12 novembre 2018, 11:33

ANATHEMA / CARDHOUSE

• Interview Daniel Cardoso

C'est en écoutant la compilation « Internal Landscapes (2008 - 2018) » qui célèbre les 10 dernières années d'ANATHEMA au sein de Kscope Music que nous nous sommes intéressés à d'autres talents qui se cachent derrière le groupe de Liverpool. Qu'il s'agisse de la carrière solo et très personnelle de Daniel Cavanagh, aux prestations de son frère Vincent, en passant par le travail de producteur reconnu de Daniel Cardoso ou à la tournée "Ambient Acoustic", étape dont ANATHEMA a parfois besoin pour donner de nouvelles sonorités à certaines de ses chansons.
C'est sur la carrière de Daniel Cardoso que l'on s'est arrêté, délicatement, comme ce geste que le batteur d'ANATHEMA a pour habitude lorsque qu'il pose ses baguettes soigneusement sur la caisse claire à la fin d'une prestation. Soigneusement, comme son travail de producteur en ses Ultra Sound Studios à Lisbonne avec ANGELUS APATRIDA, Anneke van Giersbergen ou KANDIA pour ne citer qu'eux, en studio récemment avec ANTIMATTER (groupe que Mick Moss a fondé avec l'ex-ANATHEMA Duncan Patterson), ses projets parallèles dont CARDHOUSE et cet album brillant « City Blur », terminé en 2015, et que le perfectionniste multi-instrumentiste a choisi de ré-arranger parce qu'il n'était pas, selon lui, suffisamment parfait.

D'un coté, CARDHOUSE, le groupe, projet initialement appelé DC et dont il aura fallu chercher un nouveau nom qui ne soit pas prétentieux, et prochainement un nouvel album « Cercle », celui-ci plus electro-ambient, sous le nom de Daniel Cardoso.
Après avoir rétroactivement écouté « City Blur » de CARDHOUSE et ses sonorités modernes, délicates et émotionnelles comme la version "live-studio" (en mai 2017) de "Ink", premier single publié en avril 2017, un an avant la sortie officielle de l'album, sur laquelle Daniel rend hommage à Chris Cornell sur une fin délicieuse en posant, d'une douce voix, le refrain de "Black Hole Sun" de SOUNDGARDEN. Ce sont ces petits détails émotionnels qui ont été le déclencheur de quelques questions que nous avons posées à Daniel Cardoso, l'homme au château de cartes qui sait faire parler les notes de musique, en toute humilité.

 

Daniel, merci de nous accorder un peu de ton temps précieux. Comment se sont passés les récents concerts de la tournée "Ambient Acoustic" avec ANATHEMA ? 
Tout s'est très bien passé. Cette tournée était vraiment spéciale, c'est sûr. L'aventure a été poussée au-delà de toutes nos espérances et je pense que le public l'a également ressenti de la sorte.

Comment s'est décidé ton set de première partie avant AVA ?
Au début, il était prévu que CARDHOUSE serait la principale première partie mais il s'est avéré que cela aurait été logistiquement impossible. Au même moment, les choses se sont un peu embrouillées et mon nom a finalement été annoncé pour assurer la première partie avant même que je ne sois au courant. C'est aussi à ce moment-là  que je me suis rendu compte qu'AVA était aussi sur l'affiche. La décision que je jouerais avant AVA est venue du management ou des membres influents du groupe et je n'ai pas eu mon mot à dire. Mais ceci n'est pas très important. En fin de compte, on était tous là pour promouvoir notre musique je pense.

Est-ce que ta prestation était centrée sur ton prochain album solo « Cercle » ou est-ce que tu as joué un peu de l'album « City Blur » de CARDHOUSE ?
Tout le concert a été dédié exclusivement à mon prochain album d'ambiant-musique « Cercle ». CARDHOUSE est quelque chose de totalement différent.

J'aimerais que l'on parle de cet album de CARDHOUSE sorti en mars 2018, et qui est une véritable réussite musicale, cela faisait un moment que tu travaillais sur ce projet ?
« City Blur » a été une longue et douloureuse aventure. Il a connu de nombreuses versions et de nombreux changements. Tout a commencé lorsque j'ai voulu faire quelque chose de mon côté mais je n'étais pas encore sûr de la direction que j'allais prendre. Alors pendant la période de 5 ou 6 ans utilisées pour composer l'album, les choses n'ont pas cessé d'évoluer en parallèle de ma perception de la musique. J'ai failli abandonner plusieurs fois mais en fin de compte, j'en suis venu à bout. Ce n'est pas parfait mais c'est mon premier essai d'album solo. Les prochaines tentatives seront plus concluantes j'espère.

