26 mars 2017, 14:16

IMMOLATION

Interview Ross Dolan

IMMOLATION, c’est une valeur sûre. Depuis presque trente ans, le groupe a gardé sa ligne de conduite, son concept et sa musique sans jamais déroger à sa règle principale : satisfaire son public. Le 24 février est paru son dixième album, « Atonement », et encore une fois IMMOLATION frappe droit dans le mille avec son death metal à la fois lourd et varié. Ross Dolan, le chanteur/bassiste, nous apporte quelques précisions quant à ces nouveaux titres avec l’éloquence qu’on lui connaît.


Vous avez globalement passé les trois dernières années en tournée pour promouvoir votre album « Kingdom (Of Conspiracy) ». Vous avez sillonné les routes avec des groupes variés tels que NAPALM DEATH, MARDUK ou encore CANNIBAL CORPSE. Comment se sont passées ces tournées ?
En effet, on a fait plusieurs grosses tournées entre l’année dernière et cette année. Nous avons sillonné les routes aussi bien en Europe qu’aux USA. On est aussi allé en Islande pour la première fois, en Australie, en Nouvelle-Zélande… On a été très occupés et ça a vraiment été une belle partie de plaisir. Depuis mai 2016, on n’a pas arrêté ! On a fait la tournée avec MARDUK, les festivals d’été, l’Islande…Tout cela en six ou sept mois, c’était vraiment beaucoup !

Comment s’est passée la tournée avec MARDUK ? Le public doit être un peu différent de celui que vous avez l’habitude de rencontrer ?
C’est une super expérience pour nous puisque le public comblait les deux côtés du spectre metal extrême. Nous sommes très bons amis avec MARDUK. On a tourné avec eux au moins cinq fois déjà. On connaît très bien les gars. Je connais Morgan depuis de nombreuses années. C’est un phénomène, un gars super ! Eh oui, on a eu vraiment un public extraordinaire, à la fois death et black metal. Mais je pense de toute façon que notre musique a beaucoup de points communs avec le black metal. Elle est sombre, sinistre… Et je pense qu’avec MARDUK, il y a une bonne émulation car nous sommes tous intéressés par l’Histoire et notre passé, donc on a vraiment passé du bon temps, sur scène et en dehors !

IMMOLATION a maintenant presque trente ans, vingt-neuf en 2017 pour être précis, et vous avez toujours autant de pêche ! Comment réussissez-vous à être toujours aussi énergiques et surtout créatifs tout au long des années ?
Je pense que cela vient du fait qu’on a toujours été passionnés par notre musique et par IMMOLATION. Le groupe a toujours été une passion, jamais un travail. Donc, grâce à ces considérations, on voit le projet très différemment. Quand tu as un travail, c’est essentiellement pour gagner ta vie. Mais quand tu es passionné par ce que tu fais, tu prends toujours autant de plaisir à le faire après tant d’années. Et la réaction de nos fans compte pour beaucoup aussi. Dès qu’un album sort, on a envie que notre public l’apprécie. Des fois ça marche, des fois moins mais je crois que nos fans aiment notre cohérence et le fait que l’on reste sincère dans notre ligne de conduite depuis le départ. On essaye juste de faire de mieux en mieux à chaque sortie d’album, on se bat pour ça et je crois que nos fans apprécient. Le temps n’est pas vraiment la question. Bien sûr, cela devient de plus en plus un défi d’être innovants tout en collant à notre étiquette de départ mais c’est toujours un vrai plaisir à chaque sortie. Donc chaque jour, je me dis qu’on a vraiment de la chance de pouvoir faire ce métier depuis si longtemps. Quand nous avons commencé, aucun d’entre-nous n’a pensé qu’il ferait ça pendant vingt-neuf ans. J’approche de la cinquantaine maintenant et lorsque j’avais 18 ou 19 ans, je ne pensais pas pouvoir jouer ma musique si longtemps. Quand tu te projettes lorsque tu es jeune, tu ne t’imagines pas que tu en seras là où tu es des années plus tard. Ça a été un super voyage jusque-là et je continuerai tant que ce sera avec plaisir.
 

