14 septembre 2017, 16:19

EISBRECHER

• "Sturmfahrt"

Album : Sturmfahrt

Petite séance de rattrapage pour les fans de metal industriel. Vous vous languissez du prochain album de RAMMSTEIN ? Bonne nouvelle, depuis des années de l’autre côté du Rhin ça martèle sévère niveau rock à l’usine, et on ne porte pas le bleu de travail que dans la Ruhr. Il y a OOMPH !, MEGAHERZ, STHALMANN et plein d’autres.
Il y a aussi EISBRECHER, dont voici le nouvel album, « Sturmfahrt ». EISBRECHER rappelons-le est composé de deux transfuges de chez MEGAHERZ, donc pas des manchots ces briseurs de glace !

"Was Ist Der Los ?", oui, qu’est-ce qui se passe ? Ben, ça démarre par une charge rythmique hypnotique et des riffs lancinants. Le contexte ? Une peinture d’un monde médiatisé à outrance, cynique et sarcastique. On parle des charlots des temps modernes, vous me suivez ? Le ton de l’album est donné, le mariage de l’electro et du metal, appuyé par un "Besser" raillant ironiquement les amis qui nous veulent trop de bien, titre qui se déhanche avec une structure punkisante façon OOMPH ! C’est bien sympathique et varié cette ouverture. « Du bist die Lüge meines lebens » : « Tu es le mensonge de ma vie », tout est dit.

"Sturmfahrt" est un superbe ambassadeur de la culture metal indus, riffs bien lourds et entêtants, portés par une voix que Fritz Lang aurait pu chercher pour coloriser son Metropolis…
La surprise, l’envie de diversifier la musique sur la chaîne de montage vient avec "In Einem Boot". Audacieuse est cette reprise de la bande-son du film mythique Das Boot. Nos amis briseurs de glace s’improvisent à merveille sous-mariniers, et nous servent une odyssée electro-industrielle bien profonde et du plus bel effet.

Après un "Automat" martelant un son artificiel d’un autre âge, déboule une autre reprise (de risque) avec "Eisbär", morceau culte que les clubbers des eighties n’ont pas oublié. Là aussi c’est la surprise totale, EISBRECHER s’approprie le titre avec brio. Plus qu’un hommage, le groupe brise la barrière temporelle, libère l’ours polaire et le fait groover sur le dancefloor. Passez-vous le en boucle et vous vous prendrez pour un derviche tourneur !

L’esprit des années 80 s’ancre à notre bateau à partir de là. "Der Wahnsinn" et "Krieger" font virevolter les guitares à la façon d’un KILLING JOKE. Mais nous n’avons pas droit qu’à de l’electro-rock mixé. "Das Gesetz" est un morceau fou et léger aux accents rock'n'roll brillants, une chanson qui bombarde tel un B52. Si on ignore réellement vers où on se dirige avec cet enchaînement de titres variés, on va très loin, preuve en est ce "Wo Geht Der Teufel Hin". J’ai mis une journée à me creuser la tête pour finir par saisir que cette palette de couleurs new wave me rappelait furieusement le "Running Up That Hill" de Kate Bush ! Dingue comme ce disque vogue sur toutes les mers. Et avec un mixage aux petits oignons le U-Boot EISBRECHER voyage jusqu'à l'illumination de tous nos sens.

Quel album. EISBRECHER est plus que le simple ambassadeur d’un genre.  Ce groupe bavarois est aussi bavard qu'une concierge qui garderait l'immeuble de nos souvenirs, avec son propos mariant les époques et les genres. Voilà un groupe moins froid que son nom le sous-entend… et s’il brise les glaces notre EISBRECHER, c’est plutôt celles des miroirs du temps. C’est exquis comme parfum… de glace !

Vous l’aurez compris, amateurs d’indus, ne ratez pas cet album. Ceci est la digne offrande sonore d’un groupe à notre service. En conclusion écoutez ces paroles révélatrices de "Herz Auf" :
« ich bin immer für dich da, weil ich dich liebe » : «  Je suis toujours là pour vous, parce que je vous aime ». Simple mais sincère, à cœur ouvert.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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1 commentaire

User
Véronique Passos
le 14 sept. 2017 à 22:47
superbe chronique, merci !
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