« Il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Voilà un adage qui me va comme un gant clouté à l’écoute de ce déjà troisième album des Orléanais de WYRMS, visiblement passés maîtres en matière de black épique et musculeux au vu des avis récoltés ci et là sur leurs précédents assauts discographiques. Du coup, ni une ni deux, alléché par ce programme qui me tendait les mimines, me voilà à errer sur Bandcamp et YouTube à la recherche de leurs deux premières livraisons, découvertes elle aussi sur le tard. Et le constat est sans appel, même si l’on sentait déjà du potentiel sur celles-ci, le quatuor explose sur ce nouvel assaut qui délivre du tremolo par paquet de dix, des mélodies glaciales, une sourde mélancolie qui renvoient fissa l'auditeur deux décennies en arrière, à l'âge d'or du grand DISSECTION et de son disciple SACRAMENTUM. Le côté heavy frétillant en moins, les ambiances guerrières et viriles en plus.
J’en veux pour preuve ces superbes et inarrêtables "Les Viviers du Diable" ou "Le Vide avant la Mort", véritables déclarations de guerre blastées ou à l’inverse le massif et redoutable "Les Echos du Passé" qui feront défaillir les amateurs du genre. Un black metal racé et mélodique, étourdissant, voilà ce que propose notre quatuor bien en verve, dévoilant sur chaque morceau des textures riches et variées qui alternent avec des passages parfois plus posés. Des moments de bravoure lardés de guitares acérées et de tempos bouillonnants, toujours habités par un sens pointu de la mélodie.
A l’écoute de « Altuus Kronhorr », ce sont des images de forêts enneigées, denses et profondes, de châteaux figés dans une brume épaisse et de règlements de compte sanglants entre vassaux échaudés et seigneurs immoraux qui se matérialisent. Les textes, sauvages, jouent eux aussi un rôle prédominant dans cette sensation de guerre totale, permanente, issue d’un autre temps. Et que dire de la production, puissante, signée par le préposé aux guitares, Marc, et de l’artwork sombre et habité troussé par Tedd (principal instigateur de cette aventure qui remonte déjà à 2007) qui complètent de la plus belle des façons cette sinistre entreprise…
Imperturbablement, WYRMS souffle le chaud et le froid tout au long de ces quarante-sept minutes qui marient l'authenticité vengeresse du black traditionnel, la force brute et épique des copains suédois et cette obscure élégance propre à certains de ses compatriotes, SÜHNOPFER et AORLHAC en tête de liste. Classe.