Mercredi 4 juillet. Aux States, c’est la fête nationale. A Strasbourg ? Un rendez-vous très particulier nous est donné à la Laiterie : Dave Mustaine et sa clique viennent fêter leur 35 ans de carrière. Oui messieurs, MEGADETH investit le carrefour de l’Europe pour la première fois depuis sa création !
20h pétantes, la scène est occupée par les Strasbourgeois DEAD MAN SQUARE. Pas peu fiers les loulous, ils le clament eux-mêmes sous les acclamations d’un public conquis : « On ouvre pour MEGADETH putain ! ». Damien le frontman, soigné comme un témoin de mariage, nous sert un growl bien puissant. Avec DEAD MAN SQUARE, nous évoluons dans un metal aux accents death et aux riffs doomesques. Leur prestation dure une quarantaine de minutes et ils n’ont pas à rougir d’avoir été sélectionnés pour ouvrir pour l’un des plus grands groupes de la Thrash Bay Area. Je dis vivement leur premier album !

Malheureusement, je ne peux assister à la fin de leur show. La salle est bondée et la chaleur intenable. Hors de question de mourir étouffé avant d’avant voir vu MEGADETH. Quoique, périr lors d'un concert de "Mégamort" ne manquerait pas d’ironie. Non, j’ai une revanche à prendre dans ma relation avec Dave Mustaine. Trois fois déjà, je l’ai vu en festival, trois fois je l’ai trouvé absent et je suis resté sur ma faim.
21h30 passées... La bande son de Prince Of Darkness retentit. La foule est fébrile, la salle déborde de fans, des vieux de la vieille accompagnés de la génération suivante qu’ils ont convertie à leur musique de prédilection. MEGADETH, composé de Kiko Loueiro, David Ellefson, Dirk Verbeuren et Dave Mustaine, incarne sur la scène de La Laiterie une hydre mythique, chaque tête est une icône du metal. On démarre cash par "Hangar 18" qui fera taire tous les détracteurs, moi le premier. Le tube pose les bases d’un thrash exécuté avec brio et chanté par un Dave ultra concentré. Kiko, tout sourire, nous cloue le bec avec ses soli. La rythmique, presque groovy, bénéficie d’un son irréprochable. Je dis respect devant une telle démonstration. La foule plébiscitera d’ailleurs le concert en scandant régulièrement « MEGADETH ! » lors des refrains et soli. Le souvenir de prestations tièdes est balayé. Tant mieux !

Dave nous sert le récent et très bon "The Threat Is Real". Mariage temporel réussi. Nous aurons droit à 19 morceaux célébrant la longue carrière du groupe. « Rust In Peace » et « Peace Sells… But Who’s Buying ? » sont très largement représentés avec pas moins de 10 titres, plus de la moitié de la set-list. Les fans en ont donc pour leur argent, et on devrait rebaptiser cette tournée « Rust In Peace Sells… But Who’s Buying ? ». "The Conjuring" et "Wake Up Dead" sont interprétés avec brio, Dave est ravi de jouer ses compositions canoniques et ça se voit. Ou plutôt ça s’entend. Kiko, l’habile artisan, sourit toujours à pleines dents, ses soli sont ovationnés.
Le puissant et enlevé "Tornado Of Souls" est ce soir encadré par "She-Wolf" et "Trust", deux extraits de l’album plus récent « Cryptic Writings », sujet à bien des discussions entre les fans. C’est une agréable découverte live pour moi, les morceaux sont excellents. Le concert se poursuit, toujours avec un public en extase qui ne cesse de se manifester. Une cascade de hits thrash eighties. De la nostalgie sans naphtaline, voilà ce que nous joue Dave le guitar-hero. "My Last Words"… MEGADETH en live est loin d’avoir dit son dernier mot ! J’apprécie particulièrement le tryptique "A Tout Le Monde", "Dystopia" et "Symphony Of Destruction" qui se marient à la perfection.

On se dirige vers un final mémorable avec "Mechanix", l’auditoire exulte devant ces quatre "mercenaires" du thrash. "Peace Sells" nous offre encore quelques magnifiques riffs et soli. Enfin, pour le rappel, "Holy Wars (The Punishment Due)", classique et efficace. Salutations et rideau, sous nos applaudissements. Franchement, MEGADETH a assuré. Il est des moments où j’aime être surpris, ce 4 juillet fut un de ces moments. Chapeau bas, Mister Dave.
Photos © Christian Ballard
