21 juin 2018, 10:34

LABELS ET LES BETES

• "Le côté obscur de la force métallique - Episode 11"

Blogger : Clément
par Clément

Ah, savourer les petits bonheurs de l’été pour la fine équipe de "Labels et les bêtes" : c’est tout un programme. Se délecter du dernier HOOBASTANK confortablement installé par une trentaine de degrés dans de grands bains de soleil,  un verre de rosé pamplemousse dans une main et la crème solaire dans l’autre. Quoi de mieux pour profiter des joies d’une existence paisible et sereine qu’un délicat moment de tranquillité ?

Quoique…attendez, on me signale que c’est une erreur, je les vois là… oui, ils sont juste à côté, avec leur air menaçant, grimés en pandas tristes, à terroriser de pauvres plagistes en maillot de bains-sandalettes !
Mais oui, je le reconnais celui-ci, c’est Crapulax ! Vêtu d’un simple pagne orné de viscères encore tiédasses, il harangue à coups de grunts rugueux un couple de jeunes tourtereaux qui pensait s’enlacer pépère à l’ombre ! Et au centre, c’est bien elle, Aude, habituellement si calme et modérée. Son karaoké sauvage sur des disques droits sortis de l’enfer norvégien fait planer un vent glacial sur la plage réservée aux naturistes ! Quant à l’individu sur ma droite, c’est bien Clément, enroulé dans un filet de beach volley et recouvert d’une substance goudronneuse, terrorisant les pauvres kids du Club Mickey ! Faites quelque chose…avant qu’il ne soit trop tard ! Du metal qui tâche et viiiiite !


FANGE : « Pourrissoir » (Lost Pilgrims Records/ Throatruiner)

Alors que l’actualité du groupe est particulièrement chargée pour 2018 (tournée avec les fous furieux de PILORI, passage au Hellfest et nouvel album sur le grill), j’ai choisi de revenir sur son dernier méfait fort bien fait, « Pourrissoir », sorti l’année dernière. Parce qu’entre nous, en termes de noirceur et de violence, FANGE se pose ici en sérieux concurrent.

Son sludge goudronneux et boursouflé d’écrasants mid-tempos crasseux, noirâtres sur lesquels vient se greffer un enrobage black/noise des plus virils assurera de nombreuses heures sombres à ceux et celles qui s'y fourvoieront. Un son étouffant, convulsif qui pique autant à GRIEF qu’à CURSED et toute la clique hirsute hébergée par le père Bannon chez Deathwish, incarnation parfaite du dégoût et de la colère. Une colère que Matthias, dont la prestation vocale évoque un combat meurtrier entre un leprechaun colérique et un ours en rut, retranscrit à merveille au crachoir. 

Maintenant que vous avez une vague idée de ce que le bestiau vous réserve, il ne vous reste qu’à humer à pleins naseaux ces relents de décomposition et vous enivrer du fumet de la tripaille avariée. Vous en voulez encore ? Alors profitez-en pour vous procurer « Purge », premier album du quatuor rennais, tout aussi terrifiant. Brrrr…
(Clément)
 


WOLF KING : « Loyal To The Soil » (Prosthetic Records)

Noirceur, ténèbres, tension, colère, qui n'en veut ? Parce que nos Californiens de WOLF KING en ont à revendre sur ce « Loyal to the soil », vilaine bête sauvage qui recèle de solides arguments en ses entrailles.

Du gris, du goudron, du ciment, chacune des onze embardées chaotiques qui la composent en sont imprégnées en profondeur, charriant une rage sourde et cruelle, de celles qui préparent l'auditeur à affronter une fin funeste. Une rage que Rich Giordano hurle, vomit dès les premières notes d’un "Hail the Ash" balancées sans la moindre précaution.

Aidé dans sa quête par une section rythmique remontée comme jamais qui modèle riffs dissonants et parpaings hardcore-metal sur un lit de maléfices black, le vocaliste livre ici une prestation impressionnante. Le cogneur Connor White ajoute son empreinte destructrice au tableau, accélérant le tempo pour mieux jouer avec vos nerfs.

Ici mis à rude épreuve : hésitation brève, instant de clarté, une mélodie des tréfonds de l'enfer qui joue la danse de Saint Guy. Le calme avant la tempête. Ou le début de la fin. 
Roadtrip diabolique et schizophrène, cet album percute, perfore et pénètre les étriers avec l'adresse d'un tireur du SWAT. On vous aura prévenu.
(Clément)



DEFIATORY : « Hades Rising » (Sepulchral Silence)

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, dans le cadre de notre célèbre série "thrash ton venin", nous vous proposons ce soir de vous emmener dans les coins les plus obscurs de la Suède vers les lointaines et froides côtes du golfe de Botnie, à Umeå, sur les traces d’un groupe de jeunes extrémistes.