Ce disque regorge de compositions très plaisantes à écouter, rien est à jeter... Peut-on dire qu'il est très personnel ?
Extrêmement personnel, parfois trop. C'est peut-être la raison pour laquelle je suis surprotecteur avec cet album.

CARDHOUSE c'est Daniel Cardoso tout seul ou as-tu invité des musiciens pour travailler sur l'enregistrement ?
C'est moi à 99% mais j'ai reçu deux invités, Tobel Lopes a écrit les paroles de deux morceaux et a chanté sur une ("Towards The Center"), alors que Fábio Almeida a joué deux soli sexys au saxo.

On entend parfois des tonalités et harmonies qui font penser à DEPECHE MODE, MUSE ou encore Steven Wilson, parfois même aux New-Yorkais JOLLY , c'est la new-wave d'aujourd'hui, alternative mais aussi progressive ?
Je ne suis pas vraiment dans le progressif en ce moment. J'ai beaucoup de respect pour Steven Wilson. Il a beaucoup de talent à plusieurs égards mais je ne suis pas un grand connaisseur de sa musique. Mais je respecte l'homme qu'il est. Ou le Monsieur, appelons-le Monsieur par respect. Mais en effet, DEPECHE MODE et même MUSE font partie des influences possibles pour cet album, en même temps que NINE INCH NAILS ou plus surprenant, THE WEEKND ou Lana Del Rey.

Alors cet album est disponible à l'achat en digital sur Amazon et pour ceux qui souhaitent avoir entre les mains l'objet, il doivent passer par ton site officiel, j'aimerais que tu nous présentes les formats disponibles pour « City Blur »...
Tu as tout dit, il y a le format digital disponible en ligne et sur les services de streaming et la version physique disponible en 4 packs différents sur le site officiel. Je voulais faire aussi une jolie version vinyle mais les ventes actuelles ne permettent pas encore un tel investissement. Peut-être plus tard, qui sait.

As-tu envisagé de te rapprocher d'une maison de disques dans le futur, ne serait-ce que pour la distribution de tes prductions ?
J'y ai pensé oui mais à l'époque des réseaux sociaux, il y a beaucoup d'avantages à être un artiste indépendant et son propre agent. Je suis le seul responsable de ma direction musicale et j'ai ma liberté artistique. J'ai en plus la chance d'avoir une portée considérable en tant qu'individu simplement grâce aux outils des réseaux de ces dix dernières années. Un label m'apporterait encore plus d'amplitude, c'est sûr, mais cela voudrait aussi dire que je perdrais le contrôle de certaines choses et pour le moment, je veux garder ce contrôle.
 

"Je peux jouer de n'importe quoi, j'ai juste envie de jouer car c'est une des meilleures choses dans la vie pour moi."



Ultra Sound Studios


Comment t'est venue cette passion du son et des tables de mixage ?
Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été passionné par la musique et les sons. J'ai appris seul avec autant d'équipements sonores et musicaux que possibles car c'était une pure nécessité et aussi parce que j'avais envie d'être capable de faire ma propre musique. C'est comme ça que tout a commencé.

Te souviens-tu du premier disque que tu as acheté ? 
Le premier disque que je me souviens avoir acheté avec mon propre argent en entrant dans un magasin de musique seul c'était le « GN'R Lies » de GUNS N' ROSES. J'avais économisé de l'argent sur mes repas et utilisé mes étrennes.

Je ne mentionnerai pas ici tous les groupes pour le son desquels tu as travaillé comme Anneke van Giersbergen ou ANGELUS APATRIDA par exemple, mais n'as-tu jamais été contacté par Fernando de MOONSPELL ?
Fernando et moi avons de bonnes relations de potes éloignés qui boivent des coups ensemble. Je l'aime beaucoup, c'est quelqu'un d'extrêmement intelligent et drôle. Il y a quelques années, j'avais émis l'idée que je pourrais travailler avec MOONSPELL en tant que producteur mais il m'a répondu qu'il était très satisfait de son producteur de l'époque, ce que je comprends totalement. Peut-être qu'un jour nous travaillerons ensemble. J'aime le groupe ainsi que les membres de MOONSPELL.

