16 juillet 2018, 17:02

DISCONNECTED

• Interview Adrian Martinot

Dimanche 24 juin 2018, 14h30, au point presse du Hellfest,  nous avons rendez-vous avec Adrian Martinot, compositeur-guitariste de DISCONNECTED qui a sorti son premier album, « White Colossus »,  le 23 mars dernier. Il fait une chaleur infernale. Première interview de la journée et vraiment heureuse de pouvoir rencontrer Adrian en tête-à-tête. Une entrevue très agréable avec un jeune homme humble et talentueux...


Bonjour Adrian, c’est un vrai plaisir de te rencontrer pour pouvoir parler avec toi de DISCONNNECTED et de son évolution. D’ailleurs, à ce propos, comment est né le groupe ?
Plaisir partagé. Eh bien, l’idée du groupe est née il y a cinq ans, à ma sortie de la M.A.I. de Nancy (NDJ : Music Academy International), mais ce fut un long processus car je ne trouvais personne qui corresponde à mes recherches et j’ai d’abord participé à d’autres projets. Cependant, j’ai toujours voulu composer pour moi et lorsque j’ai rencontré Ivan (Pavlakovic, le chanteur), tout s’est accéléré. Le contact avec lui s’est super bien passé, aussi bien humainement que musicalement. Nous avons été sur la même longueur d’ondes, dès le premier contact téléphonique. Puis Aurélien a rejoint le groupe et ensuite Romain et Florian.

Mais alors comment s’est passé cette rencontre avec Ivan ? Quelqu’un vous a mis en contact ?
Oui, l’ingénieur du son qui a mixé l’album, François-Maxime Boutault, un ami que j’ai rencontré sur l’une des tournées de MELTED SPACE et je lui avais déjà parlé à l’époque de mon projet. Je souhaitais vraiment faire mon album avec lui car il travaille super bien. Il est d’ailleurs devenu en quelque sorte, le sixième membre du groupe. Donc, nous cherchions tous les deux un chanteur, nous avons même essayé à l’étranger, sans succès. Un jour, il m’a laissé un message concernant Ivan qu’il avait vu avec SOLEDAD ORCHESTRA, il m’a donné ses coordonnées pour que je l’appelle et comme le contact passait très bien, je lui ai envoyé les démos pour qu’il puisse poser sa voix dessus. Lorsque j’ai reçu les premiers jets, je me suis dit : « Ça y est, c’est ça ! ».

Avais-tu une idée précise du chanteur que tu voulais ?
Pas du timbre de voix, mais je voulais impérativement du chant clair et mélodique. Le chant saturé n’était pas obligatoire et surtout utilisé à bon escient. C’est Ivan qui l’a amené et ça tombait juste.

C’est un peu sa marque de fabrique, cette alternance de chant clair et saturé.
Tout à fait, et il le gère très bien car il apporte les growls par petites touches, tout en gardant à l’esprit l’importance du côté mélodique. On a la même approche que Mark Tremonti ou ALTER BRIDGE, même si en écoutant nos morceaux, ce ne sont pas les premières références qui viennent à l’esprit. C’est surtout dans l’approche de l’écriture des morceaux, ils mettent la mélodie en avant, et c’est comme ça que je conçois ma musique.

Et également avec un côté très technique. Car quand on écoute votre album, on constate effectivement que les mélodies sont présentes mais c’est, à mon avis, un album qui doit être réécouté plusieurs fois pour bien l’appréhender.  N’as-tu pas peur que cette technicité puisse rebuter certains auditeurs ?
Ça dépend. Je pense qu’il y a un certain public pour ce type de musique, notamment ceux qui écoutent du DEFTONES, qui auront plus de facilité à rentrer dedans. Mais c’est comme ça que je vois ma musique et je n’ai pas l’intention de faire un copié-collé d’un autre groupe, même si c’est un groupe que j’aime comme ALTER BRIDGE, pour rendre ma musique plus abordable. Il est vrai que j’ai grandi avec plusieurs influences comme DREAM THEATER, MESHUGGAH, DEFTONES, et ce mélange d’influences qui se sont croisées a forgé mon propre style. Quand tu écoutes les albums de GOJIRA, ils ne sont pas hyper abordables et pourtant, le succès du groupe est immense. Mais il est vrai que c’est un premier album et qu’il y avait plein de choses à dire. Peut-être que par la suite, l’écriture se fera différemment.

Pour rebondir là-dessus, comment penses-tu que la composition des morceaux va évoluer par la suite. Tu as composé seul « White Colossus » et Ivan a posé ses textes et ses lignes de chant. Alors pour le prochain, qu’en sera-t-il ?
Oui, Ivan a travaillé à distance et a écrit ses lignes de chant et ses textes. Il m’envoyait les résultats tous les trois ou quatre morceaux et il venait me voir régulièrement sur Troyes, quand son travail l’amenait dans la région. C’était très pratique pour terminer la mise au point de toutes les chansons. C’est lui qui a écrit toutes les lignes de chant, et d’ailleurs, c'est ce que je préfère lorsque je travaille avec des musiciens, leur laisser libre cours pour créer. Je n’ai pas envie de les mettre dans un moule. C’est cette synergie, cette émulation, qui permet de composer au mieux. Et pour les prochaines créations, on va travailler de la même manière. Je ne pense pas qu’Aurélien aura le temps de s’impliquer davantage dans le processus créatif, de par ses nombreuses activités, je vais donc poser des lignes de batterie basiques, et lui, il amènera son jeu. J’ai déjà écrit deux ou trois titres, mais je donne pour l’instant la priorité aux concerts et à la promotion de « White Colossus ».

