
Avec ce troisième album, THE GREAT OLD ONES nous propose un véritable conte musical, un chef d’œuvre d’inspiration lovecraftienne. Les Bordelais reviennent avec une vue d’ensemble de la ville d’Innsmouth, un regard plutôt sombre mais fidèle à la description originelle. Le concept est largement mis en valeur par un black metal atmosphérique sombre, ensorcelant et surtout très travaillé. Chaque écoute révèle de nouvelles qualités et plonge l’auditeur au plus profond de l’univers à la fois fascinant et cauchemardesque d’H.P. lovecraft.
Dès la courte introduction aux sonorités dissonantes, on retrouve l’identité du narrateur Olmstead qui va décrire la ville d’Innsmouth où se déroule l’action à la fois de la nouvelle de Lovecraft et de l’album « EOD: A Tale Of Dark Legacy ». Et nous voilà entre de bonnes mains, plongés dans un décor sinistre mais captivant.
Les dix minutes du titre qui suit plantent le décor. La musique de THE GREAT OLD ONES est une vraie bande son pour une histoire pleine d’étrangetés lugubres. Leur black metal semble coller de près aux exigences lovecraftienne, à savoir de la précision et de la justesse. En effet, entre envolées rapides et tourbillonnantes et passages ultra lents et lancinants, l’ombre des Grands Anciens plane. La voix est gutturale et puissante comme hantée par les horreurs dépeintes dans la nouvelle originelle.
"When The Stars Align" confirme la tendance et permet de happer l’auditeur au plus profond des abîmes. "The Ritual" est quant à lui plus lent, plus lourd, plus dérangeant, presque extatique par ses rythmes martelés et ses riffs répétitifs et envoûtants. Un véritable appel aux forces de Dagon jusqu’à se sentir plongé au cœur des profondeurs insondables de la rivière Manuxet. Après un court passage narré sur fond de guitares suraiguës et torturées, l’histoire se poursuit au milieu des flammes et des cris, un univers de délire sombre décrit par des growls de plus en plus emprunts de terreur et de désespoir. Enfin, "Mare infinitum" finit de décrire le voyage aux allures d’aller simple vers l’Enfer. Les chœurs sont d’une rare beauté au milieu d’un tourbillon de riffs frénétiques. Une véritable marée noire qui s’engouffre en laissant le goût amer des Profondeurs morbides.
A noter le titre bonus, l’acoustique "My Love For The Stars" de toute beauté avec une voix susurrée, une mélancolie omniprésente et quelques notes de claviers et effets sonores très appropriés pour une atmosphère planante et éthérée. Que de douceur ! Après le passage dans l’enfer d’Innsmouth, nous voilà projetés dans les étoiles !
THE GREAT OLD ONES avait déjà conquis son public avec ses précédents albums mais « EOD: A Tale Of Dark Legacy » marque vraiment un tournant dans sa carrière avec un album qui frôle la perfection tant dans le concept que dans sa réalisation. Lovecraft serait fier de ces héritiers musiciens.