Denier projet en date issu du cerveau fertile de Roman Saenko (DRUDKH, BLOOD OF KINGU, HATE FOREST, OLD SILVER KEY et un bon paquet d’autres), WINDSWEPT est plutôt du genre hostile. Comme l’affiche sans le moindre détour son black metal épique, glacé, intimidant qui vient piocher dans ce qui se fait de mieux à l’Est sans rechigner à toper quelques mélodies du côté de la Suède (DARK FUNERAL en tête de la shopping list). Et le bougre, au-delà d’afficher une certaine constance dans la qualité de ses productions a toujours le chic pour brosser des climats uniques. De ceux qui reflètent avec une force Slave empreinte d’une mélancolie palpable ces forêts majestueuses et sans limites, cette nature sauvage mais enchanteresse, cette touche unique et viscérale qui flotte aussi quelques frontières plus à l’Ouest, du côté de la Pologne, chez les collègues de MGŁA ou BATUSHKA.
Afin de mener à bien cette nouvelle épopée, Roman s’est entouré de ses deux acolytes habituels, Krechet à la basse, Vlad à la batterie (supersonique) pour délivrer en mode trio un album dans la grande tradition de ses aînés. Le résultat est là : une force de frappe intacte caractérisée notamment par du blast à profusion et une section rythmique déchaînée. Pas étonnant lorsque l’on apprend que « The Great Cold Steppe » a été enregistré et produit en trois jours. Oui, mesdames, messieurs : trois petits jours pour proposer une expérimentation « live » très convaincante, à peine trente-quatre minutes tassées en six longs morceaux. Conséquence logique de ce format, la fraîcheur et la spontanéité qui s’en dégagent sont indéniables et participent pleinement à l’appropriation sans trop de difficultés de cette bête conquérante qu’est WINDSWEPT.
Il ne reste maintenant qu’à voir la place que son leader donnera à cet énième projet, simple lubie passagère qui ravira les fans des premiers DRUDKH et HATE FOREST ou véritable formation amenée à perdurer ? Peu importe à vrai dire, pour une fois cessons de regarder trop loin et apprécions comme il se doit ce nouveau tour de force signé Saenko, qui balance ici son lot de riffs hypnotiques et de mélodies vengeresses à qui lui ouvrira bien grand ses esgourdes.