25 septembre 2017, 12:49

BLACK COUNTRY COMMUNION

• Interview Glenn Hughes

Un malentendu entretenu par les médias qui auraient attisé un conflit imaginaire entre les membres de BLACK COUNTRY COMMUNION. Voici un peu le message que Glenn Hughes, chanteur et bassiste émérite dont on ne rappelle plus le parcours, décide de nous faire passer lorsqu'on évoque le malaise suscité par l'absence de tournée après "Afterglow" et un flottement entre Joe Bonamassa et lui. Bien décidé à ne plus regarder le passé, profitant de l'instant, Glenn nous présente "BCCIV", quatrième volet discographique et signe encourageant d'une nouvelle communion qui se concrétisera peut-être, un jour, en une nouvelle tournée.

[Photos Neil Zlozower/Mascot Records]


Il y a quelques années, il nous a vraiment semblé que l'ambiance n'était pas au beau fixe entre Joe et toi. Nous avons été témoins d'une sorte de malaise entre vous qui n'a fait que générer de la frustration et de l'amertume chez les fans.
Glenn Hughes : Je pense que la plupart de la frustration et de l’amertume est directement venue de la presse, tout simplement parce qu’il y avait du silence de notre part. Du silence, parce que le groupe a pris un break et qu’il n’avait aucune perspective de tourner. Il y a eu silence parce que c’était une nécessité de rester silencieux et qu’il n’était aucunement approprié de commencer à bavarder, parce que je suis aussi le seul qui parle à la presse. Mais ça, c’était il y a déjà bien longtemps. Et en fait, j’avais le sentiment que nous nous retrouverions à un moment donné. Et là, nous avons senti que c’était le moment idéal pour le faire.

On a tout de même l'impression, vu de l'extérieur, qu'il y a une sorte de déception par rapport à la promesse de départ autour du projet.
Glenn Hughes
: Alors, laisse-moi être très clair à l'attention de tout le monde. Avant que le groupe ne se forme, Joe et moi étions déjà en train de commencer une collaboration ensemble. C'était en 2009. Et Joe m’a dit, très gracieusement : «Je suis un artiste solo, je construis les fondations de cette carrière et je serai toujours un artiste solo. Tout ce que je peux faire à côté, ceci ou cela, sera toujours secondaire». Je lui ai dit que je comprenais parfaitement. Alors, à travers tous les albums que nous avons enregistrés, mon esprit me rappelait Joe disant : «Je suis un artiste solo - et je serai toujours ce mec-là». Alors quand BLACK COUNTRY COMMUNION s'est trouvé dans l’impossibilité de tourner, je devais toujours me rappeler ce que Joe me disait - et moi de me raisonner dans ma tête en me disant : «Je comprends». Mais... Puisque les albums que nous avions réalisés étaient si bons, peut-être devrions-nous tourner un tout petit peu plus ? Mais Joe avait déjà planifié ses shows en solo. Alors là, on devenait... «aaaaaaargh» ! C’était amusant, c’était fou, mais les gens pensaient que nous nous disputions, mais ce ne fut jamais le cas. Alors après «Afterglow», lorsqu’il n’y a pas eu le moindre plan de tournée, j'ai dû faire quelque chose d’autre. Et Joe s'en est retourné à sa carrière solo, en faire davantage, avec Beth Hart, et moi j’ai formé CALIFORNIA BREED avec Jason - et c’était très intéressant aussi.
 


Sur ce disque, on trouve des thèmes qui te sont très chers. Je pense notamment à "The Cove" et l'une des causes dans lesquelles tu es très investi.
Glenn Hughes
: «The Cove»… Pour cette chanson je voudrais que les gens lisent les paroles lorsqu’ils l’écoutent. «The Cove» parle d’une petite communauté au Japon qui, entre octobre et mars, tue des milliers de dauphins. Ils les tirent jusqu’à une anse et les massacrent brutalement. Je suis impliqué dans «The Dolphins Project». Ils nous ont donné des images d’archive pour que nous puissions les utiliser dans notre vidéo. Je suis végétarien et je suis très très actif dans la défense des animaux, trouver des foyers pour ceux qui sont perdus. La tristesse dans ma voix que j’éprouve pour ces animaux, ces dauphins, dans cette chanson… toute ma vie est dans cette chanson. Je veux me rendre utile et éduquer les gens sur comment je ressens les choses à propos de la vie. Et la mort. Quand mes parents sont décédés… si je n’avais pas arrêté de boire et de prendre des drogues, je serais mort. Mais lorsque eux sont morts, je devais être fort. Je ne savais pas comment, je ne savais pas comment survivre ni même respirer lorsque ma mère est partie. Lorsqu’elle m’a laissé, je ne savais pas comment agir. Mais il fallait que j’aille chanter cette nuit-là. Et j’ai juste continué à vivre. Et tout cet album est interprété juste après sa mort. Je ne vous demande pas de la compassion, mais je veux juste que vous sachiez que cet album a été chanté avec deux personnes, mon père et ma mère… leur mort… mais je suis toujours ici. Et je dois porter ce message d’amour. 
 

