27 avril 2017, 18:15

METAL OPER'ART - STRASBOURG

Interview Jérémy Tissier

Le samedi 29 avril se déroulera le METAL OPER’ART à Strasbourg à l’Opéra National du Rhin, une première en France dans un opéra national. Nous avons posé quelques questions à son organisateur, Jérémy Tissier, également bassiste de PSYGNOSIS également à l’affiche ce soir-là !


Peux-tu nous présenter ton rôle par rapport à l’association ALCA ?
Pour ma part, je ne suis pas du tout dans l’association ALCA. Je suis un intervenant qui est très lié à cette association créée il y a un peu plus d’un an par un ami. Il m’a suggéré cette idée de créer un festival metal dans un opéra. Ce projet est né de cette rencontre. Il avait déjà mis en place cette association afin de créer des événements pas forcément metal à l’origine. Il a un placement privilégié dans la ville de Strasbourg grâce à un réseau politique et culturel qui lui ouvre certaines portes, que nous, en tant que Métalleux, aurions plus de difficultés à avoir. C’est ça qui a été la fusion magique du truc ! Moi, j’ai une expérience d’organisation avec l’association Wake Up Dead à Mâcon. Nous avons organisé le Festival de Chair et d’Acier, 24 concerts en tout avec eux.
Le METAL OPER’ART c’est la réunion de quelqu’un qui est spécialisé dans l’organisation d'événements metal avec quelqu’un qui est spécialisé dans un travail plus populaire, qui touche l’opéra par exemple. Il a également des liens avec des politiques, des chaînes de télé comme Arte, ( Arte fera d’ailleurs un streaming de l’événement en direct et en rediffusion), et avec une presse plus généraliste comme L’Express, Le Figaro etc... Tous ces journalistes qu’on n’a pas l’habitude de voir dans le metal et que lui est plus susceptible de toucher. C’est l’union de deux forces.
C’est donc le premier concert de l’association ALCA, première organisation. Je ne sais pas ce qu’ils ont prévu de faire après. Je pense que l’on va essayer de conserver le bébé pour les années suivantes.

Peux-tu nous présenter le projet METAL OPER’ART ?
Le thème dans les grandes lignes c’est de faire asseoir des fans de metal dans un opéra. Donc c’est "placement assis". Malheureusement le 3ème et le 4ème étage de l’opéra seront fermés pour des raisons de sécurité. Au niveau de l’affiche, j’ai opté pour un choix qui avait un sens, pas du côté du metal groove, bourrinant, pogo etc... mais plutôt le metal sombre, plutôt dans l’expectative, ce qui en fait une affiche particulière.
Le premier groupe est LANIAKEA, un jeune groupe avignonnais qui pour moi est très très prometteur. Je crois beaucoup en ce groupe qui n’est pas tellement connu. C’est pour cela que je les ai placé en premier.
Ensuite, il y a GRORR. C’est un groupe qui selon moi est mal placé au niveau géographique en France et qui galère un peu à sortir de leur créneau bien qu’ils aient eu une reconnaissance grâce à leur deuxième disque considéré comme l’un des meilleurs album djent français. J’estime qu’ils méritent un peu plus de visibilité.
Puis, PSYGNOSIS, mon groupe, c’est mon leitmotiv ! C’est du metal sans batteur et avec un violoncelle. C’est du metal progressif, un peu moderne, avec une french-touch, un peu dans la même veine que GRORR.
Il y aura aussi IGORRR qui me paraît être une co-tête d’affiche française plutôt évidente même si ça tape un peu dans le breakcore mais avec une touche opéra. Cette touche opéra peut séduire les profanes de metal, les curieux qui seront là ce soir et leur prouver qu’on n’est pas que des bourrins, qu’on sait allier musique classiques, d’autres styles avec le metal ou l’electro. C’est un peu ma carte maîtresse de tête d’affiche.
Enfin, EMPYRIUM avec son dark-folk qui me paraît très accessible pour les profanes. Et c’est un groupe dont je suis fan ! ça sera leur dixième concert en 25 ans ! Cela donne un côté rare qui est un vrai défi en tant qu’organisateur. 4 mois de travail afin de réussir à séduire un tel groupe. Pouvoir présenter ça sur mon CV d’organisateur et pour le prestige, c’est génial ! Et surtout en tant que fan d’EMPYRIUM, c’est excellent de pouvoir offrir des conditions pareils à un groupe comme celui-ci !
 