Je crois savoir que vous avez des dates programmées pour cet automne ?
Oui, dans le sud. On en a deux qui ont été annoncées pour l’instant et une autre qui va se mettre en place en octobre à Toulon. Montpellier le 5 octobre et le 6 à Marseille. On a aussi des contacts avec un tourneur hollandais qui veut nous faire jouer et on cherche un tour support en Europe pour pouvoir jouer en première partie et avoir plusieurs dates. Il y aura aussi les festivals de l’été prochain. Les pourparlers sont en cours et les décisions vont se jouer entre octobre et novembre. On a du soutien de la part de gros festivals, on est bien entourés.

Justement, est-ce que votre présence au Hellfest vous a permis de vous faire connaitre et de nouer des contacts pour l’avenir ?
Oui, on est venu justement pour ça. D’ailleurs, hier, ça c’est fait comme ça, sans rien planifier, mais j’ai pu avoir un pass-artiste et j’ai pu rencontrer Mark Tremonti en backstage.

Intéressant ! Raconte-moi ça.
En fait, ça fait déjà quelques temps que Mark Tremonti nous suit sur Twitter et j’en parlais à Roger (Replica Promotions). Il me disait qu’on verrait sur place s’il y avait moyen de faire quelque chose, et finalement, il m’a donné le pass hier et m’a dit de me débrouiller avec. Je suis arrivé 15 minutes avant leur concert, les membres de TREMONTI attendaient à côté de la scène. Je suis allé voir Mark et comme je ne savais pas si j’allais le revoir, je lui ai donné notre CD, on a parlé un peu et fait une photo et j’ai assisté à leur prestation depuis les coulisses. Je l’ai revu après le show et je lui ai aussi donné un t-shirt de DISCONNECTED. Nous étions à côté de la scène et ce qui est surprenant, c’est qu’il est revenu me voir de lui-même pour discuter. Le contact s’est créé et je suis vraiment heureux. Il a notre CD et notre T-shirt, alors... (sourire)

Y’a plus qu’à espérer !
Oui.  J’ai aussi pu rencontrer Jonathan Davis à qui j’ai également donné un CD et j’ai terminé ma soirée dans la loge des DEFTONES. Nous avons écouté les quatre premiers titres de DISCONNECTED et ils ont adoré et pris le CD aussi. Les loges des têtes d’affiche sont séparées des autres et j’ai pu y aller par le biais du hasard, au bon endroit, au bon moment.

Moi, j’ai la conviction personnelle qu’il n’y a pas de hasard. Les choses arrivent lorsqu’elles doivent arriver. Même si à la première écoute, j’ai eu du mal à rentrer dans votre univers, le fait de vous avoir vu en concert m’a confortée dans ma certitude que vous allez faire un beau parcours. Vous avez créé une musique vraiment unique et un univers très personnel. Vous avez le potentiel pour aller loin et vous avez tout intérêt à vous exporter.
On va tout faire pour !

A ce propos, as-tu eu des retours par rapport à l’album ? Comment a-t-il été accueilli ?
Oui, les retours presse et public ont été très positifs et ça fait vraiment plaisir de voir que ta musique est appréciée. On commence aussi à avoir des retours de l’étranger, eux aussi très positifs. Ivan a fait une interview avec un site américain et notre musique a été diffusée sur l’une de leur radio. Nous avons un autre retour avec le Japon (NDJ : avec le magazine BURNI). Des gens sont venus d’eux-mêmes pour nous dire qu’ils adoraient notre musique et allaient tout faire pour nous soutenir et tenter une percée chez eux, en plus de tout ça, nous avons reçu beaucoup de soutien sur Facebook, des commentaires très sympas de ceux qui ont écouté notre musique, qui nous demandent si on va venir jouer près de chez eux, qui attendent le prochain clip, etc...



Si, à l’avenir, le groupe est amené à tourner intensément, comment l’envisagez-vous, compte tenu du fait que vous ne vivez pas à côté les uns des autres ?
On est tous dans le même état d’esprit, on souhaite évoluer et tourner au maximum, et par conséquent, on est tous prêts à s’investir à fond. C’était le postulat de départ. Là, nous avons une équipe très soudée et même si nous n’avons fait que deux concerts, il y a une réelle osmose entre nous cinq. C’est d’autant plus flagrant avec l’arrivée de Florian, trois jours avant le concert de Troyes. Il a su s’approprier les compositions et s’intégrer au groupe en un temps record. Il a vraiment assuré. On ne s’est pas revus entre temps, avant le concert à la Boule Noire à Paris, mais le fait d’avoir passé du temps ensemble et de s’être appelés régulièrement nous a soudés encore plus. Nous étions tous contents de nous revoir et la cohésion entre nous s’est développée davantage.

