14 janvier 2018, 10:20

FIVE FINGER DEATH PUNCH

• "A Decade Of Destruction"

Album : A Decade Of Destruction

Voilà une célébration à ne pas manquer, le best of des dix ans du groupe du Nevada FIVE FINGER DEATH PUNCH !

FIVE FINGER DEATH PUNCH, un nom qui se hisse à présent en haut des affiches des festivals, à grands coups de tatanes bien sûr, avec son Lasvegascore. « Lift Me Up » scandent-ils avec l’aide du grand prêtre Rob en personne. Un parcours exemplaire, six albums de qualité, offrant des riffs thrashy et des refrains sucrés sans être mièvres. Fragile excercice d’équilibriste. Voici l’heure du bilan, loin des rumeurs ébruitant frasques bukowskiennes ou hypothétiques séparations. Car 5FDP, c’est d’abord un concept, une âme. Pas un groupe qui se la raconte, mais un groupe qui en raconte.

Pour cette compilation, nous avons deux inédits. "Gone Away", une reprise de THE OFFSPRING qui ne dénote pas en étant relookée avec des habits de guerrier metal. Jolis soli pour une ballade dépressive. "Trouble" est bien plus intéressant, plus catchy, plus rythmé. On veut du son qui fracasse bon sang, ou bon son, des voix hurlées, le tout à grand renfort de coups de poing américain. Car c’est ça la touche 5FDP, de la dualité, un savant mélange de PANTERA et de guimauve.

Entrons dans le vif du sujet avec la rafle de skuds tirés des différents skeuds. Cette compilation narre le parcours d’un groupe, révèle tout de ses prouesses techniques et de ses états d’âme... Eric ! 5FDP ce sont des bagarreurs "Battle Born", qui savent s’incliner face à leurs démons, "I Apologize", mais qui sauront mourir à la Custer, droits dans leurs bottes, "Boots And Blood".
FIVE FINGER DEATH PUNCH n’est pas juste un groupe de jeunes rockeurs. Ces faux rebelles sont en réalité des peintres. Ils peignent des tableaux rappelant Hopper, des portraits d’une Amérique moderne. Dé-trumpez-vous, il ne s’agit pas de glorification du rêve américain, mais plutôt d’un écho de l’Amérique des laissés-pour-compte, des marginaux, des alcooliques, des blessés physiques et mentaux.

Le groupe livre l’un après l’autre des titres coup de poing américain, le jeu de mot est facile mais s’applique tellement aux contes cruels et modernes que nous vivons avec une compagnie pas si mauvaise, "Bad Company" est une magnifique reprise dépoussiérée d’un classique 70's antiguerre. La guerre, parlons-en, car Ivan Moody et ses sbires ont fait frissonner les bien-pensants en allant soutenir les troupes sur les théâtres opérations extérieures, nombre de leurs vidéos étant de véritables extraits de films à soldats. "Remember Everything" à la basse profondément nostalgique ou "Far From Home" ne narrent cependant pas des exploits guerriers mais traitent de l’histoire de ces vétérans, ou plus généralement de ces citoyens américains qui sont du "Wrong Side Of Heaven". La morale ? Ils sont "Under And Over It" !

FIVE FINGER DEATH PUNCH sonne tel un concept d’étude anthropologique certes, mais pas que. Afin de ressentir au mieux cette succession de drames humains, il n’y a rien de plus efficace que les caresses électriques, violentes et doucereuses, dans le conduit auditif. Les ballades ne sont pas exemptes de riffs sauvages, prenons le beau et mercantile "Coming Home", et d’un autre côté les tubes catchy tels "Under And Over It" ou "Jekyll And Hyde" qui offrent des refrains lancinants, mélodieux et criards en même temps. Toute la dualité de l’homme suinte de ces morceaux. Violence et amour, guerre et remords, animal et humain. La dualité de l’homme telle que l’annonçait le héros de Full Metal Jacket. Oui je sais, encore une parabole guerrière. Mais peut-être est-ce là le propos de FIVE FINGER DEATH PUNCH : voir les rapports humains comme un affrontement sauvage et martial. Du beau et du laid. Des monstres et des victimes. Nous avons tous cette dualité en nous.

Tout ce que je souhaite, c’est que vous écoutiez FIVE FINGER DEATH PUNCH en méditant sur cette dualité musicale, que vous vous en imprégnez. Après vous verrez si cela vous parle, ou crie plutôt. Cet album compilation offre plus que du metal, voici un témoignage musical sans concession sur notre monde. Springsteen a dit, il me semble : « Je ne pense pas que le rock puisse sauver le monde. Mais il apaise ses souffrances. »

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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