17 février 2019, 10:26

LAST IN LINE

• Interview Vivian Campbell

Vivian Campbell, le guitariste de DEF LEPPARD, revient avec un second album de LAST IN LINE. Intitulé « II » (le 22 février chez Frontiers Music Srl), il est loin d’un hommage à son premier groupe DIO. Entité à part entière dans le paysage musical, le groupe revient avec quelque chose de plus heavy. Campbell, en parfait gentleman, nous en parle mais évoque également son futur, son passé et sa lutte contre sa maladie.


Bonjour Vivian, peux-tu nous dire quelques mots sur LAST IN LINE ?
Nous sommes venus en France qu’une seule fois mais nous avons vraiment apprécié l’énergie communicative des Français ! Nous espérons revenir et jouer plusieurs fois. Une seule date à Paris ne suffit pas.

Quelle est l’histoire de « II », le second album du groupe ?
Pour moi, cet album est le véritable second album d’un groupe. Il montre quelque chose de plus mature par rapport à « Heavy Crown », le premier disque de LAST IN LINE. L’écriture est plus complexe. C’est plus puissant, il y a plus de riffs. Cela concerne vraiment toutes les chansons. Le groupe a fait un certain nombre de concerts ces dernières années. Phil Soussan (basse) a remplacé Jimmy Bain qui est malheureusement décédé. Nous nous connaissons tous bien, nous avons fait évoluer et grandir le groupe. Tout cela se reflète parfaitement sur les chansons de l’album « II ». C’est donc en partie la raison qui explique pourquoi j’ai voulu appeler cet album ainsi. Je sais que ce n’est pas très original et que plein de groupes l’ont fait avant nous. Je te le redis, pour moi, c’est vraiment le second album d’un groupe mature qui veut avancer et évoluer positivement sur le plan musical. Je voulais aussi estomper la confusion autour du nom du groupe. LAST IN LINE est un projet qui est né à partir du titre du second album de DIO. Nous y participions tous. J’aurais pu appeler le groupe autrement. Quand nous avons débuté ce projet, il y avait peu d’ambition. Nous vivions tous à Los Angeles et nous voulions un truc fun. Vinny Appice (batterie), Jimmy Bain et moi nous sommes retrouvés et avons trouvé ça intéressant de rejouer des titres de notre carrière avec Ronnie James Dio mais avec différents chanteurs. Cela remonte à 2011 toute cette histoire. Ronnie est parti une année avant. Cela prenait tout son sens de jouer ces anciens morceaux ensemble. Jimmy, Vinny et moi étions les "last in line". Donc, le nom du groupe est né ainsi. Le projet a grandi avec la possibilité d’écrire des titres originaux. Au début, les gens ont trouvé cela un peu confusionnant que le groupe prenne ce nom mais avec notre travail nous avons tout fait pour montrer que cela allait au-delà d’un nom. On l’appelle plus maintenant LIL et les titres sont bien plus heavy sur « II ». Les gens nous identifient bien sûr. « Heavy Crown », notre premier album posait les bases, « II » clarifie les choses. 

Quel a été le processus d’écriture de « II » ?
C’est exactement le même que pour le premier album « Heavy Crown », le même que pour « Holy Diver », « Last In Line » et « Sacred Heart » de DIO ! Nous n’apportons pas de chansons toutes faites au groupe. Nous apportons des idées, des riffs, tout le monde joue ensemble et combine les idées. Nous faisons naître ainsi les chansons d’une manière organique. Cela marche pour ce groupe, cela marchait pour le line-up original de DIO. Cependant, cela ne marche pas ainsi pour tous les groupes. Par exemple, pour DEF LEPPARD, cela ne fonctionne pas ainsi. C’est très différent. Pour LAST IN LINE, c’est comme ça ! C’est rock'n'roll !