Sur quoi te concentres-tu professionnellement en ce moment si ce n'est pas indiscret ? 
Je suis sur le point de commencer la pré-production de l'album d'un groupe local qui n'a rien à voir avec le heavy. Je travaille aussi sur une nouvelle chanson de HEAVENWOOD et j'essaye aussi de finir mon album ambiant « Cercle ». J'ai aussi d'autres petits projets en attente. Je suis extrêmement occupé jusqu'à la fin de l'année.

Je voudrais que l'on parle un peu de « Cercle ». Si je comprends bien, ce n'est pas un album de CARDHOUSE mais plus un album solo, ambiant de Daniel Cardoso ?
Oui, « Cercle » est un album ambiant basé sur du piano que je sors sous mon propre nom. Il a déjà été introduit sur scène en tant que spectacle audiovisuel alors que CARDHOUSE est plus comme un projet au format groupe. L'album « Cercle » a commencé à être mis en place au moment où j'écrivais « City Blur », mais il n'avait rien à voir. Il est né de mon amour pour les bandes originales et l'ambient-music. C'est une approche musicale totalement différente.

On va un peu parler d'ANATHEMA que tu as rejoint en 2011, 2012 au claviers dans un premier temps, comment s'est faite cette rencontre ?
La première fois que j'ai joué avec ANATHEMA, c'était pour un remplacement au pied levé du batteur John Douglas lors d'un concert qu'il ne pouvait pas assurer (en Tunisie). Quelques mois plus tard, on m'a demandé si je pouvais rejoindre le groupe en tant que claviériste live, ce que j'ai bien sûr accepté. Quelques années plus tard, le groupe m'a demandé de passer du clavier à la batterie et sur cette dernière tournée, ils m'ont demandé de revenir aux claviers. J'ai personnellement toujours préféré jouer de la batterie mais à ce stade de ma vie, l'instrument duquel je joue n'a plus d'importance. Je peux jouer de n'importe quoi, j'ai juste envie de jouer car c'est une des meilleures choses dans la vie pour moi : me produire sur scène et jouer.

C'était le choix de John Douglas de te laisser le poste de batteur dans le groupe ?
C'était le choix du groupe mais je ne sais pas si John a eu son mot à dire. Je ne lui ai jamais demandé.

Sans vouloir être indiscret, êtes-vous en train de travailler sur le successeur de « The Optimist » ou est-ce que c'est encore trop tôt pour en parler ?
Je ne fais pas vraiment partie du processus d'écriture dans le groupe mais je peux te dire qu'on ne peut jamais arrêter la force créative qui est derrière ANATHEMA. Donc oui, il est probable qu'il y ait déjà un successeur à « The Optimist » à l'ordre du jour.

Nous avons tous des moments dans nos vies qui ont été marqués par une chanson, un album. Si tu devais aujourd'hui choisir LA chanson de toute ta vie, celle que tu gardes toujours auprès de toi, quel que soit le style, laquelle choisirais-tu ? 
Je crains toujours ces questions «  choisis un/une... » parce que lorsqu'il s'agit de chansons, j'ai toujours du mal à n'en choisir qu'une. Mais disons qu'un morceau qui m'a toujours suivi lors des différentes étapes de ma vie, c' est "Pilots" de GOLDFRAPP. J'aimerai probablement toujours ce titre quand j'aurai 90 ans. Et oui je suis un gars plutôt doux...

Fans d'ANATHEMA ou de ta carrière solo, beaucoup restent impatients de vous voir, et te voir, dans le sud-est de la France où vous vous faites rares, je sais que ce n'est pas forcément toi qui décides de cela mais peut-on leur promettre quelques dates sur la Côte d'Azur lorsque vous passerez sur la route vers l'Italie par exemple ? (sourire)
J'adorerais m'y produire soit avec CARDHOUSE soit pour l'album « Cercle ». En ce qui concerne ANATHEMA, il est évident que le groupe a une très bonne relation et un très bon contact avec la France donc je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas jouer là-bas. Malheureusement, je ne peux rien te promettre, mais je peux t'assurer qu'aussi bien ANATHEMA que moi aimerions venir sur la Côte d’Azur...


En attendant l'arrivée de « Cercle » et de fraîches nouvelles d'ANATHEMA, vous pouvez commander l'album « City Blur » de CARDHOUSE en suivant ce lien : cardhouse.ink/packs




Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Toto El Baxxozorus
le 13 nov. 2018 à 12:12
Cardhouse est un magnifique opus : ce mec a un talent hors pair
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