26 octobre 2017, 08:12

HEIR

• "Au Peuple de l'Abîme"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Au Peuple de l'Abîme

Je ne sais pas ce qui flotte dans l'air de cette belle ville de Toulouse mais le résultat est là : une scène metal florissante et débridée qui tient la dragée haute à nombre d'autres places fortes de l'Hexagone. C'est aussi une attitude zéro complexe qui a tout d'abord été incarnée par les précurseurs PUNISH YOURSELF, SIDILARSEN ou encore PSYKUP, puis reprise avec fougue par toute une meute de jeunes loups affamés excellant sur toutes les facettes de la boule metallique. Je pense là à DIRTY GREED et son grunge/rock ravageur, DRAWERS qui sait y faire dans le stoner groovy bien huileux, NEPHALOKIA ou FLESHDOLL pour qui le gros death qui tâche est une évidence ou encore INSANE VESPER et son black ortodhoxe à faire couiner nombre de pandas tristes dans le grand nord. Bref, vous l'aurez compris quand on parle metal dans la ville rose, on sait de quoi on cause.

HEIR s'ajoute à la longue liste des groupes recommandables issus de ce terroir fertile et apporte lui aussi sa pierre à l'édifice metallique avec classe et enthousiasme. Pourtant qui aurait cru qu'avec à peine deux années d'existence, un EP et un split avec IN CAUDA VENENUM et SPECTRALE parus l'année dernière, cette formation afficherait une telle maturité sur ce premier album ? Car c'est bien de cela dont on parle sur « Au Peuple de l’Abîme », une maturité et un sens de la composition qui permettent au groupe d'éviter le piège du post-black soporifique sur ces cinq long titres qui viennent titiller les quarante minutes. Chaque morceau pioche ainsi dans le black traditionnel, sauvage, bardé de trémolos ("L'âme des Foules", véritable mètre-étalon du savoir-faire du groupe) mais laisse aussi la porte ouverte aux dissonances éclairées, aux rythmes plus lourds et écrasants d'un sludge nourri au bon grain ("Meltem" qui aère le tout à mi-parcours). Des moments plus "calmes" qui permettent à l'auditeur de reprendre son souffle avant de repartir tête baissée dans un déluge de breaks bien sentis et de riffs assassins. La deuxième partie de l'album est à ce titre exemplaire, l'uppercut "L'âme des foules" et son finish haletant, épique laisse place à un "Cendres" étourdissant, doté d'ambiances qui colleront le grand frisson aux amateurs de sensation fortes !

Rien à redire côté musique : le quintet Toulousain maîtrise son sujet avec un doigté qui en surprendra plus d'un. Post-black dissonant, sludge machin chose, un peu de tout cela, si ce n'est tout simplement du black metal de haute volée, moderne mais respectueux des traditions. Qui de plus bénéficie de textes riches et inspirés évoquant les échecs et les douleurs de l'homme, ici mis en forme par une plume attentionnée. Pour ne rien gâcher au plaisir, l'artwork-collage qui fait la part belle à la Rome Antique est réalisé par Came Roy de Rat (également à la manouevre derrière la couverture du dernier ARKHON INFAUSTUS) et celui-ci se révèle somptueux. Voilà qui témoigne d'une attention évidente accordée à l'importance de la qualité du produit fini, au sens noble du terme. Quant à la production, celle-ci est propre, carrée, presque trop à mon goût, un peu plus de crasse sur l'enrobage n'aurait pas été pour me déplaire (comme cela était le cas sur la version brute de pomme de "L'âme des Foules" récemment dispensée sur le sampler du label) mais bon, c'est là vil pinaillage au vu de la masse de travail accomplie sur ce premier album. Que je vous recommande sans plus attendre...

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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