20 juin 2017, 9:32

DECAPITATED

• "Anticult"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Anticult

S'il est une chose actée au sujet des quatre polonais de DECAPITATED, c'est bien leur aptitude à évoluer. Les albums se suivent et ne se ressemblent pas, du brutal death technique et virulent qui faisait tout le charme de leur première galette sortie en 2000, « Winds Of Creation », qui reste encore aujourd'hui un mètre-étalon en la matière à ce septième album, « Anticult » et son metal moderne et dissonant, il y a un monde. Bon, si ma mémoire ne me trahit pas, les bougres avaient à peine dix-huit printemps au moment de la sortie de leur première oeuvre, alors forcément de l'eau a coulé sous les ponts pendant tout ce temps. L'année 2007 restant l'annus horribilis pour le groupe avec ce terrible accident de camion survenu dans la nuit du 2 novembre sur le trajet le conduisant en Lituanie. Une nuit maudite qui a pris à jamais le batteur Vitek et a failli en faire de même avec le vocaliste, Covan. Mais Vogg, infatigable leader et dernier rescapé du line-up originel a choisi de continuer l'aventure, après un passage éclair chez les cousins de VADER. Grand bien lui en a pris puisque le groupe reste une référence en matière de déflagration auditive. Punitive, oui, aussi.

Une référence qui a toujours pris le temps de progresser à son rythme sans jamais se lancer dans une OPA brutale sur un style plus en vogue, ce n'est pas le genre de la maison. Non, il a préféré affiner dans l'ombre, année après année, son death metal initial en lui ajoutant une dimension power-thrash écrasante et des dissonances du meilleur effet. Il ne faut d'ailleurs pas bien longtemps pour se rendre compte que sur ce dernier album, la recette reste toujours aussi efficace. En témoigne ce brulôt d'ouverture, "Impulse", qui ouvre les hostilités sans ménagement... et embarque l'auditeur dans de vraies montagnes russes de rythmes et d'ambiance, méli-mélo de riffs dissonants et malicieux annonçant un final haletant. Le quatuor est en forme et ça s'entend, "Deathvaluation" et "Kill The Cult" balancent la purée comme un jeune premier sur sa promise, sans gants ni protection. Des rythmiques maousse costo qui vont faire chavirer les moshpits : allez on tombe le marcel, on bombe le torse et on envoie les moulinets ! Avant de repartir de plus belle sur ce qui est à mon sens le summum du disque : "One Eyed Nation" où Vogg écrabouille sans ménagement les esgourdes avec ses riffs rondouillards, d'une précision redoutable et le batteur Mlody avoine tel un bûcheron en manque de sève fraîche. Quant au vocaliste Rasta, celui-ci demeure toujours d'une puissance indéniable dans ses vocalises haineuses : c'est du tout bon ! Il est d'ailleurs à la fête sur le duo "Anger Line" et "Earth Scar" qui lâche un metal juteux et truculent, synthèse puissante et judicieuse d'un power-thrash finaud gorgé de leads croisant le fer avec un death moderne et heavy en diable. Pas de doute sur la qualité : ça latte dur et dans tous les coins avec une prédisposition pour le riffing mitraillette. A peine le temps de baisser la garde que "Never", déjà dévoilé il y a quelques semaines, ne vienne finir les basses besognes sans ménagement. On en vient presque à saluer cet "Amen" final, mid-tempo meurtrier qui prend des allures de brise-ratiches tant la fondue de plomb qu'il balance est heavy.

Doté d'une production en béton armé, qui ne tombe pas pour autant dans l'agression stérile, cet « Anticult » à la pochette explicite ravira aussi bien les fans d'une version musclée des derniers FEAR FACTORY et MESHUGGAH, voire GOJIRA, que ceux et celles à la recherche d'un death/thrash moderne et affûté. C'est carré, ça claque et ça dure trente-sept minutes, pile-poil ce qu'il faut pour titiller les cochlées avec doigté !

Un doigté et un savoir-faire que revendiquent haut et fort le quatuor polonais, qui n'a pas complètement tourné le dos à ses premières inspirations ("Anger Line" et "Earth Scar" garantiront d'ailleurs leur lot de sensations fortes aux amateurs de violence éclairée !), en témoignent ces solos démoniaques et ces breaks à faire bouger les popotins les plus flasques !
Non, DECAPITATED reste toujours et encore cet artisan dévoué à la cause metal, minutieux et précis : un véritable gage de qualité. Et pour un bout de temps encore, à n'en point douter...

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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