Pour enfin voir STONE SOUR sur scène, ce 24 novembre était une date qu’il ne fallait rater pour rien au monde, et cela malgré la semaine de travail dans les jambes, la traversée épique de Paris à vos risques et périls (« C’est où la sortie de ce rond-point ? »), et les interminables bouchons qui permettent de jouer au touriste (« Sur votre gauche, Mesdames, et Messieurs, l’Arc de Triomphe ! ») pour finalement arriver au Bataclan… après la fin de la première partie assurée par THE PRETTY RECKLESS (on nous souffle dans l'oreillette que ce n'était pas THE PRETTY RECKLESS, mais FLORENCE BLACK qui ont assuré la première partie... soit, on ne les a pas vus NdlR). On ne se permettra donc pas de porter le moindre jugement sur leur prestation et nous irons donc jeter une oreille sur leur production afin de nous faire une opinion.

A peine le temps de souffler et de retrouver quelques amis que les lumières s’éteignent. La tension et l’électricité deviennent palpables. Les fans sont unis et réunis pour célébrer la musique. Surtout dans ce lieu au tragique passé. Mais ce soir, il ne sera question que de joie et d’excitation. Lorsque le groupe entre en scène, la fureur démarre aussi sec et ne retombera pas avant la fin du set, une petite heure et demie plus tard. Corey Taylor, en frontman aguerri, harangue le public, plaisante, cause beaucoup (trop ?) et motive les troupes. Sans aucun doute, cet homme est un pro. Mais ce petit côté cabotin n’enlève rien à sa spontanéité et sa sincérité. Le concert commence sur les chapeaux de roues avec les trois premiers titres de « Hydrograd » : "YSIF" en intro, "Taïpei Person/Allah Tea" et "Knievel Has Landed", une mise en bouche très appréciable qui permet de découvrir les nouveaux titres sur scène. De cet album un peu inégal, il faut bien l’avouer, ne nous seront servis que les meilleurs extraits. Seule manque cruellement la bombe qu’est "Somebody Stole My Eyes", ce qui est fort dommage.

Une pluie de confettis et de serpentins donne le ton festif de la soirée. Puis le concert se poursuit avec les frénétiques "Made Of Scars" et "Reborn" et la fosse se déchaîne. La chaleur est déjà moite et étouffante et les gosiers se dessèchent à force de chanter-brailler-hurler à tue-tête. Et ce n’est pas "Say You’ll Haunt Me" ni l’incontournable "30/30-150" qui feront redescendre la fièvre qui s’est emparée de la salle remplie jusqu’à la gueule de fans affamés. "Hesitate" sera le titre un peu mou-du-genou de ce concert. Pas franchement indispensable. Mais l’effet bof sera de courte durée car le groupe enchaîne sur le génialissime "Tired" et son riff de guitare imparable. LE titre le plus attendu par une bonne partie du public, issu du non moins génial « House Of Gold And Bones-Part 1 ». A noter au passage que le sieur Corey est fort bien entouré : Roy Mayorga est un extraordinaire batteur qui martyrise ses fûts toute la soirée, Josh Rand, discret mais indispensable bras droit, nous laisse pantois devant tant de perfection, le bassiste Johny Chow a une puissance de son et une présence indiscutable et le guitariste Christian Martucci délivre des soli ciselés avec précision.

S’ensuivent "Rose Red Violent Blue (This Song Is Dumb & So Am I)", le morceau pop et dansant du dernier album, ainsi que l’excellent et bourrin "Do Me A Favor" introduit par un Corey Taylor de plus en plus déchaîné. Le public en fait de même et réagit au quart de tour. Moment touchant lorsqu’à la fin de la chanson, Corey Taylor attrape un drapeau tricolore qu’un fan lui a lancé et semble très ému de la réaction plus que positive du public qui scande son prénom. Histoire de rester dans la même énergie et de ne pas laisser retomber la pression, STONE SOUR nous assène deux extraits rageurs du premier album, à savoir, "Cold Reader" suivi de "Get Inside". Folie assurée dans la fosse, mais les gradins ne sont pas en reste. "Song #3" est reprise en cœur par la foule, et même si la voix de Corey Taylor montre quelques signes de faiblesse à cause d’un vilain coup de froid, cela ne l’empêche pas de se donner à 150% pour la sublime "Through Glass" qui clôt la première partie de ce concert intense.
Les rappels vont finir de laminer le public, si ce n’était déjà fait. De retour sur scène avec les formidables "Gone Sovereign" et "Absolute Zero", on s’en prend plein la gueule ! Avec force effets pyrotechniques et lights en tout genre, Corey et sa bande vont nous achever et nous balancer toute leur rage et leur puissance. Quel monstrueux gros kiff ! Et quel plaisir de voir un homme qui tient la scène de la sorte, en communion avec ses fans. "Fabuless" sera le dernier morceau de ce concert passé bien trop vite. Les marionnettes gonflables que l’on voit dans le clip surgissent de nulle part sur la scène, comme des zébulons surexcités en plein trip, pour ajouter des touches de couleur et de fun. A la fin de cette dernière furie, les lumières se rallument, laissant un public ébloui, suant et légèrement groggy rejoindre tranquillement la sortie, après la distribution habituelle de moult médiators et baguettes. Roy Mayorga sera le dernier à quitter la scène, Corey Taylor s’étant regrettablement éclipsé dès la dernière note.
Avec six albums au compteur, STONE SOUR a pioché dans son prolifique répertoire pour nous donner un concert de toute beauté, dynamique et diversifié. Le seul regret que nous pourrions avoir sera sur la durée du set, un peu trop courte, alors que le groupe a justement de la matière pour faire durer le plaisir. Mais on dit souvent que les plus courtes sont les meilleures... En souhaitant à tous ceux qui n’ont pu venir ce soir de pouvoir assister à leur prestation lors de leur prochaine venue. Vous ne le regretterez pas !