"C’est le premier concert metal en France dans un opéra national." - Jérémy Tissier / Metal Opér'Art



Quelles ont été les réactions des groupes face à l’annonce de ce projet de crossing-over ? Ont-ils souhaité s’adapter au lieu (set acoustique par exemple) ou au contraire confronter leur musique telle quelle à l’opéra ?
La musique va être confrontée telle quelle. La réception était bonne. Je n’ai eu aucun refus. J’ai même contacté APOCALYPTICA pendant l’attente de la réponse d’EMPYRIUM mais ce sont d’autres enjeux qui ont fait que ce n’était pas possible ! Mais j’ai eu des réponses de tout le monde mais je voulais vraiment EMPYRIUM de toute façon.
Après pour une date comme ça, même si je pense qu’on a tous un show rodé au live, je sais que tous travaillent un peu plus pour un type de spectacle comme celui-là. Je ne pense pas qu’il y aura des sets acoustiques ou des choses plus spécifiques à l’opéra. Ça reste le show prévu pour les concerts mais évidemment qu’il y a un peu plus de moyens, de répétitions ou de résidence. J’ai deux ou trois confidences d’artistes et je sais qu’il y a un peu plus d’énergie mise en amont de l’événement pour être certain que la soirée se passe vraiment bien. L’annonce du streaming sur Arte ajoute aussi une pression et le spectacle doit être encore mieux travaillé.
C’est le premier concert metal en France dans un opéra national. Il y a le théâtre de Denain avec In Theatrum Denonium qui est mon inspiration de base, je ne m’en cache pas. D’ailleurs, il y a eu une collaboration ensemble pour faire gagner des places pour les deux événements. Dans un opéra national, c’est la première fois en France. Il y a un vrai contexte historique, architectural, artistique. Il y a une vraie histoire, ce n’est pas qu’une salle de concert. C’est limite religieux ! Je pense qu’il y a un petit stress et un enjeux pour les groupes.

De même, est-ce que l’opéra s’adapte à l’accueil de cette musique majoritairement amplifiée ?
Carrément ! Il y a plus de budget de location de matériel que de budget artistique. Il y a une vraie équipe, des techniciens spécialistes pour installer tel ou tel type de matériel. J’ai vu la fiche technique de la régie : il y a vraiment du lourd et du matériel spécifique pour pouvoir sonoriser et éclairer une musique amplifiée qu’ils n’ont pas l’habitude de recevoir. Mais en tout cas, les équipes et la direction de l’Opéra de Strasbourg sont des gens ouverts et ils mettent la meilleure volonté pour que cela se passe dans les meilleures conditions possibles.

Le croisement va également être visuel puisque les concerts vont se dérouler dans le décor de l’opéra baroque La Calisto de Cavalli, qui sera donné la veille et le lendemain du Metal Opér’Art. Est-ce un réel parti pris de croisement ou un concours de circonstance ?
C’est un concours de circonstance qui est devenu un parti pris. On a eu deux possibilités de dates : soit durant la période de la représentation de La Calisto soit fin juin en plein milieu des festivals. C’est clair qu’on n’allait pas faire de la concurrence aux festivals parce que sinon ils allaient perdre évidemment !! Plus sérieusement, c’était la bonne date et pourquoi pas après tout ! J’ai vu les prémices du décor. Normalement, on n’y a pas accès mais je pense qu’on va s’amuser un peu avec ! Il y a un escalier central entre autre ! Il y a moyen de faire un peu les stars !! Pour le show, c’est cool, même s’il n’y aura pas les backdrops. On m’a dit que ce n’était pas possible de les installer. C’est pas grave et bien au contraire, on a la possibilité de s’amuser autrement et beaucoup de groupes vont jouer le jeu !
 

