19 juillet 2017, 19:10

STONE SOUR

• "Hydrograd"

Album : Hydrograd

Un nouveau STONE SOUR est arrivé. Bon, ça tout le monde le sait. Les questions et clichés fusent : il est comment le successeur de l’introspectif « House Of Gold And Bones » ? Le groupe a-t-il encore quelque chose à raconter, le son est-il violent ou posé ?

Essayons de sortir des sentiers battus. Novateur ou non, bourrin ou guimauve, sont-ce là les bonnes questions, la bande à Corey nous transporte-t-elle encore ou non ? C'est l'été, je glisse le disque argenté dans ma platine. Mes oreilles s'ouvrent à une invitation au voyage. Rendez-vous nous est d’abord donné dans un vieil aéroport désaffecté de l'ex-union soviétique, un clignement d’œil et nous sautons à bord de l'Antonov STONE SOUR, direction la ville imaginaire d'« Hydrograd ».

Première étape, une ouverture instrumentale de long métrage qui annonce un long périple. Puis le morceau "Taipei Person/Allah Tea", au titre faussement Allah-rmiste, juste humoristique, jeux de mots sur type of personality. Une attaque très rock alternatif à la guitare, une éructation de Corey, suivie de la deuxième guitare plus légère, le tout papillonne autour d'un morceau qui avance en s’accélérant. Et quand le tout s'emballe nous sommes pris dans un canevas vivant et rythmé. C'est l'occasion d'apprécier à sa juste valeur les prouesses de Roy Mayorga. Ce batteur est trop méconnu. Vient un break, et des riffs thrash interviennent. Dieu que c'est bon. Le groupe assume et intègre ses influences célèbres.

Vite, passons la deuxième porte... "Knievel Has Landed". Un titre qui faillit être censuré car ironisant sur la fin tragique d'un sportif célèbre. Le rythme est plus sec, la voix agressive est tempérée par des chœurs. Des chœurs souvent utilisés dans cet album, de manière délicieuse. Nous avons à présent l'occasion de savourer la basse de Johny Chow. Je ne l’ai pas mentionné, Christian Martucci le dernier arrivé est parfaitement intégré dans la bande. On sent de multiples inspirations, musicales et temporelles. Mais c'est avant tout jouissif.

Le morceau "Hydrograd" contient de nouvelles influences : l'Antonov prend des allures de zeppelin et poursuit son odyssée. La succession de morceaux est déroutante car ils partent en tous sens, mais si le groupe se fait plaisir il n'oublie pas de nous servir des mets de choix. C'est de l'entertainment pur. Les soli de Rand et Martucci sont magnifiquement poussés. Nous sommes dorlotés sur STONE SOUR Airlines. « This hell is nothing new ».

"Song #3" et "Fabuless" vous connaissez évidemment ? Du pur rock'n'hard. Un son de caisse des années 80, une ambiance de carte postale, soleil électrique comme dans les clips de ces mêmes années. S'il faut analyser cet album, oublions la comparaison avec les derniers albums. Car je n'y trouve aucune continuité, aucun concept particulier. Puis, je repense aux EP de reprises sortis les années passées. Et oui ! Les racines d’« Hydrograd » s'y trouvent. STONE SOUR puise dans ces groupes originels le carburant qui fait voler si haut notre vieux coucou. Un peu de ROLLING STONES, des riffs du BIG FOUR, des mélodies et soli nés à Seattle, une attitude bad boy et CRÜE... Voilà l’essence d’« Hydrograd ».
« It's only rock n roll and I like it! » scande le fabuleux "Fabuless". Les portes s'ouvrent les unes après les autres. Notre vol prend de l'attitude.

Sans citer tous les titres, retenons "The Witness Trees", un écho de la grunge attitude. Un hommage aux arbres hurlants ? Nous avons des curiosités, "Rose Red Violent Blue (This Song Is Dumb & So Am I)" sapée en dandy pop indie, "St. Marie", aux accents country si réussis que de la Russie nous faisons escale dans un bar qui a dû régaler cash l’ami Johnny. Il y a même du hardcore dans "Whiplash Pants".

Honnêtement difficile de crier au chef d’œuvre. ce n’est pas un album raté, loin de là. « Hydrograd » comme la ville imaginaire du même nom est une chimère, une envie de STONE SOUR d’expérimenter, de créer des golems à partir de l’argile des monstres musicaux de notre enfance. Il me faudra du temps pour faire miennes toutes les sonorités de cet album si riche, si non conventionnel. Toujours est-il que cette track-list éclectique est d’ores et déjà le choix qui s’impose pour partir sillonner les routes de vos vacances, pour vivre un voyage sensoriel exceptionnel.

Tiens, je repense à l’image des golems, des êtres hybrides… dis-moi Corey, dans cet aéroport russe, tu n’aurais pas mal lu ? Ne serait-ce pas plutôt "Hybridgrad" ?

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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