« Oui, avec « AbReaction », nous voulions composer des morceaux qui prennent le temps d’installer des ambiances, tout en ne négligeant pas l’aspect "coup de poing" de notre musique. Et je pense sincèrement que nous y sommes arrivés.».
Comme l'expliquait son leader, JB Le Bail, dans l'interview qu'il nous a accordé avant de partir en tournée avec MARDUK et INCANTATION, SVART CROWN refuse l'immobilisme. Il évolue album après album, peaufinant sa recette dans l'ombre et plus que jamais, c'est bien sur les ambiances qu'il met aujourd'hui le paquet. Il faut dire aussi que les textes de ce quatrième album s'y prêtent à merveille puisque ceux-ci sont fortement influencés par les rites africains mais aussi la magie Vaudou. Des ambiances tribales donc, ethniques par extension, qui donnent une saveur mystique et mystérieuse à ce nouvel opus. Ambiances qui ne rechignent pas à s'acoquiner avec des rythmiques toujours aussi étourdissantes, comme le confirme dès les premiers instants un "Golden Sacrament" rampant, vicelard, qui instaure avec doigté un climat oppressant, étouffant avant de laisser place à un "Carcosa" fulgurant, renouant sans sourciller avec la tradition death metal, qui donnera son pesant de brutalité par packs de douze à ceux et celles qui pensaient qu'avec l'âge, SVART CROWN s'était ramolli. Que nenni. Ragaillardi, ah ça oui !
Droit comme un "i", le doublé "The Pact : To The Devil His Due" / "Upon This Intimate Madness" est d'ailleurs le grand moment du disque. Un déluge de riffs taille patron, des rythmiques vertigineuses gorgées de dissonances maléfiques délivrées par la paire Verlay/LeBail en passant par de bons gros coups de latte bûcheronnesques assénés avec passion par un Kevin Paradis visiblement ravi d'avoir rejoint la fine équipe. Et une nouvelle fois, ces ambiances, celles-là même évoquées par JB en interview qui matérialisent à merveille le côté plus "progressif" du disque, des structures plus complexes et abouties qui font mouche à chaque fois. Je vous rassure, le reste du disque est du même acabit, deux interludes hypnotiques, "Tentacion" et "Lwas", quelques bonnes roustes bien viriles comme ces "Spiritual Orgasmic Ecstasy" ou "Emphatic Illusion" qui feraient passer BEHEMOTH pour une gentille histoire du soir et ce dernier morceau ahurissant qu'est "Nganda" qui symbolise à lui seul le côté rituel, chaotique qui fait tout le sel de ce disque. Un point final qui calotte... autant qu'il envoûte.
Rideau.
Jamais, sur « AbReaction », la salade black/death des Niçois n'a semblé aussi variée et en même temps si goûtue, tout y est calibré au millimètre près avec un toucher et une classe qui confèrent au groupe une envergure plus que jamais internationale. Ajoutez à cela l'artwork de toute beauté, une nouvelle fois réalisé par Stefan Thanneur (accessoirement bassiste à temps plein chez les brutes épaisses de CHAOS ECHOES) ainsi qu'une production et un mastering orgasmiques modelés par les doigts de fées de ce cher Francis Caste et vous obtenez un « AbReaction »... qui ne pourra vous laisser sans.