14 février 2017, 14:22

SKUNK ANANSIE

+ THE PEARL HARTS @ Toulouse (Le Bikini)

Blogger : So' Nihil
par So' Nihil

Pour cet Anarchytecture Tour, tournée de son dernier album du même nom, SKUNK ANANSIE a choisi pour sa première partie un duo féminin, THE PEARL HARTS. Moins la formation est grande, plus la performance peut être audacieuse et elles ont bien réussi leur coup en nous composant un rock alternatif tout à fait incisif et cohérent avec ce qui nous attendait ensuite. L'une des musicienne, Sara, est à la batterie/samples/chœurs et la seconde, Kirsty, au chant/guitare/boucles, et c'est grâce à ces entrelacements de thèmes que la sauce prend. Ces deux belles jeunes anglaises aux cheveux longs lisses et frangés (de loin on dirait des sœurs), ont des morceaux bien rentre-dedans, la chanteuse a une voix rauque qui se marie bien avec le style, de belles mélodies ressortent quand leurs voix se doublent. Malgré l'absence logique de jeu de scène c'est gagné, le Bikini ovationne !



Un bref topo pour le plat principal parce que oui, SKUNK ANANSIE n'est pas à proprement parlé du metal mais il a tout de même sa place dans les cœurs de toute une génération du fait de son rock alternatif engagé, bien pêchu, touchant à plusieurs styles et particulièrement de sa chanteuse au charisme et à la voix hors norme. Ce sont surtout aussi ce qu'on appelle communément des bêtes de scène et accessoirement collectionneurs de tubes. Pour les rares qui ne les connaissent pas encore, il faut rappeler vite fait qu'ils se sont formés en 1994 en Angleterre, qu'ils ont ensuite rencontré un rapide et mérité succès avec leurs 3 premiers albums détonants mais se séparent en 2001 pour se reformer en 2009 et produire 3 albums plus un live. Et c'est donc tout naturellement que les adolescents/jeunes adultes que nous étions dans les années 90 se sont retrouvés au Bikini pour une piqûre de rappel.

Après la petite pause entre les deux groupes, le bassiste Cass (Richard Lewis) pointa en premier les bouts de ses longs dreadlocks tout de rouge éclairé, suivi bien vite par les autres musiciens, Ace (Martin Kent) à la guitare, Mark Richardson à la batterie, Skin (Deborah Dyer) au chant et Erika Footman une talentueuse choriste/clavier/percutions. C'est en toute logique qu'ils ont débuté par ''Here I Stand'', une chanson qui nous parle de racisme. Nous voilà donc tous sautillants et rassurés par l'entrée en matière, ils sont restés les même agités d'antan, le son est juste parfait. Skin commença par slamer dans le public et s'y laisser porter tout en chantant. Ça groove méchamment et les parties groovy parfois slapé de la basse n'y sont pas pour rien.



 

Skin possède une prestance innée, elle est belle, elle est grande, elle a un large et magnifique sourire, elle n'a d'ailleurs même pas besoin de cheveux pour en imposer, son énergie est tellement communicative que le public ne peut qu'entrer en frénésie. S'ensuivit un ''Intellectualise My Blackness'' tout aussi démentiel. Puis vint le tour du rancunier ''Because Of You'' avec ses passages énergiques ou malsains. La frénésie redescendra un peu pour ''My Love Will Fall'' puis ''I Hope You Get To Meet Your Hero'', deux morceaux composés après leur reformation et surtout un peu plus calmes. Puis revint les vieux albums avec ''Twisted (Everyday Hurts)'' et sa ligne de basse tout de groovy vêtue ainsi que son refrain complémentent survolté.
On apporta à Skin une guitare électrique pour ''My Ugly Boy'' un morceau de l'album « Wonderlustre » au refrain efficace. Skin changea ensuite de guitare pour une folk afin de nous envoyer un vieux ''Weak'' tout en progression. Pour leur ancien tube ''Hedonism (Just Because You Feel Good)'' rien n'a été ajouté/enlevé, ils le prennent peut-être un peu plus rapidement puis c'est le tour de ''Victim'' issu de l'album « Anarchytecture », un agréable morceau carrément angoissant, lourd et chaotique comme on les aime. Ensuite vint ''Love Someone Else'', très graphique, avec des faisceaux lumineux rouge qui se reflètent dans la tenue de Skin, puis Erika est venue la rejoindre au premier plan certainement pour crier plus fort. Nous avons ensuite eu droit au pêchu ''I Believed In You'', la base rythmique du refrain de ce morceau est faite pour sauter sur place, le public ne se fait pas prier. Pour ''That Sinking Feeling'' Skin et Erika se jettent dans le public et se laissent porter tout en chantant bien sûr, sinon c'est pas drôle.

