
Il y a des groupes indémodables, intemporels et SATYRICON en fait partie. Icône de la scène black metal norvégienne, chaque nouvel album est attendu avec autant d’espoirs que d’impatience. Presque 25 ans se sont écoulés entre le premier « Dark Medieval Times » et « Deep Calleth Upon Deep » et on peut dire qu’il y a un monde entre les deux. Loin des hymnes superbes des années 90, ce neuvième album se pose dans un univers beaucoup moins énergique, sûrement plus travaillé et abouti mais plus déstabilisant.
Au vu de la pochette d’album tout d’abord, on peine à reconnaître le visuel SATYRICON. Le groupe a choisi un dessin en noir et blanc du très célèbre artiste norvégien Edvard Munch représentant un visage humain et un squelette face à face, comme dans une étreinte. Peut-être une image de la période de convalescence de Satyr. En tous cas, si ce n’est le logo du groupe, il aurait été difficile de leur associer cette pochette. Mais l’ensemble est cohérent et représentatif de l’univers lugubre dans lequel le groupe veut nous plonger.
A l’écoute du premier titre "Midnight serpent", l’auditeur se sent alors rassuré par la présence de tous les éléments qui font SATYRICON : une voix linéaire, presque parlée et plutôt saccadée, un rythme lent mais qui s’intensifie au fur et à mesure des chansons, véritable marque de fabrique d’un Frost toujours très présent, un break de guitares black rapides, de nombreux changements de structures musicales, tout en spirale pour mieux attirer l’audience vers les profondeurs obscures. "Blood Cracks Upon The Ground" est beaucoup plus thrash dans la mélodie avec des envolées de guitares et d’accords sophistiqués, des breaks, du progressif… bref, beaucoup d’éléments nouveaux certes mais déstabilisants. On pouvait s’y attendre avec les singles déjà parus "To Your Brethren In The Dark" et l’éponyme "Deep Calleth Upon Deep". On savait quel goût aurait ce nouveau SATYRICON et Satyr lui-même a décrit l’album comme "spécial, différent de ce qu’il a fait avant".
Ce peut être en effet un nouveau départ mais il ne faudrait pas perdre les fans en route. Un morceau comme "Dissonant", avec ces effets limite stoner, est clairement un pied de nez au black metal brutal auquel le groupe nous avait donné goût. Heureusement, les deux derniers titres de l’album font office de belle clôture, pour le coup peu surprenante mais rassurante pour les inconditionnels du groupe.
« Deep Calleth Upon Deep » bénéficie tout de même d’une superbe production qui met tous les plans musicaux en valeur et difficile de lui nier un côté mystique presque magique intrinsèque à l’entité SATYRICON. Cela fera sans doute passer la pilule de la grande diversité de qualité des chansons. Il y a du bon, du très bon même. Et on ne peut pas dire qu’il y a du mauvais, il y a simplement de l’inattendu auquel chacun sera libre de s’habituer… ou non.