12 septembre 2018, 16:48

ALTER BRIDGE

• Interview Scott Phillips

Si ALTER BRIDGE n'est pas le premier groupe heavy à enregistrer un concert en compagnie d'un orchestre symphonique, « Live At The Royal Albert Hall - Featuring The Parallax Orchestra » est tout simplement sa plus belle réussite à ce jour. Et certainement l'un des meilleurs exercices de style en la matière. Myles Kennedy initialement annoncé n'étant finalement pas disponible, c'est Scott Phillips, ex-membre de CREED comme le guitariste Mark Tremonti et le bassiste Brian Marshall, qui assurait le service après-vente. Micro…


Cinq albums studio, quatre live… On ne pourra pas dire qu’ALTER BRIDGE ne revendique pas son statut de groupe de scène. Considérez-vous le studio comme un mal nécessaire ?
Scott Phillips : Pas vraiment. Le studio et le live sont deux aspects que nous apprécions. La créativité, la composition et l’enregistrement d’un côté, les concerts de l’autre. Nous avons des centaines de concerts à notre actif mais nous aimons toujours autant jouer en public. Ça nous rend heureux, tout simplement.

Pourtant, rares sont les formations à compter quasiment autant d’albums live que d'albums studio…
Nous avons la chance d’avoir une fanbase très fidèle qui s’agrandit régulièrement mais nous avons tous une famille avec qui nous avons envie de passer du temps entre chaque cycle album-tournée, ainsi que des projets personnels. Sortir un live nous permet de faire plaisir à ceux qui nous suivent tout en restant dans l’actualité.

A qui doit-on l’idée de faire jouer ALTER BRIDGE au Royal Albert Hall avec un orchestre symphonique ?
A Tim (Tournier), notre manager. Il nous en a parlé le soir de notre concert à l’O2 Arena à Londres, fin 2016, une des plus grandes salles britanniques. Après un silence, on lui a d’abord demandé s’il était tombé sur la tête (sourire) avant de reconnaître que ça nous branchait vraiment. Et on a accepté. Le Royal Albert Hall est une salle mythique qui a vu passer des groupes légendaires comme les BEATLES et PINK FLOYD, pour ne citer qu’eux. Un lieu magnifique chargé d’histoire en termes de musique. C’était un honneur pour nous.
 

« Nous avons des centaines de shows à notre actif mais nous aimons toujours autant jouer en public. Ça nous rend heureux, tout simplement. » – Scott Phillips


Pourquoi avoir porté votre choix sur le Parallax Orchestra ?
Nous en avions entendu parler à plusieurs reprises en termes très élogieux. Nous avons écouté ce qu’ils avaient fait avec BRING ME THE HORIZON (NDJ : « Live At The Albert Hall » sorti en décembre 2016) et le résultat nous a séduits, d’autant plus que les musiciens sont jeunes, très enthousiastes et qu’ils sont tous fans de rock. On n’a pas hésité longtemps.

Parle-nous de votre travail en amont avec Simon Dobson, le chef d’orchestre, et ses 52 musiciens…
Afin qu’ils puissent s’organiser et travailler tous les morceaux, nous leur avons proposé notre setlist environ quatre ou cinq mois avant les concerts. Nous sommes restés en contact, évidemment, et ils nous ont envoyé régulièrement de nouvelles idées d’arrangements. De notre côté, à leur demande, nous avons apporté quelques changements mineurs aux morceaux, ce qui fait que nous n’avons pas eu besoin de beaucoup pratiquer de notre côté. C'était préférable dans la mesure où nous n’avons disposé que deux jours pour répéter tous ensemble… C’était un peu stressant.
 


J’imagine que l’ambiance était tendue avant de monter sur scène le premier soir ?
Il y avait beaucoup de pression. C’était une première pour nous et il y a même eu un moment où je me suis demandé si on avait bien fait d’accepter car c’était un très gros défi. Mais nous l’avons relevé et je ne l’ai pas regretté une seule seconde depuis que nous avons posé le pied sur scène : je considère ce live comme le summum de ma carrière à ce jour.

Un avis largement partagé. Comment avez-vous établi votre set-list ?
Il y avait des morceaux “épiques” évidents, qui ne pouvaient pas ne pas y figurer comme "Fortress", "Blackbird" ou "Waters Rising" qui, on le savait, allaient prendre une nouvelle dimension avec un orchestre symphonique. Mais aussi des titres comme "Addicted To Pain" ou "Ties That Bind", par exemple. L’idée était de proposer un répertoire varié avec quelques surprises.

Comme "Words Darker Than Their Wings" par exemple, que vous n’aviez encore jamais joué sur scène depuis la sortie d’« AB III », en 2010. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Il y a une note très haute à la fin que Myles (Kennedy, le chanteur/guitariste, NDJ) doit tenir et il craignait qu’en interprétant régulièrement la chanson en live, elle n’endommage ses cordes vocales. Nous avons insisté à l’époque de la sortie de l’album car c’est une de nos chansons préférées à tous les quatre, mais il a toujours refusé. Nous avons réfléchi à une alternative, lui avons proposé de laisser le public chanter cette partie ou encore de retravailler la fin. Là encore, il a refusé catégoriquement en disant que s’il chantait "Words Darker Than Their Wings", ce serait comme sur l’album et pas autrement. Même si peut-être une fois par semaine, on la jouait à la balance, il ne chantait jamais cette dernière note. On a donc laissé tomber… jusqu’à la préparation de ces deux concerts exceptionnels où j’ai remis l’idée sur le tapis. Depuis, la chanson a été rejouée plusieurs fois en live mais je ne sais pas si elle sera intégrée de façon régulière à notre setlist.

Quand vous attellerez-vous à la composition du successeur de « The Last Hero », votre dernier album studio en date sorti en 2016 ?
Nous nous retrouverons en début d’année pour composer. L’enregistrement est prévu au printemps. Quant à l’album, il devrait sortir à l’automne 2019 et être suivi, ou légèrement précédé, d’une tournée.
 

« Sur "Words Darker Than Their Wings", il y a une note très haute à la fin que Myles doit tenir et il craignait qu’en interprétant régulièrement la chanson en live, elle n’endommage ses cordes vocales. » – Scott Phillips


Mark a sorti un nouvel album avec TREMONTI (« A Dying Machine ») et tourne pour le promouvoir. Myles, qui a enregistré son premier album solo (« Year Of The Tiger ») et qui est lui aussi parti le défendre sur les routes, est de retour aux côtés de Slash avec un nouveau CD (« Living The Dream ») et une nouvelle tournée. Comment faites-vous pour vous y retrouver et, surtout, vous retrouver ?
Tout est une question d’organisation. Nous savons tous les quatre ce que nous ferons dans les 18 à 24 mois à venir. C’est obligatoire de tout planifier sans quoi, impossible que tout fonctionne.

Par contre, PROJECTED, ton projet parallèle qui a deux albums à son actif, ne fait pas beaucoup de concerts…
Le problème, c’est qu’Eric (Friedman) joue de la guitare dans TREMONTI et que John (Connolly) et Vinny (Hornsby) font partie de SEVENDUST qui tourne beaucoup. Du coup, difficile d’être tous disponibles en même temps. Mais l’important pour moi, c’est que l’on s’éclate à jouer ensemble quand on se voit.

 

Retrouvez la chronique de « Live At The Royal Albert Hall - Featuring The Parallax Orchestra » ici.
 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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