22 juin 2018, 23:47

HELLFEST 2018

@ Clisson (Jour 1)

On l’attend toute l’année et quand il arrive, on a du mal à y croire. Et pourtant ça y est ! HELLFEST 2018, nous y sommes, avec cette fois un visuel placé sous le signe du mystère à la Rosemary’s Baby, 13e édition oblige. Hey ho let’s go !

Alors chance ou pas, en allant voir SCHAMMASCH ?  La formation qui sera pour ma part le groupe d’ouverture de cette saison. En tout cas, les bonnes critiques entourent ce groupe un peu énigmatique lui aussi, il faut donc tester le live. Ce qui d’emblée saute à l’oreille, c’est ce son black ambient qui est produit par les Norvégiens mais sans le côté "boring" de l’exercice. La voix cauchemardesque, rappelant celle de GEHENNA pour les connaisseurs, va parfaitement se mêler avec les flots de doubles pédales et de blasts, sans oublier la rythmique bien acérée. En prime, pour les yeux, un look et une imagerie sectaires, une belle entrée en matière qui nous ferait presque oublier qu’en dehors de la Temple, le soleil brille sur fond de ciel bleu azur, annonçant un week-end exceptionnel, point de vu climat et musical. On remarquera aussi qu’il est à peine 14h et que les métalleux sont sur le pied de guerre...

C’est l’heure de se briser la nuque ! On connaît tous BENIGHTED, alors je vais gentiment vous épargner les présentations. Je peux juste préciser qu’on peut les considérer comme des vétérans aujourd'hui car ils étaient déjà présents au FURYFEST 2004. Le public sous le chapiteau passe donc du calme plat lié à l’attente, à un déchaînement de violence gratuite. Growl, pig squeal, c’est méchant, rapide et… méchant. Même si pour eux, l’exécution de leur set-list paraît facile, BENIGHTED fait réellement preuve de performance. Cela me fait aussi dire que lorsqu’on voit une Altar stage aussi pleine à 14h30 pour un tel groupe, le HELLFEST n’a pas perdu son âme, hein les sceptiques ou haters de tous genres ?! Comme le veut la tradition, on se sépare à droite et à gauche pour un wall of death, au boulot les gars ! Julien Truchan, désormais seul membre fondateur, nous fait justement oublier l’annulation rageante des 'Ricains ORIGIN. Nous avons droit, pour pimenter le tout, à un invité de marque, Arno de BLACK BOMB A pour un "Cum With Disgust" bien vénère, comme tout le set d’ailleurs. Une petite reprise pour finir en beauté avec l’excellent "Biotech Is Godzilla" du SEPULTURA grande époque et puis s’en vont. BENIGHTED nous a prouvé qu’il fait partie du haut du panier hexagonal en matière d’extrême...

Quelques pas sur le côté et me voila de retour à la Temple pour une autre frange de l’extrême, à savoir un bon vieux black metal avec NORDJEVEL. Les croix renversées servant de lumière suspendues au-dessus de la scène les attendent avec impatience, tout comme le public. Passée l’intro de rigueur, le son ne fera aucun doute sur le style très puriste des Norvégiens. Tout comme leur accoutrement à base de clous de 20 cm et de corpse paint old-school, et ça fait sacrement plaisir. Les morceaux se déroulent et il n’y a pas de fioritures, pas de blabla, bref ils ne sont pas ici pour parader, c’est radicalement dépouillé mais drôlement efficace, et cela, du début à la fin. Désolé pour le terme mais ça blaste avec élégance, à la hauteur du niveau du groupe, c’est à dire élevé ! Un peu de fumée blanche de temps à autre mais rien d’exceptionnel. Bref, 100% evil, ce qui me laisse penser que depuis le début de l’après-midi, c’est un sans-faute dans la programmation. La double triggée va hypnotiser la Temple pendant les 50 minutes qui leur sont allouées, la Temple qui est une nouvelle fois bien fournie en adeptes du genre. NORDJEVEL est incontestablement un incontournable actuel dans la catégorie true-black, méditez cela... On apprécie le finish sur le grandiose "Raining Blood" de SLAYER, ils se font plaisir et nous aussi !
 


BENIGHTED © Leonor Ananké


On commence à taquiner le lourd de l’affiche en allant voir MESHUGGAH aux Mains Stages, scènes qui, soit dit au passage, ont subi un petit lifting au sol par la pose de dalles sur l’ensemble des deux pits-photo. Par conséquent pas de poussière, merci pour les personnes un peu loin de l’agitation habituelle. Donc, grand retour des Suédois qu'il est impossible de rater, et bon sang, le monde présent... sans oublier ce soleil assez écrasant. Une fois dedans, on apprécie ce standing sensationnel avec notamment les trois écrans ultra géants (les mêmes que l’année dernière et on aime toujours autant), dont celui du milieu qui est juste hallucinant. Ils vont balancer ce qu’ils ont à offrir pendant un trop court set de 50 minutes avec des titres du dernier album, "Born In Dissonance" en premier, et l’éponyme "Violent Sleep Of Reason" un peu plus tard. Puis, des désormais classiques comme "Rational Gaze" ou "Bleed" et enfin "Demiurge", ce qui va galvaniser le parterre de festivaliers prêts à en découdre. Son archi propre et massif, technique au sommet comme à l'accoutumée, l’expérience parle d’elle-même. Les Suédois dépassent les limites de l’humain, avec un show absolument démesuré, de quoi manquer de superlatifs ! A part déclarer : « Ce n’est pas le genre que j'apprécie », il serait assez mal venu d’émettre la moindre critique face à ce mastodonte qui met franchement tout le monde d’accord. Avec du recul, MESHUGGAH fut l’une des performances les plus impressionnantes de ces trois jours, selon moi.