Phil Soussan est le nouveau bassiste du groupe. Comment s'est décidé ce choix ?
Nous nous connaissons depuis très très longtemps, tu sais ! Je ne le connais pas très bien personnellement mais Vinny, oui. Après le décès de Jimmy, nous avons auditionné un certain nombre de bassiste en même temps, sur plusieurs jours. Malfgré le fait qu’ils étaient tous connus, quand Phil est arrivé, nous avons tout de suite su que c’était le bon pour différentes raisons. Il a le même pedigree que nous, il a joué avec Ozzy Osbourne dans les années 1980 lorsque nous étions dans DIO. Nous apprécions et jouons le même style de musique. Nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois à cette époque et nous avons la même culture musicale. Il a un bon look, il sonne bien. Il écrit bien. Il est très professionnel. C’est vraiment ce que nous avions présumé dès le début pour nous. Il est anglais, Jimmy était écossais. Il y a un peu de l’irlandais dans le groupe aussi. Tout cela joue également. Il y a, comme quand Jimmy était parmi nous, deux européens et deux américains. Cette balance se maintient et elle est nécessaire pour le groupe. Ca fonctionne bien pour nous, pour moi !
 

"Andrew Freeman est le type d’auteur qui écrit des textes sur ce qu’il voit, observe, ressent. Il y a peu de chansons d’amour.".



"Landslide" a été le premier single de ce nouvel album. Pourquoi ce choix ?
Pour moi, c’était la première chanson à sortir, la plus immédiate, la plus efficace. Elle est representative de ce que je te disais pour ce second album. Nous aurions pu choisir d’autres titres mais "Landslide" avait ces accords et ce refrain immédiats ! Nous avons naturellement pensé dans le groupe que ce serait le premier single et la première vidéo de « II ». Nous allons sortir une lyric-video pour le titre "Year Of The Gun". Elle est plutôt rapide dans son tempo. Les gens pourront lire les paroles sur YouTube. Beaucoup pensent que c’est une chanson sur les armes mais ce n’est pas le cas. En tant qu’artistes, nous reflétons ce que la société nous renvoie ainsi que ses problèmes. Andrew Freeman, notre chanteur, a écrit les paroles. Il vit à Las Vegas et il était présent l’année dernière lors de la fusillade durant cet événement musical dans sa ville. Nous étions touchés par ce massacre en tant que musicien et Andrew encore plus pour sa ville. C’est le second attentat le plus violent à Las Vegas. "Year Of The Gun" n’est pas une constatation politique sur le problème des armes mais plutôt un reflet de l’événement aux USA. Cela pourrait être ailleurs dans le monde. Les paroles sont sombres comme sur certains titres de l’album. Elles reflètent le côté sombre de l’humanité où nous vivons. Andrew est le type d’auteur qui écrit sur ce qu’il voit, observe, ressent. Il y a peu de chansons d’amour. Il est aussi différent de Ronnie qui était plutôt dans le style dragons, donjons, arc en ciel et trucs mystiques. Andrew met de la colère dans ses paroles. Il est affecté par certains événements, certaines situations.

Pourrais-tu nous dire quelques mots sur des chansons de l’album comme "Blackout The Sun", "Give Up The Ghost" ou encore "Sword From The Stone" ?
Sincèrement, Andrew pourrait te répondre mieux que moi car il a écrit l’ensemble des paroles et des thèmes de « II ». "Blackout The Sun" parle de leadership comme ce que l’on peut voir en politique avec toutes ses conséquences.



Des projets de concerts et de tournées ?
Nous avons eu notre premier concert en janvier. Nous allons tourner aux USA jusqu'au mois de mai 2019. Je retourne tourner avec DEF LEPPARD avec notamment des festivals en juin en Europe. Nous serons au Hellfest pour la seconde fois en tête d’affiche. Avec LAST IN LINE, nous allons jouer au Download Festival en Angleterre sur la main-stage. Nous ouvrirons la journée et DEF LEPPARD la fermera. Ce sera une longue journée pour moi (rires) ! Deux jours avant, nous ferons un concert dans un club à Londres. Je serai en tournée tout l’été avec DEF LEPPARD. Je finirai fin septembre. J’espère terminer le dernier trimestre de l’année 2019 avec LAST IN LINE en Europe.