"Les sujets dont nous traitons sont très réels et se passent tous les jours mais les gens ne le voient pas." - Ross Dolan


Votre dixième album, « Atonement », est sorti le 24 février. Vous deviez être impatients de le présenter à vos fans et de voir leur réaction ?
Oui, tout à fait. C’est une étape importante en tant que dixième album. La dernière chanson de l’album est la centième que nous ayons composée en tant que groupe alors c’est vraiment marquant pour nous. Nous avons aussi réenregistré une vieille chanson du nom d’"Immolation" tirée de notre premier album pour le CD promotionnel, « Flexi Series », de Decibel Magazine. Et ce titre va aussi être le titre bonus de l’album « Atonement ». Ce qui est drôle c’est qu’on était en studio pour enregistrer "Epiphany" la centième chanson du groupe, en même temps qu’on ré-enregistrait la première chanson qu’on a écrite en 1988. Et on a décidé de choisir cette chanson car c’était le 25e anniversaire de notre premier album. On s’est rendu compte que c’était plutôt cool d’enregistrer à la fois la première et la centième chanson le même jour ! Ca n’a pas vraiment d’importance mais c’est juste une anecdote sympa !

« Atonement » est un album à la fois rapide, sombre et intense. Les paroles semblent être une analyse plutôt morose de notre monde, de notre société. Quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
Je pense que l’inspiration vient de partout, simplement en regardant le monde. On vit à une époque où on est complètement inondés d’informations. Tu as tellement de négativité venant de toute part, de la seconde où tu te lèves le matin au moment où tu te couches, par la radio, les infos. On est bombardés par toute la négativité du monde entier. Donc on prend beaucoup de tout cela et on essaye de faire le constat de notre monde, de l’humanité en général et de son côté le plus sombre. Comment l’histoire de notre civilisation nous a emmenés vers des endroits très sombres tout au long des siècles. Nos paroles ont toujours traité de ces thèmes depuis le début. Dans les premiers albums, l’emphase était plutôt mise sur la religion et le contrôle qu’elle exerce sur l’humanité. Toutes les religions ont un côté sombre et négatif et nous l’avons amplifié de manière chaotique et destructive. Maintenant, nous analysons le monde plus globalement en prenant en compte le rôle de l’humanité dans son ensemble. Car on a beau pointer le doigt sur tel ou tel problème, au bout du compte, ce sont nous les responsables de ce qui se passe, collectivement.
Certains sujets dont nous traitons sont très abstraits et spécifiques. Cet album est vraiment très sombre car nous touchons à des sujets très présents de nos jours comme les divisions, les conflits à travers la planète à cause de la religion ou de la politique et le fait de garder les populations divisées et donc soumises. Elles ne peuvent donc pas accomplir de changements positifs dans ces situations. Il y a beaucoup de ça dans notre album et la première chanson, "The Distorting Light", montre comment l’attention de nos peuples est détournée par ce que l’on veut bien nous montrer dans les media, la propagande… Les sujets dont nous traitons sont très réels et se passent tous les jours mais les gens ne le voient pas. Nous mettons des choses en lumière. Ce n’est pour choisir un camp ou s’engager politiquement mais juste regarder la réalité et ses côtés les plus sombres sans le prisme des media. 
Il me semble que toutes ces informations contradictoires qui nous arrivent par Internet, la télé, c’est quelque chose de voulu par nos représentants. Plus les gens sont distraits et confus, moins ils sont aptes à voir ce qui se passe vraiment.

Vous avez toujours joué un death metal old-school mais chaque chanson d’« Atonement » est différente de la suivante. Il y a une grande variété de passages tantôt rapides, tantôt lents, intenses ou épiques. Quelle est la recette pour arriver à créer de telles atmosphères ?
J’aimerais vraiment dire qu’il y a une formule magique mais je ne sais pas s’il y a vraiment une recette pour ça. A chaque fois qu’on recommence le processus de création d’un nouvel album, la créativité vient à nous et non l’inverse. On se laisse inspirer, parfois de manière très bizarre, et il faut se laisser aller. Quand Bob (Robert Vigna) écrit la musique pour les albums, il ne considère pas chaque chanson individuellement mais plutôt comme un ensemble et chaque chanson doit rentrer dans le moule. On essaye vraiment d’incorporer tous les éléments dont tu as parlé, en particulier pour ce nouvel album où on y est vraiment parvenu. On a réussi à combiner tous les éléments dont nos fans sont friands : les passages de guitare épiques, les passages plus lourds avec plusieurs guitares, les passages sombres, hypnotiques, les passages explosifs… Mais je pense que tout cela mis bout à bout fonctionne vraiment bien et participe à la dynamique des morceaux, ce qui est très intéressant. Et c’est ce qui intéresse le public car ça lui permet de découvrir plein de surprises tout au long de l’écoute. Pour ma part, j’ai besoin que la musique m’emporte à plein d’endroits différents donc c’est ce que j’essaye de transmettre.
 

