10 janvier 2018, 20:46

MACHINE HEAD

• "Catharsis"

Album : Catharsis

Catharsis vient du grec katharsis. Il s’agit de la purification de l’âme ou de la purgation des passions du spectateur par la pitié et par la terreur qu’il éprouve devant le spectacle d’une destinée tragique. Chez Freud, la méthode cathartique est un moyen par lequel un thérapeute amène un patient à se libérer de ses traumatismes affectifs refoulés. Nettoyage mental. Purgation. Le leader de MACHINE HEAD, Robb Flynn, a mis en jeu ces définitions de façon consciente et inconsciente. Avec ce neuvième album, il emprunte différentes directions musicales originales, connues, matures, réfléchies, sans concession. Plus de 75 minutes du point de vue global sur le monde de Flynn qui vient de fêter ses 50 ans. Le successeur de « Bloodstone & Diamonds » a été produit par Flynn et enregistré, mixé et co-produit par Zack Ohren (FALLUJAH, ALL SHALL PERISH...) aux Sharkbite Studios à Oakland, en Californie.

De l’énergie, de la puissance, il y en a dans cet album. Rien n’est volatile ! C’est justement le titre du morceau qui ouvre l’album sur un « Fuck The World » qui résume son esprit, avec une structure classique pour headbanger. L’ensemble de « Catharsis » est tissé de riffs hyper heavy, crunchy et d’une section rythmique qui peut se résumer par les mots “assaut” et “brutal” comme les textes de l’album. Le titre éponyme et “Beyond The Pale”, le premier single, en sont de parfaits exemples. Robb & Co ne trahissent en rien le travail artistique accompli depuis toutes ces années. Cet album se lit comme un scénario de film avec ses hauts, ses bas, ses fluctuations émotionnelles. “Bastards”, “Behind The Mask” et “Eulogy” (quel titre, ce dernier !) explorent des territoires artistiques qui peuvent rendre ambivalent l’auditeur.

Le premier est une lettre parlée, chantée, de Flynn à ses fils de 10 et 13 ans sur sa vision du monde en version folk-song révolutionnaire des années 1970 qui s’achève en ode punk irlandaise détruisant des barrières de feu. La seconde est une ballade acoustique et la troisième est totalement hallucinée, hypnotisante et tripante. MACHINE HEAD ne s’arrête pas là, Flynn met en avant ses influences hip hop mâtinées de metal avec “Triple Beam” : un gangsta conte urbain à la BODY COUNT. “California Bleeding” supprime le “Dreaming” du titre repris par les BEACH BOYS et sonne à la tronçonneuse punk-pop metal 90’s. Simple et efficace. Des claps en ouverture du titre circle-pit et son refrain énorme taillé pour les concerts marquent “Kaleidoscope”.

Flynn nous raconte aussi l’histoire du roi Louis XI avec “Heavy Lies The Crown” et son intro complètement psychotique. L'album s’achève de façon épique avec des riffs qui vous broient le sternum et le cerveau avec des chansons comme “Psychotic”, “Grind You Down” et “Razorblade Smile”, un hommage à feu Lemmy de MOTÖRHEAD. Dans ce « Catharsis », il y en a pour tous.tes les amateurs.trices (écriture metal inclusive) du groupe, toutes époques confondues, tous les amateurs de metal groovy, punchy, féroce. Ce n’est pas « Bloodstone & Diamonds » certes, mais son côté éclectique, hétérogène dans la trame stylistique plaira aux esprits ouverts, sera un bon remède pour les haters et ravira la santé mentale des lovers du groupe. Bientôt en tournée française “One Night With…”.

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK