Je ne vais pas écrire la chronique du dernier MISS MAY I.
Non désolé, je n'en ai pas envie. Après l'écoute du disque, après avoir vu nombres de confrères descendre gentiment un album pas assez violent à leur goût, je ne vois aucun challenge à démentir ou confirmer leurs propos. Quoique… on peut au moins s’interroger sur le pourquoi d’une attente systématiquement basée sur le côté hargneux des fans de metalcore.
Allez, écoutons et discutons tout de même de cette succession de titres singulièrement hétéroclites. Nous trouverons éventuellement une réponse à cette énigme.
Le titre éponyme fait une entrée fracassante. Batterie syncopée et basse folle, j'adore. Riffs lourds avec les breaks typiques du genre. Levi est bien hargneux, son chant crie l'absence d'espoir. Ben ça commence très bien. Des soli mélodiques, ben ça commence très bien. « There's nowhere to hide ». Tu m'étonnes !
Et hop un "Under Fire" rouleau compresseur, ils sont très en forme les loulous. Alors où est donc le problème ? Ils veulent se battre et ne pas baisser les bras. Fureur baignée de refrains tout en mélodies.
"Never Let Me Stay" ou la chanson de l'impuissance. Cette bouffée d'oxygène renvoie oui aux collègues tels BRING ME THE HORIZON, Car il faut respirer pour mieux exalter la souffrance de ne pouvoir contrôler ses sentiments. Ce n'est pas de la mollesse, mais une nécessité. On ne peut être en mode énervé sans prendre le temps de souffler.
Grosse surprise avec "My Destruction". Car là on croit entendre du death mélodique. Titre puissant s'il en est, on se demande ce qu'Angela Gossow fait en Ohio. Ah, les états d'âme Éric...
"Casualties" amène un début de réponse : une jeunesse se meurt en voyant disparaître ses repères. L'impuissance, encore. Dans "Crawl" c'est la sensation de solitude qui est abordée. Cette jeunesse, cette graine de violence des années 2000, c’est leur histoire que l'on vit au travers de l'évolution de leurs albums.
Donc oui affirmons le, le metalcore n'est pas un genre musical ! Il s'agit plutôt du témoignage musical d'une génération. Nous les avons entendu hurler leur rejet d'un avenir imposé dans un monde qui n'est pas façonné pour leur plaire, D'album en album ils ont cassé les briques du mur que l'on voulait construire autour de leurs rêves. Combat vain, ce qui le rend d'autant plus noble. Adolescents rageux, aujourd’hui adultes réalistes.
Certes vous me direz que ce phénomène ne date pas d'hier. Toutefois quand les flamands étaient roses nous avions la liberté de nous refugier dans des paradis artificiels, de s'évader dans la dérision. Aujourd'hui l'histoire du temps est "brève". L'amour est froid et numérique, les refuges sont trop virtuels. Et même la mort n'est plus une inconnue ("Death Knows My Name").
Les derniers titres traînent derrière eux, de par leurs riffs arrachés avec peine, l'impression d'être perdu dans le noir. Nous sommes en présence d’un esprit de révolte qui n’a rien pu changer, mais l'absence d'acceptation rend ses jeunes devenus vieux tellement aigris.
MISS MAY I ou l'un des nombreux porte-paroles d'une génération pleine de regrets et de tristesse ("My Sorrow"). Pour peu que l’on prenne le temps, voici un album puissant au propos profond.
Voilà mon hypothèse, hypothèse née dans des riffs moins hargneux que les albums précédents, mais toujours aussi nihilistes. Au lieu d'un courant musical nous avons l'expression métallique d'une attitude. Les "coreux" sont définitivement des non-assimilés, des asociaux. Des rebels without a cause. Le metalcore n'est pas mort, il n'a jamais existé !