"j’espère vraiment que l’année sera sereine pour tout le monde, que les tensions seront apaisées dans le monde" - Ross Dolan



La pochette de l’album signée Pär Olofsson montre une espèce d’ange de la mort qui domine un monde de feu et de flammes. Quelle est l’idée derrière cette image ?
L’image de la pochette a été inspirée par quelques-unes des paroles de la chanson "Atonement" (NDJ : expiation). Cette chanson traite des extrémismes religieux. Quand nous avons trouvé ce titre pour la chanson, il nous a paru évident. On a trouvé que c’était un titre très fort que nous pourrions donner à l’album aussi. Car même si la totalité de l’album ne reprend pas un point de vue religieux, il y a toujours cette espèce de noirceur, cette négativité véhiculée par les religions et venant directement de l’espèce humaine. Tout le concept d’« Atonement » est la rédemption des pêchés, recevoir le pardon des erreurs commises. Cela prend tout son sens lorsqu’on l’applique à l’album. C’est très ironique car le dernier couplet de la chanson "Atonement" traduit le fait qu’il n’existe pas de rédemption pour tous les horribles crimes perpétrés. Pär a été inspiré par ces quatre derniers vers pour créer quelque chose de très sombre. On peut y voir un ange de la mort, un ange de la haine, ce que l’on veut… C’est une représentation de la face sombre de l’espèce humaine. Le fait que la ville soit divisée, éparpillée, à feu et à sang représente les divisions entre les hommes et les conflits qu’ils créent. Je pense vraiment que Pär a fait un travail époustouflant avec cet artwork.

Pourquoi avoir choisi la chanson "Destructive Currents" comme premier extrait de l’album ?
C’est une chanson qui va droit au but, elle est très sombre, très old-school. Elle est très accrocheuse et comporte tous les éléments que les fans aiment sans toutefois dévoiler tous les secrets de l’album. Il a fallu faire un choix et "Destructive Currents" est en plein milieu de l’album, elle représente bien « Atonement », aussi bien musicalement qu’au niveau des paroles. C’est un bel aperçu de l’album pour les fans sans leur donner trop d’indications. Un juste milieu, quoi !

La production de vos albums est beaucoup plus propre depuis que vous êtes chez Nuclear Blast. Qu’est-ce qui a changé ?
Quand nous avons signé chez Nuclear Blast, nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau et de travailler avec Zack Ohren pour le mixage et le mastering. Nous avions déjà investi les studios Millbrook avec Paul Orofino à la production et je pense que l’émulation entre Zack et Paul a vraiment marché. Paul est vraiment un gars super, il nous a offert un son génial et tous les deux ensemble, leurs efforts mêlés, ont concordé à un son plus lisse, plus brillant. La production du dernier album est vraiment la combinaison de leurs efforts respectifs. Zack savait exactement ce qu’il voulait pour nous et Paul aussi donc c’est la première fois qu’on est presque à 100% satisfaits de la production.

Quels sont vos projets pour l’année à venir ?
Je ne connais pas exactement les dates mais je sais qu’on sera en Europe en avril et on était en tournée aux USA en février avec Max et Iggor Cavalera pour leur "Return To Roots". On fera aussi les festivals d’été et d’autres concerts en Europe et aux USA en fin d’année.
D’une manière plus générale, j’espère vraiment que l’année sera sereine pour tout le monde, que les tensions seront apaisées dans le monde.


IMMOLATION en concert en avrl :
01-04 : Szczecin (Słowianin) PL
02-04 : Leipzig (Hellraiser) DE
04-04 : Kortrijk (De Kreun) BE
05-04 : Nijmegen (Doornroosje) NL
06-04 : Amstelveen (P60) NL
07-04 : Rheine (Hypothalamus) DE
08-04 : Aarhus (Royal Metal Festival) DK
09-04 : Flensburg (Roxy) DE
11-04 : Manchester (Rebellion) GB
12-04 : Dublin (Voodoo Lounge) IE
13-04 : Glasgow (Audio) GB
14-04 : London (The Underworld) GB
15-04 : Bristol (Deathfest) GB
16-04 : Brighton (MammothFest) GB
18-04 : Wien (Metal Corner) AT
19-04 : Brno (Melodka) CZ
20-04 : Kosice (Colloseum) SK
22-04 : Philadelphia (Decibel Metal & Beer Fest) PA


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
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