« Etes-vous un vrai rockeur ? ». Telle est la question hautement existentielle à laquelle vous invite à répondre MONSTER TRUCK. Ben oui, bande de p'tits branleurs, c'est la rentrée, et si vous voulez vendre des hamburgers chez McDonald's plus tard, va falloir vous sortir les doigts du clapet à macarons ! Et c'est en présence du Professeur Snider que vous êtes conviés à un cours magistral sur ce que devrait toujours être le wock'n woll, le vrai. Un cours qui prend d'ailleurs des allures de sermon tant le débit de l'ex-TWISTED SISTER rappelle celui d'un évangéliste d'un nouveau genre. Bref, clin d'oeil à "I Believe In Rock'n'Roll" (remember « Come Out And Play » ?) ou pas, la nouvelle livraison de ces jeunes Canadiens, qui en sont à leur troisième méfait, démarre sur les chapeaux de roue. La moindre des choses quand on porte un tel patronyme, mais quand même ! "Thundertruck" ne remportera certes pas la palme du calembour de l'année mais continue d'épater la galerie avec son beau gimmick d'orgue Hammond qui lui donne des faux airs de DEEP PURPLE. Il est vrai que les claviers de Brandon Bliss (le groupe étant, en outre, constitué de Jon Harvey à la basse et au chant, Jeremy Widerman à la guitare et Steve Kiely à la batterie), sont l'un des éléments-clés de la musique de MONSTER TRUCK qui œuvre par ailleurs dans un hard rock bien ancré dans les 70's, aux influences bluesy assez prononcées.
Malheureusement, tout n'est pas idyllique dans ce tableau de rentrée scolaire et on sent que les vacances sont encore présentes dans les esprits, y compris pour les profs. C'est bien beau de gueuler à tout va qu'on est des vrais rockers, qui aiment beugler comme des bœufs avec deux bouteilles de Jack Daniel's dans le cornet dès 10 heures du mat', mais si c'est pour pondre un titre comme "Evolution", franchement, vaut encore mieux rester chez soi et se fader la derniére saison de Plus belle la Vie devant une bonne camomille. Disponible depuis quelque temps déjà en single, l'indigence de ce morceau (du NICKELBACK du pauvre !) n'est égale qu'à la nullité crasse de son clip : des jeunes rebelles en carton pâte, fraîchement sortis de chez le barbier, s'en prennent à des vilains policiers tout-méchants-pas-gentils-pour-deux-sous. Niveau concept, on n'atteint pas la stratosphère ! Non, franchement, MONSTER TRUCK en plumes, ça le fait pas. Heureusement que la suite n'est pas du même tonneau, et c'est avec plaisir que l'auditeur se prend les deux bombes qui suivent en pleine tronche : "Devil Don't Care", avec son harmonica fort à propos, et "Being Cool Is Over", au piano très sautillant. Deux morceaux qui sentent le Deep South à plein nez même si le terme "rock sudiste" serait ici quelque peu galvaudé.
Vient alors la seconde déception de ce « True Rockers », "Young City Hearts", 3'16 minutes de punk pour enfants proprement insupportables qui pourraient faire passer THE OFFSPRING pour MOTÖRHEAD. Que viennent faire ce titre et "Evolution" sur un disque par ailleurs remarquable en tout point ? Mystère, ou plutôt demi-mystère car les voies du music-business ne sont impénétrables qu'aux naïfs, et on imagine très bien quelque pression sur le groupe pour le faire décoller aux States, où les Canadiens sont bien moins populaires qu'en Europe. Un mal pour un bien, vous me direz, car "Undone" qui suit est sans doute le morceau de bravoure de « True Rockers » : une vraie-fausse ballade pleine d'âme sur laquelle Jon Harvey fait montre de belles capacités vocales. "In My Own World" déroule bien avec ses faux airs de SOUNDGARDEN, "Denim Danger" et "Hurricane" aussi, avant que "The Howlin'" ne vienne clore le disque dans une ambiance assez proche de MOLLY HATCHET. Un bien bel album, donc, qui confirme tout le bien que votre serviteur pensait déjà de « Sittin' Heavy », son prédécesseur et qui, lors de ses multiples soirées mondaines, lui amène souvent la réflexion suivante : "MONSTER TRUCK ? C'est beau comme un camion !".