
Les 6 et 7 mars 2012, RAMMSTEIN investissait le Palais Omnisports de Paris-Bercy (maintenant rebaptisé Accor machin-chose) pour donner, de l'aveu de nombreux fans (dont celui de votre serviteur), deux des tout meilleurs concerts de sa carrière. Ambiance de folie, show encore plus monstrueux qu'à l'accoutumée, musiciens concernés, toutes les conditions indispensables à des shows mémorables étaient réunies en ces belles soirées d'un "frühling" parisien pour le coup étonnamment précoce. Cinq ans (!!!) après, nous avons enfin droit au film (le terme n'est pas trop fort, mais j'y reviendrai) de ces concerts. Même si aucun doute ne planait sur le traitement réservé à ces deux représentations parisiennes (la présence de nombreuses caméras disséminées dans la salle n'avait pas échappé aux spectateurs, pas plus que celle, pourtant plus discrète, du réalisateur Jonas Akerlund), dire que « Rammstein: Paris » se sera apparenté à une arlésienne relève de l'euphémisme ! Un vraix-faux suspense qui aura pris fin l'an dernier seulement, lors de l'avant-première du documentaire au très mondain Festival de Cannes, avant d'être définitivement brisé lors de son lancement officiel en salles au mois de mars de cette année ! On savait que les Allemands n'en faisaient qu'à leur tête mais à ce point !
Alors, que nous réserve ce nouveau DVD de RAMMSTEIN ? Euh... de l'action ! Beaucoup d'action ! Jonas Akerlund, déjà responsable du remuant « Rammstein in Amerika » (filmé en 2010 et sorti... en 2015 !), aime enchaîner les plans. Au point qu'à la seule évocation de son nom, nombreux sont ceux qui sortent un tube de Nurofen, au cas où. À ceux-ci je déconseillerai vivement le visionnage de « Rammstein: Paris », son montage étant tellement intense qu'ils pourraient ne pas s'en remettre ! Et ce n'est pas le seul point clivant du DVD, malheureusement, car le sieur Akerlund a choisi de ne pas restituer les concerts tels qu'ils se sont déroulés. Vous avez dit "bizarre" ? Attendez la suite ! En effet, « Rammstein: Paris » est bourré de trucages (bluffants pour certains, il faut en convenir) et de plans tournés en studio ou lors de la répétition que le groupe avait donnée sans public. Ainsi, presque tous les morceaux se voient agrémentés de scènes délirantes et au final, donnent l'impression d'être des clips vidéo mis bout à bout (je n'ai pas dit "Bückstabü" !). Déroutant ! D'autant plus que chacune des chansons bénéficie d'une introduction particulière avec son titre s'affichant dans une police correspondant à son thème. Je vous laisse deviner celui de “Bück Dich”...
« Rammstein: Paris » ne doit donc pas se concevoir comme un DVD live. Pour cela, contentez-vous de l'édition 2 CD, elle fait trés bien l'affaire ! Non, « Rammstein: Paris » doit être vu comme une prouesse cinématographique, un tour de force technique censé reproduire, et même magnifier l'impression sidérante que laisse un show de RAMMSTEIN sur son public. Par conséquent, cette recherche de l'effet a de quoi décevoir celles et ceux qui, comme votre serviteur, étaient présents à ces concerts et voyaient là l'opportunité de se replonger dans l'ambiance de feu qu'était celle de Bercy ces 6 et 7 mars 2012. Surtout que Jonas Akerlund a complètement fait l'impasse sur le public ! Ajoutez à cela un traitement des couleurs pour le moins original et forçant sur le noir, et vous obtiendrez un véritable OVNI visuel. Ça plaira... ou pas ! Au rayon des excellentes surprises, sachez toutefois que les ralentis sur les effets pyrotechniques (et ils étaient encore plus nombreux qu'à l'accoutumée sur cette tournée "Made In Germany 1995-2011" !) sont époustouflants et représentent ce qu'il s'est fait de mieux à ce niveau dans toute la carrière vidéographique de RAMMSTEIN !
Il ne vous reste plus qu'à choisir votre camp : si vous désirez profiter d'un vrai concert de RAMMSTEIN confortablement installé dans votre fauteuil, ressortez plutôt « Volkerball » de l'étagère dans laquelle il traîne depuis des années. Si par contre vous voulez vous en prendre plein les mirettes en admirant un spectacle de R+ sans forcément le relier à un show en particulier, procurez-vous ce « Rammstein: Paris ». Personnellement, passée la première et déstabilisante surprise, j'ai choisi le mien.