23 juin 2018, 17:45

CALIBAN

• "Elements"

Album : Elements

Après un détour par l’Angleterre, où j’ai dégusté un plat un peu fade, direction Essen en Germanie. Essen, avec un nom pareil (manger) cette ville devrait contenter ma fringale de metal, non ? Figurez-vous que je ne connaissais pas CALIBAN jusqu’à il y a peu. Vu le nombre d’albums de qualité que cette créature à la fois coresque et shakespearienne a pondu depuis 1999, vous imaginez que je me suis régalé en les découvrant. CALIBAN est issu de la tempête de l’ami Will le dramaturge, il est normal que nos attentes soit un maelstrom pur de décibels.

Voici « Elements », le nouvel album de CALIBAN.

Lâchons les hauts de hurlements dans nos oreilles avec un "This Is War" de grande ampleur metalcore : c’est puissant, simple et efficace. Les gardiens du dogme dans leur tour d’ivoire énonceront comme d’habitude que l’on a fait le tour du metalcore depuis longtemps et qu’il faut ignorer la bête à deux tons qui coure hors des sentiers du heavy classique. Certes, le core ne se renouvelle pas avec ce premier morceau mais quelle belle entrée en matière tant cela respire la force et l’envie de faire plier les blasés. La rythmique est bien pesante et les refrains mélodiques pansent avec justesse les blessures ouvertes par les screams et les riffs pareils à des charges de chevaux fous. S’en suit "Intoxicated" où la batterie s’emballe, où les guitares s’égarent mais où le chant est d’une grande rigueur. « Deutsche qualität » dirait ma femme.

Petite variation avec “Ich blute fur Dich”. Le chant teuton surfe sur des gros rouleaux metalcoreux et il en résulte un morceau empreint d’une belle simplicité qui marque immédiatement nos esprits. Le core me rappelle toujours la dualité de l’homme, la belle dans la bête (ou l’inverse) et CALIBAN est exactement cela.

Franchement, cet album avec cette succession de titres est un régal auditif ! Et il n’y a apparemment pas de raison pour que cela change, "Before Later Becomes Never" est cuisiné suivant la même recette. J’ignore quel robot ménager (le Magicoremix ?) ils utilisent pour mixer ces riffs de façon métronomique, en tout cas, je le recommande à certains groupes en manque d’efficacité (je ne citerai personne, mais y a des indices dans certaines chroniques). J’ai entendu certains détracteurs dire que l’on retrouve « un son uniforme sans nuances », j’ai du mal avec cette idée. Si on prend pour exemple « Set Me Free », on peut admettre que les refrains mélodiques ont tous une certaine similarité. En revanche les guitares expérimentent des sons divers et variés, et la rythmique ne se contente pas des mêmes déclinaisons, il y a fréquemment des variations. Après oui, on peut parler d’un concept album car les morceaux assemblés forment un tout logique. On ressent les différents éléments, mais aussi les différentes émotions : "My Madness", "I Am Fear", "Delusion". Allures martiales, rage électrique, CALIBAN ne faiblit pas et nous habite avec son diable d’album (le premier qui fait une blague sur Satan gare à lui…).

Je laisse l’album couler librement en moi et je me régale. Si le metalcore était un genre moins sujet à la polémique, j’affirmerais que « Elements » constitue une pièce référentielle, car on y trouve tous les (bons) atours d’un metal corps à cœur : riffs généreux, duo basse/batterie profond et efficace, chants en quête permanente d’équilibre entre rage et anges. "Carry On" est à la fois un parfait ambassadeur de leur style, et un leitmotiv qui peut les encourager à persévérer dans leur l’efficacité métronomique. Mentionnons la beauté quand elle se marie à la force, comme dans "Incomplete". Des refrains qui s’étirent à l’infini sur un duo guitare et basse faisant la bête à deux dos. Réveillons-nous sur le paradoxalement aiguisé "Sleepers Awake".

CALIBAN livre avec « Elements » une heure de parfait metalcore. Une œuvre dans le respect des codes. Une œuvre généreuse pour les amateurs de metal jeune et énervé.
Quittons-nous sur le refrain de l’ami Ludwig : « Cool Man, cool man, CALIBAN ! ».

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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