16 février 2017, 10:14

Jack Russell's GREAT WHITE 

"He Saw It Coming"

Album : He Saw It Comin'

Jack Russell revient avec un troisième album solo intitulé « He Saw It Coming » sur le label Frontiers Music Srl. Il a gardé l’appellation du groupe (et le logo) qui l’a rendu célèbre dans les années 1980 et reste marqué à vie par cette histoire tragique qui a fait de nombreux morts et blessés suite à l’incendie qui a ravagé la salle The Station à West Warwick dans le Rhode Island où jouait le groupe en 2003.
Le line-up de son groupe actuel est constitué de Robby Lochner à la guitare, du bassiste et vieil ami de Russell, Tony Montana qui est à la seconde guitare et aux claviers, du batteur Dicki Fliszar, et du bassiste Dan Mc Nay qui boostent la dynamique des chansons de l’ancien et du nouveau répertoire hard rock bluesy ! Le chanteur et Lochner ont composé l’intégralité de « He Saw It Coming » qui est assez éclectique en terme de style : hard rock, classic rock, heavy, blues, pop, funk… Les influences des années 60 et 70 sont réhaussées par une approche rock moderne qui sied à merveille à la voix de Russell.

Marqué, il y a quelques années, par le décès de son ami, Jani Lane (WARRANT), des conséquences de ses addictions, Russell s’est pris en main pour ses dépendances aux médicaments anti-douleur et à l’alcool. Il en fait une chanson assez heavy. Le travail des guitares de Robby Lochner est puissant sur "My Addiction" comme sur tout l’album. Ce disque ne parle pas seulement de consommations excessives de substances et de ses désordres, mais également d’amour, de douleurs, et de la condition humaine en générale.

"Sign Of The Times", le premier single, démarre sur des guitares acoustiques, puis part sur un tempo classic hard rock entrainant avec un refrain entêtant radio friendly. Efficace pour les amateurs. La prod’ est parfaite. "Blame It On The Night" est heavy comme il faut, les voix doublées sont parfaitement placées. Les lignes de guitares derrière le refrain sont addictives. "Crazy" est hard rock bluesy avec des relents Tyleriens à la "Walk This Way" sur les couplets. Russell excelle ! Quel solo de guitare aussi ! Un vrai retour à la belle époque hard US.

"Love Don’t Live Here" est un titre classique du répertoire de GREAT WHITE des années hair metal : une chanson mid-tempo avec le refrain adéquat ! La vraie ballade guitare/voix, c’est "Anything For You", un cocktail sonore et vocal de tout ce qui se faisait il y a 35 ans. Rappelons que cet exercice était quasi-obligatoire lors des sorties d’albums de l’ère MTV. Jean-Charles Desgroux le souligne parfaitement dans son excellent ouvrage Hair Metal sorti en 2016.

Parlons maintenant de l’autre face artistique de cet album !

"Spy vs Spy" débute par une intro de guitare shreddée, ça joue grave. L’auditeur s’attend à un gros truc heavy derrière mais le titre part en direction opposée avec une matrice pop rock. La voix de Russell est étonnante, le travail sur les chœurs est parfait, un break planant. Il y a d’autres surprises comme ça sur « He Saw It Coming » comme le Jaggerien, funkysant, sexy "She Moves Me". Un titre bluesy parfait pour un strip-tease, voire plus ! "Don’t Let Me Go" sort tout droit du répertoire de Lenny Kravitz, et des pionniers de la musique rock matinée de funk des seventies sous substance hallucinatoire. Mid-tempo aux lignes mélodiques agréables pour les conduits auditifs. "Godspeed" est un morceau construit sur des vocalises à plusieurs chanteurs. 1960 quand tu nous tiens ! "He Saw It Coming" est une chanson dans cet esprit seventies à la Alice Cooper, QUEEN, THE WHO, donnant une impression de B.O. de film à la Fantome de l’Opéra ou Rocky Horror Picture Show. Un travail vocal et de composition fort.

« He Saw It Coming » est un album triaxial : du classique, des ballades, des titres pop rock aux multiples influences (Motown, pop californienne…). Jack Russell sonne énorme, est passionné et mélodique à souhait, le groupe qui l’accompagne aussi. Un talent de composition indéniable allié à une maturité artistique font de cet album, à la pochette peu congruent à l’esprit de la direction artistique, un excellent retour sur le devant de la scène de Mr Russell approchant la soixantaine. Nous verrons ce que donne le prochain album de l’autre version de GREAT WHITE (actuellement en studio).

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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