Pour faire patienter son public nombreux et impatient de découvrir un nouveau CD, semble-t-il bientôt, DIMMU BORGIR a pris le parti de sortir un album live du nom évocateur de « Forces Of The Northern Night ». Il est disponible depuis quelques jours sur de nombreux supports différents. Celui commenté aujourd’hui étant le double CD/Blu-ray, je ne m’en remets qu’au packaging que nous avons sous les yeux, force est de constater que les Norvégiens et Nuclear Blast n’ont pas fait les choses à moitié quant à la présentation de ce live. Le coffret est d’une grande classe bien que sobre, avec images en dégradé de gris, une procession de loups, des runes et, surtout, ce personnage central à l’apparence d’un Nazgùl tout droit sorti de l’œuvre de Tolkien. Il contient également un petit booklet avec des photos superbes des shows dont il est question dans cet album. Un bel objet donc.
« Forces Of The Northern Night » présente deux enregistrements de concerts donnés l’un en 2011 à l'Oslo Spektrum avec les musiciens du Norwegian Radio Orchestra, l’autre en 2012 au Wacken Open Air avec l’orchestre national Tchèque et la chorale Schola Cantorum (qui avait déjà œuvré sur l’album « Abrahadabra »). Autant dire qu’il y a du monde sur scène donc peu de place pour un décor éventuel, à part les énormes panneaux translucides à l’effigie de DIMMU BORGIR placés en avant de la scène et qui se lèveront en début de concert sur le morceau "Xibir". Mais cela ne gâche en rien la beauté de la prestation : le groupe, leurs vêtements et maquillage ainsi que la présence de centaines de musiciens forcent l’admiration et subliment le show. Et je ne ferai pas de distinction précise entre les deux prestations, quasiment identiques d’une part par les morceaux joués, d’autre part par l’ambiance qu’ils véhiculent, ma préférence allant quand même à la scène mythique de Wacken.
Le décor planté, ce sont 17 titres qui s’enchaîneront sans faille tout au long des concerts. La part belle est faite à l’album « Abrahadabra » joué presque entièrement dès le début du set. Puis, après un passage orchestral symphonique, majestueux et grandiose, DIMMU BORGIR s’attèlera avec ferveur, détermination et énergie à quelques morceaux de « Death Cult Armageddon » ainsi qu'à d'autres albums des années 2000. D’aucuns pourront regretter l’absence de titres des premiers disques, hormis "Mourning Palace", mais il est évident que les derniers en date sont plus propices à l’orchestration spectaculaire par les musiciens classiques. Néanmoins, personnellement, le show ne fait qu’augmenter en intensité, en frissons tout au long de son déroulement. J’avoue être plus fan de la période précédant « In Sorte Diaboli », d’où ma nécessaire préférence pour les morceaux de fin de spectacle. Mais il semble aussi que tout a plus de relief après la première heure passée. Les musiciens de l’orchestre et du chœur semblent moins coincés, les membres de DIMMU BORGIR sont plus dynamiques, Shagrath lui-même est plus présent et interagit davantage. Bref, c’est un concert sans aucune longueur, avec au contraire une gradation tout à fait intéressante dans la prestation. L’apogée étant, pour moi, le titre "Kings Of The Carnival Creation" qui arrive à point nommé après une pause orchestrale sur "Fear And Wonder" qui procure une vague d’euphorie misanthrope dans l’obscurité triomphante. C’est le début de la fin et tout s’accélère, les rythmes endiablés et les riffs saturés seront omniprésents en cette fin de concert, comme un retour aux sources. De bon augure pour le prochain album dont on dit qu’il sera plus proche des débuts de DIMMU BORGIR que des derniers sortis ?
Du raw black metal des débuts, DIMMU BORGIR a vite mis en place un black beaucoup plus symphonique et mélodique, dont il a été pionnier du genre, ou tout du moins qu’il a réussi à populariser pour en faire un style apprécié. L’évolution a certes été déconcertante sur les derniers albums avec une part non négligeable laissée à l’électronique et l’orchestration synthétique mais on ne peut nier que DIMMU est reconnaissable entre mille et que le groupe garde son charisme et sa prestance.
Ce live vient montrer toutes ses facettes, des plus symphoniques au plus metal, avec un son parfait et une mise en scène spectaculaire, le tout agrémenté de lights très beaux et enrobants. On pourrait penser qu’il s’agit d’un objet marketing destiné à relancer la carrière d’un DIMMU BORGIR un peu en dilettante ces derniers temps mais « Forces Of The Northern Night » est un réel objet de plaisir pour tout fan du groupe et pour les autres qui pourraient les découvrir sous les meilleurs auspices avec ces deux shows. Vous ne serez donc pas déçus de votre achat, en attendant quand même du nouveau, hein, parce qu’on est patients… mais pas immortels !