Le concert de Troyes a en plus bénéficié d’une mise en lumière et d’un son parfait.
Oui, nos ingés son et lumières sont vraiment très investis. J’avais déjà vu le travail que pouvait fournir Emmanuel Roussel (NDJ : l’ingénieur lumière) sur un autre spectacle et ce qu’il a fait pour nous était vraiment chiadé. Le concert a été filmé mais, même si les rushes sont plutôt pas mal, le son n’est vraiment pas top.

En parlant de vidéo, Ivan nous a confié que vous alliez mettre en ligne quelques images tirées du concert à la Boule Noire…
Oui, nous avons monté une vidéo tirée du concert pour le titre "White Colossus", mais malheureusement, on n’a pas pu avoir un son correct. Donc on a mis le son du CD par-dessus, mais ça fait quand même un joli clip avec des effets, plutôt qu’un clip live standard et cet été nous avons prévu de tourner un deuxième clip en studio.

Ce sera pour quel titre ?
"Feodora". Il sortira vers septembre/octobre pour refaire de la promo, on ne connait pas encore trop la date. C’est un ami qui fait des vidéos et qui veut nous aider, alors, on ne veut pas lui mettre de pression. Mais, a priori, ça devrait être bon pour la rentrée.



On l’évoquait tout à l’heure, parle-moi un peu de ta formation et de tes influences musicales. Tu n’es pas né avec une guitare dans les mains ?
Non, j’ai commencé la guitare à 15 ans, un peu tard. J’ai pris des cours tout de suite et le premier prof que j’ai eu m’a vraiment transmis sa passion. J’ai rapidement voulu ne faire que ça et j’ai intégré la M.A.I. de Nancy, une école de musique professionnelle et réputée et même si on obtient un diplôme à la fin du cursus, il ne sert pas à grand-chose. L’intérêt principal réside dans les intervenants qui animent les master-classes. J’ai eu la chance de voir Steve Vai, Ritchie Kotzen et d’autres guitaristes de renommée mondiale. C’est super passionnant. Et puis en rentrant, j’ai tout de suite eu envie de créer DISCONNECTED et j’ai travaillé avec MELTED SPACE. Tout s’est enchaîné. Au niveau des influences, le premier groupe de metal que j’ai écouté c'était LIMP BIZKIT. Je les ai vus hier soir sur le côté de la scène, j’étais comme un gamin. J’ai eu une grosse période neo-metal, avec notamment DEFTONES. Puis j’ai découvert ALTER BRIDGE, DREAM THEATER aussi. C’est ce qui a forgé mon caractère en tant que guitariste.

L’idée de créer ton groupe est venu pendant que tu travaillais avec MELTED SPACE ou avant ?
Non, avant. Mais le fait de travailler avec eux m’a permis de faire des connaissances, de nouer des contacts, par exemple, Roger de Replica. C’était vraiment intéressant et ça m’a ouvert des portes, ça m’a permis surtout d’être pris au sérieux et du crédit. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir pu travailler avec Pierre (NDJ : Le Pape, le fondateur de MELTED SPACE). J’espère de tout cœur que les deux projets pourront continuer à cohabiter. Cependant, s’il y a un choix à faire quant aux éventuelles dates de concert, il est évident que ma priorité sera DISCONNECTED. Je n’ai pas fait tout ça pour rien et maintenu mon projet en gestation pendant toutes ces années pour devoir renoncer. Ce serait illogique.

Pour conclure, je suis très contente d’avoir pu passer un moment à discuter avec toi et on vous souhaite le meilleur pour l’avenir, nous-y croyons, vous avez un potentiel...
Merci. On bosse dur pour faire le plus de trucs possible. On a même reçu des soutiens assez improbables il n’y a pas longtemps. On espère que ça va se concrétiser dans les mois à venir.

Oui, j’imagine qu’il ne faut pas être pressé.
C’est sûr ! Mais il y a vraiment des gens qui veulent nous aider. On verra l’année prochaine pour les festivals et les dates qu’on aura. Je ne peux pas trop en parler pour l’instant car ce n’est qu’officieux. J’ai passé la soirée d’hier avec mon sponsor guitare et d’après lui, j’ai marqué des points. Je n’en ai quasiment pas dormi de la nuit tant cette soirée était extraordinaire. (Grand sourire).

Justement, à titre privé, comment vis-tu ce Hellfest ? Tu es content ?
C’est la troisième fois que je viens, les groupes sont prestigieux, l’ambiance est détendue, le site est immense et c’est super qu’on ait ça en France. Le Hellfest, c’est "the place to be". C’est mortel  et magnifique !

Merci à toi, Adrian, et tout notre soutien pour le futur du groupe.
Merci à toi aussi. A bientôt !


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Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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