Dévoués corps et âme à leur cause, prêts à tout pour percer, fiers de leur appartenance au fan club de SLAYER (« In Hell » ou « Death Takes Us All »), ils montrent des aptitudes et une maturité tout à fait exceptionnelles pour leur âge (le solo de « Bane Of Creation », quelle gifle !), alors que leur second album vient à peine de sortir dans les bacs ! Ces jeunes terroristes de la saturation représentent-ils un véritable danger pour la société ? Un danger pour eux-mêmes ou les générations futures ?

Quel toupet de briguer directement les plus hautes places du gotha du thrash sans aucune considération pour les anciens encore coincés dans la file d’attente à espérer que SLAYER s’en aille ou que METALLICA fasse un « Lulu 2 » pour leur passer devant !
Mais le pire là-dedans, c’est qu’ils semblent avoir raison. ».
(Crapulax)



INFERI : « Revenant » (The Artisan Era)

Après un troisième album (« The Path Of Apotheosis ») sorti en 2014 qui avait transcendé un passé jusque-là plutôt influencé par des formations comme CHILDREN OF BODOM (sur « The End Of An Era » en 2009, leur premier album « Divinity In War » édité deux ans plus tôt à une centaine d’exemplaires étant introuvable), les Américains passent à nouveau à la vitesse supérieure avec cette fois une production radicalement différente dotée d’un spectre de fréquences basses élargi au maximum.

En ressort une forte impression de musique infernale capable de changer soudainement de tempo d’une seconde à l’autre (grâce au travail d’Eric W. Brown, leur batteur complètement dément !), alambiquée à tel point qu’elle ne laisse aucune structure apparente.

Faisant preuve d’une grande technicité dans les passages death mélodique (avec en guest l’apparition du guitariste d’ARSIS James Malone) et d’une grande violence froide dans les passages les plus black metal, « Revenant » est de surcroît transcendé par une pochette magnifique et par la présence de deux vocalistes (en duo avec Trevor Strnad de THE BLACK DAHLIA MURDER) qui s’enchaînent ou se superposent, renforçant la sensation délicieuse de vouloir ne laisser aucun répit à l’auditeur.
(Crapulax)



THE KONSORTIUM : « Rogaland » (Agonia Records)

Envie de thrash black metal technique et froid ? Ne cherchez plus, j'ai trouvé pour vous le must du genre. La Norvège frappe fort encore une fois avec THE KONSORTIUM, un groupe monté par d'excellents acteurs de la scène black comme le guitariste Teloch (MAYHEM, 1349, GORGOROTH) ou encore le batteur Dirge Rep (ENSLAVED, NATTEFROST).

« Rogaland », deuxième LP du combo, s'inspire de la nature et des racines païennes sur fond de black/Thrash ultra rapide et varié, véritable monument de technicité. Après l'intro vikingo-atmosphérique "Innferd", c'est un déferlement de riffs distordus et de blastbeats qui vont servir de fil conducteur tout au long de l'album.

La voix hurlée de Member 001 d'une grande puissance contraste avec les chœurs clairs et chantés, façon ENSLAVED, récurrents sur de nombreux titres. Chaque écoute apporte son lot de surprises et des morceaux comme "Skogen" ou "Havet", bien que très différents dans leur structure sont presque hypnotiques, avec en sus, une envolée mélodique à la guitare sur 'Havet' du plus bel effet.
Le must-have du mois de juin !
(Aude)



BLOODBARK : « Bonebranches » (Northern Silence Productions)

BLOODBARK est un projet bien obscur puisque rien n'a été diffusé sur l'identité de ses membres, ni sur son pays d'origine (bien que la Russie soit pressentie). Mais nul besoin de la biographie complète pour comprendre que BLOODBARK a un potentiel à la hauteur de sa discrétion.

« Bonebranches », premier LP du groupe, ne contient que 3 titres pour presque 40 minutes d'écoute intense d'un black metal atmosphérique, lourd, froid mais mélodique. Les ambiances dépeintes sont à la fois épiques et sombres avec une langueur diffuse. La lourdeur des morceaux où sont instillés des parties au clavier et un chant guttural hurlé peut invariablement faire penser à du SUMMONING, WOLVES IN THE THRONE ROOM ou encore TOTENGEFLÜSTER.

Les 3 morceaux aux atmosphères variées ont en commun la beauté des riffs de guitares suraiguës et la répétitivité des mélodies sur lesquelles viennent s'ajouter différentes couches d'instrumentations et des passages vocaux, qu'ils soient hurlés ou parlés.

Mention spéciale pour "As Wolves" tellement pénétrant et envoûtant que 10 minutes paraissent tellement courtes qu'on a envie d'y revenir immédiatement pour ne pas sortir du cocon glacial dans lequel l'auditeur a été plongé le temps d'un album impressionnant.
(Aude)


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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