28 septembre 2018, 23:20

ANATHEMA

@ Lille (Le Splendid)


« Merci de tout cœur, c’était une très, très belle soirée. C’était énorme, très spécial » déclare Vincent Cavanagh, alors que les ultimes notes du magnifique "Untouchable, Part 2" se diluent dans un Splendid ivre d’émotion. Cette déclaration, comme toute l’œuvre d’ANATHEMA, résonne d’une sincérité touchante, désarmante. Pour la première date de sa tournée "Ambient Acoustic", le groupe a livré une prestation digne de son immense talent. Ce concert était un après-midi d’automne, voilé, brumeux, mais éclairée d’un pâle soleil, d’une lumière tendre et nostalgique. Les Anglais ont dessiné un paysage apaisé, où les tourments se drapent de mélancolie, à l’image de l’immortel "One Last Goodbye", repris en douceur par le public, face à un Vincent ému et silencieux.

A l’annonce de ces concerts, Daniel Cavanagh expliquait : « Nous voulons arranger notre musique dans une troisième voie, dans cet espace entre l’acoustique et le groupe rock en live. Dans cette configuration, nous nous sentons libres d’explorer différentes textures. ». Après la diffusion du faussement naïf "Because" des BEATLES – on reste entre gens de Liverpool et de bonne compagnie – le chanteur/guitariste, seul sur les planches, enregistre le riff de "Springfield", le lance sous forme de boucle… et, déjà, la magie opère. Malgré quelques minuscules imprécisions, quelques petits grésillements et un "Fragile Dreams" décevant avant les rappels, elle flottera durant l’heure 50 du concert.

Les deux frères et Lee Douglas, aux interventions déchirantes, se partagent les vocaux qui tissent des entrelacs délicieux, qui nouent des liens d’une douceur infinie – "Ariel", la solution parfaite de l’équation voix + guitare. Daniel Cardoso – qui a proposé un set de 30 minutes instrumental et inégal en première partie – assure les claviers et John Douglas pose avec justesse sa batterie. ANATHEMA et "A Natural Disaster" sont enrichis du violon d’Anna Phoebe, du duo AVA, qui a séduit la foule avant de céder la place à la tête d’affiche. La soirée s’était ouverte sur 30 minutes dispensables, de Mike St-Jean, le responsable des lumières.

Le concert se déroule dans une pénombre bleutée, devant un écran morcelé où défilent des références aux pochettes des derniers albums du groupe. Les instants de grâce se succèdent, entre un "Thin Air" à l’irrésistible montée en puissance, dans le sillage des claviers de Vincent, jusqu'à un "Natural Disaster" bouleversant, à la seule lumière des portables. Un détour par la pop ("Can’t Let Go") et une escapade vers le monde des machines ("Closer") donnent des reflets variés à la prestation, la colorent de teintes piquantes.
Si le set est en grande partie acoustique, le groupe dégage une réelle énergie, incarnée par Daniel. En maître de cérémonie, l’aîné se retrouve parfois seul sur scène, comme sur un "Are You There?" limpide et fluide, se plante devant la batterie sur les morceaux les plus enlevés, réclame le silence quand la salle se fait bruyante à mauvais escient. Le concert, rituel cathartique, se clôt sur les immenses "Untouchable, Part 1 & 2".
« Merci de toute cœur, c’était une très belle soirée » aimerions-nous dire, nous aussi, à Vincent Cavanagh et sa bande.


Photos © Sébastien Feutry / Hard Force


Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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