8 septembre 2018, 8:26

CROSSFAITH

• "Ex_Machina"

Album : Ex_Machina

Dancecore on the dancefloor !

Oui, sur ce cri vous l’avez compris : CROSSFAITH, l’enfant terrible du metal japonais est de retour avec « Ex_Machina » pour une nouvelle aventure electro-metalcore. Cinquième album en moins de 10 ans, des prestations live impressionnantes (au Download 2018 notamment), c’est peu dire que CROSSFAITH est un groupe à suivre. Une formation qui "dance" sur le fil du rasoir, réussissant jusqu’à présent parfaitement la fusion de deux genres bien distincts, le metalcore et l’electro, mais s’exposant aussi à un possible basculement vers un style plus que l’autre (pour rappel les deux derniers EP assez décevants). Ouvrons les portes de l’arène et laissons entrer ces 5 déglinguos cyberpunks…

C’est devenu une habitude pour CROSSFAITH de livrer des disques amitieux et structurés. Car c’est d’un opéra moderne dont il est question. Des anges et des humains, des volontés asservies par la technologie. Ca transpire la sueur de droïde, la créature métamorphe luttant pour conserver une once d’intelligence dans un paradis artificiel. Pour introduction, "Deus Ex Machina" marie chœurs religieux et fantomatiques, cordes classiques et voix robotique parlée, puis balance des beats electro comme autant de pulsations cardiaques. Point de "Catastrophe", une rythmique mise très en avant avec les claviers de Terufumi, la voix de Kenta d’ores et déjà explore plusieurs registres, growl, slam et chant clair. Quant à la guitare de Kazuki, si elle se fait discrète, cette dernière reste un pilier des sonorités du titre. C’est plein de cohérence passé une première impression foutraque, et c’est surtout cyberénergétique.

"The Perfect Nightmare" monte la pression des pistons d’un cran. Guitare lourde et batterie frénétique avec un Kenta bien énervé (il a travaillé sa voix depuis « Xeno » le bougre), nous swinguons en plein hardcore revisité, je suis rassuré, CROSSFAITH reste avant tout un groupe de metal. Un monument ce titre. Mais également la volonté d’explorer plusieurs contrées metallifères et synthétiques.

CROSSFAITH a un côté Muppet Show. Je m’explique : nous avons 5 foufous qui font de la musique sans frontières, dont Tatsuya un allumé digne de Animal, le batteur fou de THE ELECTRIC MAYHEM BAND dans le show de Kermit ; ou encore Terufumi au clavier dont les danses endiablées sont gravées dans les mémoires. Ensuite, on trouve comme le spectacle des marionnettes, pas mal de stars invitées en pagaille. Après Benji sur l’album précédent (sur l’excellent "Wildfire"), c’est au tour de H09909 d’apporter son rap pour un pique-nique "Destroy". Rou Reynolds d'ENTER SHIKARI est invité sur "Freedom" qui, à l’image du T1000 de Terminator, est un champion de la mutation, ici musicale. Sur un tempo rapide, riffs lourds et beats electro folkloriques, ça hurle autant que ça rappe. Mentionnons en fin de disque l’hommage respectueux, avec "Faint" de LINKIN PARK où Masato de COLDRAIN vient prêter sa voix.

 Je sais qu’il sera difficile de vendre le concept aux metalleux old-school, quoiqu'avec mon allusion au Muppet Show j’arriverai peut-être à en attirer deux ou trois… J’ai un peu l’habitude avec mes chroniques de groupes de minets, mais franchement ce disque contient de magnifiques morceaux de bravoure : "Make A Move" qui groove et cogne fort, "Wipeout" débordant de fraîcheur, ou l’énorme brique dans la face qu’est "Daybreak". Au détour de cette lutte des classes musicales on trouve des surprises inattendues. "Lost In You" a des accents de BULLET FOR MY VALENTINE, ne fuyez pas c’est les bons côtés de ce dernier qui sont empruntés ! "Milestone" est du pur metalcore mélodique.

CROSSFAITH signe un album autant jouissif que culturellement intéressant. Ces faux déglinguos, mais vrais connaisseurs, proposent pas moins que de nous ouvrir à la tolérance musicale. Et cela afin de nous faire savourer toute la richesse des genres.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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