STÖMB. Et même pas mal.
Derrière cet intrigant patronyme qui prêterait à nombre de jeux de mots plus ou moins vaseux se cache un quatuor parigot officiant dans un metal progressif et instrumental de première classe. Quatre larrons qui traînent leur bosse depuis à peine cinq ans certes, mais quatre larrons particulièrement prolifiques puisque ce « Duality » est déjà leur troisième réalisation, après un premier EP, « Fragment », paru en 2013 puis un album au titre prémonitoire, « The Grey », sorti en 2015. Deux disques qui indiquaient déjà un certain potentiel pour un style riche, raffiné et mélancolique.
Et le premier constat qui saute aux esgourdes sur ce nouvel EP est que malgré sa (relative) jeunesse, STÖMB est bien loin d'être un novice en la matière : que ce soit dans la structure de ses compositions, l'alternance de rythmiques dures et de parties calmes, la basse, clinquante, ou les quelques solos de toute beauté, tout fleure bon ici la qualité ma brav' dame. Parce qu'entre nous, ce metal instrumental sombre, aérien, presque mélancolique est avant tout une histoire d'atmosphères, de celles éthérées et méditatives, qui se dévoilent avec justesse au casque et confortement drapé dans le silence. TOOL qui fait la nique à KARNIVOOL le tout sous l'œil bienveillant de CULT OF LUNA ? Ouais, quelque chose comme ça. Mais bien plus encore.
Il ne faut d'ailleurs que quelques instants à "Dark Admirer", superbe "introduction" de plus de sept minutes pour synthétiser toute l'étendue du talent du quatuor. Une véritable fresque aux contours multiples, une sombre montée en puissance rythmique au son tranchant qui honore des guitares bien lourdes et pourtant délicates. "A Voice In My Head" laisse à peine le temps de souffler que l'on se fait happer par la doublette "We, The Duality" / "The Red Way" qui balancent mélodies poignantes sur riffs parpaings, le tout servi avec précision par un bassiste redoutable et un batteur aux abois. Timber ! "The Other Me", nourri par un texte de toute beauté déclamé avec gravité, n'a plus qu'à préparer le terrain pour un final dantesque annoncé par "Contemplation Of The Cold", qui reste à mon sens le point d'orgue de ce disque. Quelques pincées d'électro discrètes, un piano lointain mais bien présent, une guitare aérienne qui caresse autant qu'elle enivre, des rires de gamins qui se perdent en écho, oui, tout les ingrédients sont bien là pour vous tirer une larmiche ! Quand on vous dit que le metal est avant tout une histoire d'émotions...
Des émotions également palpables dans cet artwork de toute beauté signé Trëz, qui partage ici son trëma avec STÖMB, incarnant avec justesse cette fameuse dualité mais aussi dans la production maousse costo qui souligne chaque détail avec doigté, un vrai travail d'orfèvre modelé par Andrew Guillotin (Hybreed Studios).
Pas besoin d'en rajouter, vous l'aurez compris : « Duality » est un disque qui STÖMB à pic !