4 septembre 2017, 8:44

Dave Hlubek

• Boogie No More...


Cela vous est-il déjà arrivé de pleurer à un concert ?
Pas le petit frisson ou l'émotion de voir un artiste dont on rêvait depuis longtemps.
Non, de pleurer vraiment de tristesse ?
L'une des rares, sinon la seule fois pour moi, ce fut le 7 septembre 1979 au Théâtre de l'Empire Wagram pour le concert de MOLLY HATCHET.
Surplombant du balcon la salle, je me rappelle avoir passé quelques longues minutes à me remettre d'un incident qui avait failli me gâcher tout le concert.
Il faut dire que j'avais bravé tous les risques, usant du culot de mes 13 ans pour passer un magnétophone-enregistreur au nez et à la barbe de la sécurité qui ne m'avait pas fouillé.
Ahhh... l'innocence de l'âge !
Ça avait marché une première fois quelques mois auparavant pour Johnny Winter et J.GEILS BAND, alors pourquoi pas là ?
Et puis, le southern rock, c'était obsessionnel et il me fallait tout : disques, live pirates, magazines. Une vraie passion.


L'émission Chorus, présentée par Antoine de Caunes, nous donnait l'occasion de voir des groupes anglo-saxons dans des conditions idéales : 20 francs la place (soit à peu près la moitié du prix d'un 33 tours vinyle de l'époque), il aurait été criminel de ne pas en profiter... et si on pouvait en ramener un petit souvenir, c'était le bonus-chorus.

Mon magnétophone, sous-marque improbable, qui enregistrait en mono, était une sorte de gros bloc carré que j'avais déjà customisé 10 fois : comprenez tellement ouvert pour le réparer que le clapet de chargement de la cassette n'existait plus, tant et si bien qu'une fois les premières secondes du concert entamées, la cassette commença à se débobiner sur mes genoux à ma plus grande stupeur.
Père et frère purent voir sur mon visage que quelque chose n'allait vraiment pas. La fête était finie et je finis par sangloter, assis dans mon coin, sans savourer ce qui se passait sur scène.

Mais ce qui se passait sur scène, justement, décorée du backdrop de l'oeuvre culte de Frazetta, c'était inimaginable pour ceux et celles qui n'avaient jamais pu applaudir un représentant du sud live. Cela faisait à peine deux ans que SKYNYRD avait été fauché, nos espoirs de les voir aussi, et le rock sudiste se faisait denrée rare dans nos contrées.
 

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Deux albums en poche, des titres puissants comme "Flirtin' With Disaster", "Dreams (I'll Never See)" repris aux ALLMAN BROTHERS et dynamité, "Big Apple", "Gator Country"...
Même contrarié, il aurait fallu que je sois de marbre pour ne pas me laisser envahir par le show du groupe de Jacksonville. Aux trois-quarts du set, mon père se lève et décide qu'on devrait apprécier la suite là où nous aurions dû être depuis le début, c'est à dire debouts et au premier rang. Et nous voici plantés dans cette fosse survoltée, sur le côté gauche, face à Dave Hlubek, pendant le morceau de bravoure "Boogie No More". Le gars était hypnotisant : un look de tueur, la même tenue de clope dans la main droite que Gary Rossington, entre le majeur et l'annulaire, et cette grosse bagouse turquoise...
Avoir cette guitar army plantée en avant de scène comme un peloton d'exécution brandissant ses Gibson et Fender, c'était purement magique.
 

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A cet instant, dans mes yeux d'adolescent, ce mec s'était hissé au rang des héros du mouvement musical sudiste, rejoint plus tard par d'autres figures extraordinaires comme Rickey Medlocke avec BLACKFOOT, par exemple. Il n'existe plus qu'une vingtaine de minutes engistrées de ce concert intégralement filmé dans les archives de l'INA.
Qui sait où est passé le reste, notamment son final flamboyant ?
Dans la malle aux trésors du réalisateur Don Kent ou jeté depuis longtemps dans une benne à ordures de la SFP ?
Hier, à l'annonce de la disparition de Hlubek, je me suis justement dit qu'à l'exception de Steve Holland, tous ces musiciens ne sont plus là aujourd'hui. 
Alors, à défaut d'avoir ramené un bootleg incroyable du concert parisien, il reste pour ceux qui y étaient des impressions en tête qu'aucune photo ou enregistrement sonore ne pourrait remplacer.
Ceci étant, Don Kent, si vous m'entendez...

Blogger : Christian Lamet
Au sujet de l'auteur
Christian Lamet
Christian Lamet est réalisateur, journaliste et producteur pour la télévision et le multimédia...entre autre. Fondateur en 1985 du magazine HARD FORCE, il en a été le rédacteur en chef durant ses quinze années de parution en kiosques. Depuis, l'aventure HARD FORCE a repris en 2008 sur le web, devenant ainsi le plus ancien média metal en France toujours en activité encore mené par son fondateur. Christian est également producteur et réalisateur de l'émission METALXS et créateur du media digital HEAVY1 en partenariat avec LIVE NATION FRANCE.
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