25 octobre 2017, 20:49

MOONSPELL

• "1755"

Album : 1755

Deux ans après le très bon « Extinct », les portugais de MOONSPELL reviennent ce 3 novembre avec un album qui l'est tout autant, « 1755 ». Comment être original en restant soi-même après tant d'albums et d'années de dévouement au metal ? MOONSPELL a trouvé la clef et l'utilise à bon escient en ouvrant son horizon vers de nouvelles sonorités tout en gardant son essence gothique et sa personnalité puisque toutes les paroles sont en portugais. « 1755 » peut d'ores et déjà être considéré comme une œuvre dans la carrière du groupe, tant l'harmonie y rime avec le chaos au sein d'un gigantesque tumulte mélodique.

« 1755 » est l'année où un gigantesque tremblement de terre a détruit la capitale de la nation des membres de MOONSPELL, Lisbonne. C'est dans cette ambiance de désespoir que nous plonge le groupe, dans un environnement détruit par des forces naturelles, au milieu des décombres d'une ville hier encore animée par la foule. Et dès le titre d'ouverture ' Em nome do medo', les choeurs sont comme des voix qui s'élèvent de la torpeur pour crier leur peur et leur désarroi. Et la voix chuchotée puis parlée de Fernando Ribeiro porte en elle toute l'impuissance face à la situation subie. L'orchestration est majestueuse avec des sons de cuivres et des synthés qui collent parfaitement au décor.

Puis le titre éponyme '1755' continue à dépeindre l'atmosphère de destruction avec des sonorités plus proches de ce que MOONSPELL a l'habitude de nous présenter. Un metal gothique puissant mais toujours plein d'orchestrations et de choeurs mais aussi de sonorités orientales qui viennent sublimer l'ambiance tumultueuse.

'In tremor dei' est dans la même lignée mais cette fois-ci en restant au cœur du Portugal grâce à la voix de Paulo Bragança en guest. Les riffs sont puissants, la basse très en avant et les multiples voix apportent vraiment une intensité supplémentaire dans la transcription de peur qui peut régner sur une ville anéantie.

Les deux titres suivants montrent eux-même une grande diversité dans les sonorités et prouvent que MOONSPELL sait manipuler aussi bien ses instruments que ses atmosphères. Jusqu'à 'Evento', qui oscille entre passages heavy et lents et des rythmes plus rapides avec final envoûtant.

Mais l'apogée de ce tourbillon ensorcelant est le tube en devenir '1 de novembro' avec son rythme entraînant, ses riffs rapides mais fédérateurs et son orchestration plus que millimétrée. Un chef d'oeuvre !

Le plus mélodique 'Ruinas' continue de subjuguer l'auditeur qui s'accroche aux derniers vestiges qui s'offrent à lui avec toujours les sonorités orientales et un rythme mid-tempo, le tout surmonté d'une partie au piano d'une grande mélancolie, surtout au moment où se greffe un solo de guitare puissant qui en fera frissonner plus d'un. ' Todos os santos' paraît fade ensuite, bien que l'avant dernier titre de l'album soit plutôt bien construit et que son style martial convaincra ceux qui ont résisté à l'assaut du tremblement de terre précédent.

Enfin, le très lent et hypnotique 'Lanterna dos afogados' finit de véhiculer l'émotion et la détresse. Un final tout en douceur éthérée, comme si le calme revenait après la tempête ou que la stupeur avait pris la place de l'effroi.

MOONSPELL réussit le tour de main de nous transporter de notre plein gré au sein d'un Portugal ravagé et même si on n'est pas familier de la langue lusitanienne, la musique et l'atmosphère de « 1755 » parviennent très bien à véhiculer les émotions. Le groupe transcende ici le genre qu'il représente dignement depuis plus de 20 ans. « 1755 » est définitivement un séisme au sein de la scène metal gothique.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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