"J’aimerais que pour les éditions suivantes, on ait les 1100 places de l'opéra !" - Jérémy Tissier / Metal Opér'Art


On peut également se poser la question de la gestion du public. Comment conciliez-vous l’utilisation habituelle du lieu, c'est-à-dire avec un public assis, et la musique metal qui incite au mouvement (si ce n’est plus !) ? Toutes les places seront assises ?
Oui ça ne sera que des places assises. C’est un grand test. J’ai suggéré une fosse, ce qui n’a pas été accepté. On m’a clairement dit qu’il y aurait beaucoup de monde debout dans les couloirs des sièges.
Après, je pense que c’est agréable aussi de voir des spectacles assis. C’est pour ça que j’ai voulu faire une affiche qui se regarde ainsi. Par exemple, j’ai vu Mono assis et c’était super ! Ce sont des musiques expectatives où on peut se mettre en introspection et du coup, être assis c’est pas mal !
D’un autre côté, c’est la première : on ne sait pas à quelle sauce on va se faire bouffer. Moi j’ai confiance dans le public metal. Je sais que c’est un public très rangé, très respectueux. Les lieux dans lesquels on peut voir notre musique, on n’a pas envie de les dégrader et qu’il n’y en ait plus. J’ai totalement confiance dans ce public qui est connu pour ne pas être un public dérangeant, bien que le côté classique en ait peur et que cela ressorte dans les chroniques et articles de musique classique.
Donc à part quelques personnes qui vont rester debout dans les couloirs, la gestion va très très bien se faire et je mets toute ma confiance dans le public metal et s’il réagit mal et qu’il détruit tout, il n’y aura plus jamais ce genre d’évènement mais c’est impossible pour moi ! Je n’y crois pas une seule seconde.

Est-ce que tu as un prochain projet dans les tuyaux ?
Je n’ai rien d’autres de programmé pour le moment. Metal Opér’Art me prend beaucoup de temps et j’ai aussi l’actualité de mon groupe, PSYGNOSIS. On sort notre nouvel album deux semaines après. En ce moment, je jongle entre les deux !
Mais j’ai des idées. J’aimerais bien une deuxième édition du Metal Opér’Art. Je suis clairement attendue au tournant. La réussite de la soirée dépend de ma programmation. Ça s’annonce très bien, on a plus de 500 places de vendus sur une capacité de 630. J’aimerais que pour les éditions suivantes, on ait les 1100 places en capacité et pas 630 (premier étage et fosse) !
De mon côté, j’aimerais développer quelque chose sur d’autres opéras en France, peut-être un truc itinérant, j’ai deux ou trois idées. Je commence à l’annoncer publiquement parce que j’aimerais bien que ça se développe. J’ai ouï dire qu’il y a une volonté des opéras pour ce développement et je sais que cet événement est regardé de près.

Une chose importante à retenir ?
Oui, il y aura le streaming live sur Arte Concert et deux ou trois rediffusions. On voit qu’il y a un truc un peu exceptionnel qui se passe et je suis content que la musique metal commence à avoir une reconnaissance comme celle-là, et qu’elle mérite. Notre démarche est celle d’amoureux de l’art !


Quelques places sont encore disponibles à la vente  en billeterie. Pour plus de détails rejoignez la page Facebook de l'événement.
Retrouvez le METAL OPER’ART en streaming sur Arte samedi à partir de 17h55 !
HARD FORCE, partenaire de l’événement, tient à remercier chaleureusement Jérémy Tissier, qui a bien voulu céder un peu de son précieux temps pour réaliser cette interview et Elie Lahoud-Pinot pour sa collaboration.

Blogger : Fanny Larcher
Au sujet de l'auteur
Fanny Larcher
Photographe indépendante depuis 2009 dans toute la région nord-est, en Belgique et au Luxembourg, Fanny s'est mise à la recherche d'un web magazine cool (mais sérieux !) pour l'accompagner dans sa vocation. C'est chose faite depuis cette rentrée 2011 où elle a rejoint l'équipe de HARD FORCE !
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