Je veux juste que vous sachiez que cet album a été chanté avec deux personnes,
mon père et ma mère… leur mort… mais je suis toujours ici.
Et je dois porter ce message d’amour. 
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Glenn Hughes


J'imagine que certains t'ont déjà dit que le riff qui introduit "The Crow" et revient dans le morceau faisait étrangement penser à celui de "Bombtrack" de RAGE AGAINST THE MACHINE...
Glenn Hughes : Crois moi, lorsque nous avons écrit ça, je me suis dit : «J'ai déjà entendu ça quelque part» ! Et je me suis dit : «oh merde... Tom Morello». Alors on l’a changé un petit peu, mais pas tant que ça. C’est évidemment associé à RAGE, mais… nous adorons tous RAGE AGAINST THE MACHINE… mais soyons clairs : on emprunte tous à quelqu’un d’autre. Vous pouvez en parler à McCartney ou à Mick Jagger, on se pique tous des idées. «The Crow» est un super morceau. Je me suis demandé si on allait pouvoir s’en tirer comme ça. Je ne fais pas du rap ou quoi que ce soit de ce type, donc on l’a emmené bien ailleurs, et on en a changé le groove. Mais on ne peut nier que c’est indiscutablement quelque chose que tu as entendu avant.
 


Tu te doutes, tout comme il y a 5 ans, la question incontournable de l'après-sortie d'album, c'est de savoir si, oui ou non, on vous reverra sur scène...
Glenn Hughes : Tout ce que je peux dire c’est que je ne peux rien annoncer de plus aujourd’hui, mais nous espérons pouvoir organiser des concerts, et certains sont déjà bookés ; mais alors que nous parlons aujourd’hui, et au moment où les gens pourront voir cela, s’il y a une opportunité, lorsqu’une fenêtre sera ouverte, lorsque les gens seront disponibles, il y aura alors une chance de revoir ce groupe une nouvelle fois. Mais ce que je ne peux pas faire, c’est d’être furieux ou en colère, parce que je ne peux pas en parler à ce moment précis, et je suis juste heureux que nous ayons pu faire un album avec Joe, Jason et Derek - et nous n’avons qu’une envie c’est de jouer live. Ce serait un crime si nous ne pouvions pas jouer live ! Parce que même l’album nous dit : « Jouez en concert ! » 
 

Ce serait un crime si nous ne pouvions pas jouer live !
Parce que même l’album nous dit : 
«Jouez en concert !»
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Glenn Hughes


De ta carrière impressionnante, quels sont les jalons essentiels qui ont fait de toi ce que tu es aujourd'hui ?
Glenn Hughes
: Mon groupe TRAPEZE m’a donné les fondations alors que je n’étais qu’un adolescent. Lorsque TRAPEZE a démarré nous jouions devant dix personnes en 1970, et lorsque j’ai quitté le groupe en 1973, nous jouions devant 10000 personnes, en tête d’affiche. Puis, j’ai rejoint DEEP PURPLE. TRAPEZE représente donc les fondations de qui je suis, le frontman chanteur et bassiste qui a rejoint DEEP PURPLE. Ca a été ma plus grosse influence. PURPLE a été un super groupe pour moi. Mais, il y a avait tellement de leaders, et tellement d’égos, et tellement d’enjeux dans l’ombre, et tellement de choses qui étaient folles - les drogues par-ci, les filles par-là, et rajoute le whisky… c’était OK. Les gens se souviennent de DEEP PURPLE, mais ce n’était pas une super famille. Mais la musique était bonne. TRAPEZE était bien meilleur pour moi. David Bowie, qui a vécu avec moi un moment au milieu des années 70, a eu une énorme influence sur moi : il m’a coupé les cheveux, déchiré mes vêtements, j’ai pu le voir enregistrer un album, et faire un film. Il m’a dit de continuer à changer, d’évoluer, d’arrêter d’écouter Stevie Wonder et de commencer à écouter d’autres personnes. Et ça m’a aidé à me permettre de changer. Et puis j’ai bossé avec Iommi, et j’ai changé à nouveau, puis avec KLF et ça a été complètement différent, et tout ça m’a mené à bosser avec Joe, avant que nous ne commencions BLACK COUNTRY COMMUNION - et ça a été énorme pour moi. Ca a été une aventure incroyable. Je fais ça depuis cinquante ans maintenant.
 

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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