En petite introduction pour ''Gods Loves Only You'', Skin nous rappelle qu'ils sont un groupe engagé politiquement, contre le racisme, sexisme, homophobie et toute forme de fascisme et nous félicite de sortir dans ces moments troublés, ils compatissent à ce que nous vivons en France et n'apprécient pas vraiment m'sieur Trump. Ils enchaînent sur un plutôt calme ''Without You'' puis sur le magnifique morceau ''We Don't Need Who You Think You Are'' où Skin nous fait un petit discours sur Nelson Mandela et cette pauvre Afrique du Sud. Puis on resta sur le même registre colérique avec ''Yes, It's Fucking Political'', on ressent bien sa rage sur cet énorme tube où elle s'égosille régulièrement.
On resta donc dans le même thème pêchu avec un de leur titre bien barré ''Little Baby Swastikka''. C'est sur cette histoire bien dégueulasse d'un bébé noir assassiné qu'ils nous firent tous s'accroupir. Skin traversa la fosse en serrant quelques mains, voir comment on allait, échanger quelques mots en somme. Un inopportun voulut en profiter et prendre un selfie et c'est remballé par notre prêtresse qu'il fut, avec un beau « fuck you » dans ses dents. On se releva tous en même temps pour recevoir un dernier refrain de ''Little Baby Swastikka'' avec Skin toujours au milieu de la fosse qui chantait tout en sautant.



Ils quittèrent alors la scène et se laissèrent acclamer pendant quelques minutes pour revenir nous jouer le chaloupé ''Cheap Honesty'' puis le relatif calme mais mélancolique ''Tracy's Flow'' où Skin nous a encore éblouie par sa capacité à exploser et à nous transmettre son ressenti pas très serein sur les relations humaines. On a eut droit à la traditionnelle présentation des musiciens et de l'ingénieur son, ainsi que des remerciements pour avoir supporté financièrement l'industrie musicale. Arriva par la suite l'introduction de l’emblématique ''Charlie Big Patatoe'', où Erika est à nouveau venue au premier plan aux cotés de Skin et elles nous ont magnifié ce morceau de leur puissance vocale. Cette talentueuse artiste, Erika Footman, n'est pas passée inaperçue et l'alchimie entre leurs voix apporte énormément à la cohésion. La voix de Skin, toute énorme qu'elle soit, a tout de même besoin d'être doublé dans certains passages pour donner plus de puissance.

Après une deuxième ovation et quelques minutes dans les loges, ils revinrent offrir des roses rouges aux premiers rangs en cette soirée de saint valentin ainsi que délivrer plein de messages d'amour. Moment choupinet du concert où Skin mime un cœur et nous demande de nous faire des câlins, les bisounours parmi l'assistance ont sûrement apprécié... Enfin, ils nous ont interprété en acoustique le tout calme ''You'll Follow Me Down'' où je suis certaine que plein de poils se sont dressés parmi le public conquis.
Elle nous quitta avec le poing en l'air en nous demandant à tous de résister. Compris ?...


Toutes les photos de Fred Moocher dans le portfolio.


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Au sujet de l'auteur
So' Nihil
Écolo, gameuse, libre penseuse, humaniste frustrée, anarcocommuniste, utopiste, Infirmière de nuit en Psychiatrie auprès d'ados, entière, solitaire, discrète.
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