Il faudra qu’on nous explique un jour l’intérêt de sortir des versions "concert" des albums studio à chaque fois. Mis à part de permettre aux labels de s’en mettre plein les fouilles à moindre frais, évidemment ! Il faudra qu’on nous explique également l’intérêt de sortir un live sans aucune réaction du public ni aucune interaction avec lui (ou si peu)…
Parce que dans le cas de « Coma Ecliptic: Live », capturé en octobre 2016 à l’Observatory North Park de San Diego, les rares sifflements ou applaudissements de la foule passent à l’évidence bien loin après la qualité suprême de la performance. Performance sans doute retouchée tellement le son est impeccable, tellement les notes sont jouées à la perfection. Presque aucune anicroche audible, pas même un petit larsen, un léger pli dans la moquette.
De quoi attirer la suspicion, non ?
D’ailleurs comment ne pas conseiller à BETWEEN THE BURIED AND ME d’enregistrer directement leur prochain disque studio en concert ? Cela réduirait les frais pour un niveau de son équivalent ! Sérieux, c’est le genre de production de premier de la classe qui donne de l’urticaire et qui remet en question la franchise de la démarche.
Alors pourquoi ?
On pourrait légitimement penser à un complexe de supériorité. C’est vrai que mélanger dans sa musique la folie d’un MR BUNGLE avec les rythmiques complexes à la DREAM THEATER ou des passages jazzy, ça fait légèrement élitiste ! Il y a de quoi avoir les chevilles qui enflent. Il y a de quoi vouloir montrer au monde sa suprématie en peaufinant son live plus que de raison et de le rendre parfait. Trop parfait. On pourrait penser également à une forme de nombrilisme d’un groupe renfermé sur lui-même, une forme d’autisme imposée par une concentration extrême sur son travail et sur le rendu de son travail qui le rendrait sourd aux choses les plus élémentaires : par exemple un live : ça se fait avec des gens ! On pourrait penser à un mixage raté à la Lars Ulrich aussi qui aurait volontairement baissé la piste dévolue au public comme il l’a fait faire pour les parties de basse de Jason Newsted sur « ...And Justice For All ».
Un intérêt bassement mercantile peut-être ? C’est pas comme s’ils nous avaient déjà fait le coup avec l’album « Colors » ou « Future Sequence » par exemple (rire narquois). Il n’y a qu’avec « Alaska » que la formation de Caroline du Nord n’a pas pondu de live mais une version instrumentale. Remarquez, c’est le bon plan : sortir un album studio puis sa version live, sa version instrumentale, sa version remix et sa version live acoustique pour vendre 5 fois le même album aux mêmes pigeons !!! Mais passons...
On retrouve ici l’intégrale du cosmic opera « Coma Ecliptic » comme son nom l’indique, soit 11 titres dont les excellents "Node" ou "The Coma Machine" et son refrain imparable. Aucun intérêt donc sauf celui de l’avoir en DVD/Blu-ray pour jouir du spectacle visuel avec un super son DTS 5.1.
Mais attendez… Voilà pourquoi le son est si propre ! Pour jouir d’un son maximisé sur son canapé et profiter du spectacle !
Aaaah… Rien à voir avec tout ce qui a été dit avant ? Nous voilà rassurés !
Dommage quand même de l’avoir sorti en format CD, ça ne s’imposait finalement pas... sauf d’un point de vue mercantile. Un CD exempt du moindre bonus : pas de ghost-track planqué à la fin après 5mn de silence, pas d’invité surprise, même pas une petite reprise pour amuser le public ! D’ailleurs faire chanter les fans, ça ne leur a même pas traversé l’esprit non plus. Quand on pense que l’interaction avec les spectateurs se résume à une seule intervention au bout de 20mn de concert, ça fait quand même juste pour un album live, non ?