toute bonne foi, relève plus du procès d'intention que d'autre chose. Qui, à l'écoute des deux titres pré-cités, pourrait sérieusement prétendre que l'héritage des OUTLAWS ne figure pas AUSSI dans les notes distillées par le talentueux Henry ? On reste très loin des procédés putassiers utilisés il y a très peu de temps par un certain Rickey Medlocke... C'est dit !
Alors, ne boudons pas notre plaisir - même si votre serviteur aurait aimé réécouter “You Are The Show” (« Playin' To Win », 1978), mais c'est pinailler - et savourons ce « Legacy Live » sans modération, tant il est le parfait concentré de tout ce qui a permis d'élever les OUTLAWS au panthéon du southern-rock : une musique tutoyant plus souvent qu'à son tour la country, voire le bluegrass, des harmonies vocales à trois ou quatre voix héritées de groupes comme les EAGLES ou BUFFALO SPRINGFIELD, et des soli de guitare qui vous emmènent loin. Très loin, même ! Qui n'a jamais posé une oreille sur celui de “Green Grass And High Tides”, LE morceau-référence des OUTLAWS à ranger aux côtés de “Free Bird” (LYNYRD SKYNYRD), “Fall Of The Peacemakers” (MOLLY HATCHET) ou “Lonesome Guitar” (DOC HOLLIDAY), ne peut décemment pas se prétendre amateur de guitare... même si elle est en carton, dixit Tonton Zézé ! Quand on sait en plus que ce pavé est suivi sur ce monumental double live par le plus gros succès des OUTLAWS, à savoir l'ébouriffante reprise du morceau “western spaghetti” de Stan Jones, “(Ghost) Riders In The Sky”, difficile de ne pas sortir l'étendard aux treize étoiles et d'hurler à pleins poumons : “The South will rise again !”.
Enfin, c'est vous qui voyez ! En tout cas, voilà un disque à conseiller aux amateurs du genre autant qu'aux plus jeunes qui voudraient parfaire leur éducation musicale. À ces derniers, je recommanderais également « Hurry Sundown » (1977), l'imparable live « Bring It Back Alive » (1978), ainsi que le plus hard (mais mésestimé) « Playin' To Win » (1978). Sur ce, j'y retourne !