MESHUGGAH © Leonor Ananké


New York city style maintenant. On va marcher sur les traces du regretté Peter Steele, avec son groupe juste avant le cultissime TYPE O NEGATIVE, à savoir CARNIVORE, rebaptisé CARNIVORE A.D. pour cette tournée à l’allure d’un tribute et qui réunit tout de même l’ancien guitariste (en mode G.I. avec casque lourd) et le batteur d’origine, d’où un certain enthousiasme de ma part. C’est vrai que le bassiste, Baron Misuraca, a vraiment plus qu’un air de Peter Steele avec ses cheveux noirs ultra longs, sa carrure athlétique et son look un tantinet gothique avec débardeur moulant. Il sent la testostérone à plein nez, la copie est (presque) parfaite. Copie qui s’avère d’autant bien choisie lorsqu’il commence avec le titre éponyme, sa voix rauque et virile étant aussi très proche de celle de notre frontman fétiche des années 80. En tout cas, ils sont seulement trois mais font un boucan d'enfer !
Suivra le morceau "Predator", puis "Inner Conflict" et, chose marrante, le fameux "God Is Dead" dont Peter Steele ne voulait plus entendre parler lorsqu’il avait reformé le groupe en 2006, conversion chrétienne oblige. Bref, un peu de nostalgie n’a jamais fait de mal à personne, le son est un poil brouillon mais on s’en fout, ce n’est que du plaisir. Ça ne vaut sûrement pas ce qu’était CARNIVORE à la bonne époque, mais ce n’est pas le but, les fans sont au rendez-vous, bien attentifs.



CARNIVORE A.D. © Leonor Ananké


D’autres vétérans s’apprêtent à sévir sur une autre scène tout aussi riche en ce vendredi. Larsen significatif qui n’en finit pas, c’est sûr, on sait de qui on parle ! Guitare qui bourdonne sévèrement, on parle bien de EYEHATEGOD, groupe majeur du sludge américain et surtout de NOLA. Les optimistes diront que c’est une chance de les voir en 2018, les réalistes un véritable miracle. C’est vrai que le chanteur Mike Williams, faisant office de survivant à tous les excès possibles sur terre, a quand même un teint cadavérique. Cela ne l’empêche pas de prêcher la mauvaise parole pendant une bonne heure de concert pour le plaisir de tous. Les quatre turbulents de Louisiane tiennent la Valley à bout de bras tout en occupant le plus de place possible sur scène. Ils connaissent leur sujet, ça fait maintenant 30 ans qu’ils le pratiquent, inlassablement. Un peu d’énervement dans le public provoque même un circle-pit improvisé pour "Sisterfucker", comme quoi, les fans sont à cran. Toute la puissance du groupe est omniprésente, un rock sudiste bien glauque et malsain, on retrouve la magie sans trop de difficulté. Après l’excellente prestation de 2015, un retour parfait à travers un show qui passera comme un shot de bourbon.

Quoi de plus logique que d’enchaîner, une heure plus tard sur la même scène, avec CORROSION OF CONFORMITY, les parrains et aînés du style stoner. Déjà, l’atmosphère opaque due aux fumigènes, puis l’essentiel gros son bien lourd. C’est la quintessence même de ce que le stoner est et sera de façon indélébile. La nuit est maintenant totale, ce qui met en valeur le light-show magnifique. En ce premier jour de festival, c’est vraiment une clôture parfaite et rêvée en ce lieu pour leur deuxième fois ici même, dans la Valley...



A PERFECT CIRCLE © Fred Moocher


Dernière tranche horaire pour cette journée. Les gros moyens ont été déployés pour A PERFECT CIRCLE. Un standing de dingue sur la Main Stage 2 avec une scène luxueuse. Ils débuteront ce concert très attendu par "Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums" qui résonne par son influence industrielle. Respectant l’actualité, il y aura aussi des titres du dernier album « Eat The Elephant », et notamment "Hourglass" juste après. On a vraiment l’impression d’écouter les version CD des morceaux. La scénographie est aussi intéressante, elle nous fait dire que les main stages sont bien aussi. Le charismatique Maynard James Keenan, habitué des excentricités en tout genre (il n’y a pas longtemps habillé en tenue anti-émeute lors d’un concert), est en dandy rose et perruque blonde.
Ils joueront bien évidement pas mal de titres emblématiques tels que "The Hollow" et "Weak And Powerless" ou "Rose". Il est vrai que la douceur de certains passages peut déconcerter assez rapidement, comme pendant "Disillusioned", surtout dans un festival "metal". Ce qui est dommage à mon sens, c’est que le groupe n’a pas tout à fait adapté son set en conséquence, pour être poli, on dira que c’est le show de fin de journée avant d’aller dormir et faire de beaux rêves. Je décroche sur le plus que soft "The Contrarian". C’est certes une satisfaction d’avoir vu un tel groupe mais je reste sur ma faim. Après PUSCIFER en 2016 qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable (voire même désagréable), vivement que l’on passe aux choses sérieuses avec le principal groupe de Maynard quand il passera en terre clissonnaise, si vous voyez de quel groupe je veux parler...

L’inspiration étant désormais limitée, allons voir la fin du set de SATYRICON et terminer la soirée au Metal Corner (dommage parce qu’ils ont fait une reprise d’AC/DC et terminé par le titre "The Outsider" qui est quand même pas mal). A suivre... pour le report du samedi.

Mon top 3 de la journée :
1 - MESHUGGAH
2 - BENIGHTED
3 - EYEHATEGOD

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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