27 avril 2018, 11:11

DIMMU BORGIR 

• "Eonian"

Album : Eonian

Pour tous les sceptiques quant à l'évolution de DIMMU BORGIR, voici un adjectif qui décrira le groupe au moment de la sortie du nouvel et neuvième album « Eonian » : talentueux. Les Norvégiens ont toujours eu cette propension à innover, à avancer, à ne pas rester dans leur zone de confort, terme très à la mode en ce moment. Il s'est écoulé presque 25 ans entre l'excellent « For All Tid » et le majestueux « Eonian » et on peut dire que la créativité du groupe n'a cessé de s’exacerber. Bien sûr, le côté symphonique a pris le dessus, et avec lui le théâtralisme, laissant les fans de la première heure sur leur faim et parfois au bord de la route. Bien sûr, il n'y a pas eu que des passages heureux et le voyage sur long fleuve tranquille de la carrière des black metalleux a plutôt ressemblé à une remontée contre la montée des eaux du Styx. C'est sans doute le prix à payer pour arriver à DIMMU BORGIR 2018 dont la puissance n'a d'égal que sa recherche cathartique de la profondeur artistique.

Alors qu'est-ce que ce DIMMU BORGIR moderne ? En premier lieu, un artwork, un mise en scène, un concept artistique en son entier. Avec « Eonian », on plonge dans le cycle éternel de l'Alpha et l'Omega grâce à une pochette à la fois pourvue de nombreux détails ésotériques mais aussi lisible dans sa globalité. A la fois old school mais plein de sens, l'artwork de l'album reflète son contenu : l'infini temporel et spatial. Tout au long des 10 titres de l'album, l'auditeur est aspiré dans une spirale sans fin, tantôt au rythme de riffs rapides et de cadences infernales, tantôt au son des chœurs synthétiques et orchestrations typiques du combo mais aussi à la surprise de nouvelles expérimentations indus ou chamaniques. « Eonian » est l'archétype du black metal symphonique et créatif de DIMMU BORGIR, qu'on le veuille ou non, d'une grande intelligence musicale.

Ecouter « Eonian », c'est apprécier les claviers indus de l'intro de “The Unveiling” et ses chœurs omniprésents sur des riffs entêtants et savoir finir en douceur sur “Rite Of Passage” à l'atmosphère lourde et éthérée, rappelant plus “Det Nye Riket' que 'Born Treacherous”. C'est aussi convenir que DIMMU BORGIR reste un groupe de black metal fidèle à ses origines, ses convictions et son originalité grâce à des titres comme “Lightbringer”, chanson la plus consensuelle, ou “The Empyrian Phoenix” au rythme plus rapide, au son plus brut et aux guitares plus présentes. C'est aussi reconnaître le talent et l'inventivité du groupe avec des prises risques expérimentales sur “Council Of Wolves And Snakes” aux accents tribaux et aux résonances chamaniques. Enfin, écouter « Eonian », c'est également se laisser envoûter par les orchestrations symphoniques et les envolées lyriques sur le bien-nommé “Aetheric” ou le premier single extrait de l'album “Interdimensional Summit”.

Tous les éléments sont réunis pour redonner à DIMMU BORGIR ses lettres de noblesse, il faut l'avouer un peu perdues lors de la sortie, il y a huit ans déjà, d'un « Abrahadrabra » en demi-teinte. « Eonian », on peut en convenir, n'est pas un album facile. Il peut même être déstabilisant mais il est d'une telle puissance et d'une telle splendeur qu'il en devient envoûtant, voire addictif. Chaque écoute révèle son lot de surprises artistiques insoupçonnées et il est difficile de rester insensible à l'onirisme musclé et obscur du groupe.

Un petit manque peut-être auquel on a du mal à s'habituer : les voix claires d'Ics Vortex, grand absent depuis deux albums déjà, qui auraient été tellement les bienvenues comme un point d'orgue à la grandeur de l'album. Mais qu'importe, « Eonian » est sans aucun doute le grand retour en force de DIMMU BORGIR, dans un monde qui leur est propre et une musique dont ils sont les maîtres incontestés.

Alors que vous soyez sceptique, décontenancé par les derniers albums en date ou encore intrigué par ce qu' “Interdimensional Summit” a bien voulu laisser transparaître, plongez-vous dans le nouveau DIMMU BORGIR sans hésitation. Vous en ressortirez au mieux convaincu, au pire agréablement surpris, rarement déçu. « Eonian », qu'on l'aime ou qu'on le critique, restera pour le groupe la pierre angulaire d'une carrière toujours bordée de créativité et d'une maturation toujours plus intense et infinie, comme le temps qui s'écoule.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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