Faisons maintenant le questionnaire "Let’s get back to the future"... Quel album de DIO préfères-tu et pourquoi ?
J’aime les deux premiers albums même si j’ai une préférence pour « Last In Line ». Il représente vraiment quelque chose pour moi. Je n’aime pas « Sacred Heart » par exemple, car il y a plein de mauvais souvenirs. Il a été difficile à écrire et à enregistrer. Le groupe commençait à décliner. C’était devenu une réalité. Ronnie se séparait de sa femme qui était aussi la manager du groupe, il était triste, en colère, sombre. Cela se répercutait sur tout. C’était vraiment différent des deux premiers albums. Pour ces derniers, tout le monde était toujours présent au studio pendant les enregistrements. Tu avais fini tes parties, tu restais au studio, tout le monde était là. L’excitation était palpable. Pour « Sacred Heart », dès que tu avais terminé tes parties, tu quittais le studio. Personne n’était là. Chacun faisait son job et partait. Personne ne restait et ne voulait ressentir ce que Ronnie pouvait exprimer. C’était vraiment un disque difficile à réaliser.  

Le meilleur et le plus mauvais souvenir de tes jours dans DIO ?
La tournée "Holy Diver". C’était super. Ronnie était populaire. Nous nous éclations. Le succès grandissait mais Wendy Dio voulait que Ronnie se sépare du groupe. Elle n’a jamais vu DIO comme un groupe mais plutôt le projet solo de Ronnie. Elle n’a jamais prêté attention à la valeur ajoutée que nous apportions à DIO. Tout le monde était remplaçable pour elle : un autre guitariste pouvait jouer les parties de guitare, pareil pour la basse et la batterie. C’est vrai mais cela retire l'alchimie particulière d’un groupe qui fait naître et grandir un album. Ronnie était au courant de cette situation mais se rangeait du côté de sa femme car il la craignait un peu et il a accepté de se séparer du line-up original. J’ai été viré puis Jimmy... Vinny a quitté le groupe. Le line-up d’origine était vraiment spécial !

Qu’aimerais-tu dire à Ronnie s'il était encore en vie ?
Je crois que si Ronnie était toujours vivant et libéré de ses gardiens qui l’ont empêché de continuer avec le groupe, nous nous serions rencontrés, serrés la main, pris dans les bras. Nous aurions marché, discuté, bu quelques bières. Nous nous serions revus et aurions écrit de nouvelles chansons pour faire un nouvel album. Malheureusement, dans cette industrie, les gens préfèrent séparer les personnes pour mieux les contrôler, ceci au profit de la créativité, pour faire plus d’argent. Ca arrive tous les jours dans cette industrie !

Que penses-tu de ces concerts avec l’hologramme de Dio ?
Honnêtement, je n’ai vu qu’une video sur internet de ce concert. Je ne peux pas en dire grand-chose. Tout ce qui fait la promotion de l’héritage de la musique est bénéfique, surtout pour ceux impliqués dedans. Ce que DIO DISCIPLES fait avec ou sans cet hologramme de Ronnie est bénéfique pour LAST IN LINE. L’inverse est également vrai ! Cela apporte quelque chose à tout le monde. Nous avons notre deuxième album avec des chansons originales mais nous jouons toujours en live des titres de DIO. Personne ne joue mieux que Vinny et moi les titres des deux premiers albums. Cela nous fait toujours quelque chose !
 

"J’adore mon travail avec DEF LEPPARD. Avec LAST IN LINE, je refuse de chanter, je ne veux faire que de la guitare.".


Un souvenir de la période WHITESNAKE ?
C’était la gloire, le succès, tout est allé très vite. Le groupe s’est vite formé. Nous avons peu répété au début, nous avons enregistré plusieurs vidéos puis un peu répété avant de partir en tournée. C’était intense et long, 15 ou 16 mois. Le succès a été vite présent. J’ai apprécié tout ce qui s’est passé, les musiciens, les équipes avec nous, le succès. Je ne me suis jamais senti dans un groupe mais c’était très talentueux. C’était beaucoup de vidéos, de sessions photos, de concerts. Nous n’avons pas eu le temps de nous connaître les uns et les autres musicalement parlant. L'alchimie musicale aurait pu être énorme mais elle n’a pas eu lieu. Je ne l’ai jamais ressenti comme ce qu'il y avait avec DIO au début. La vraie chimie était là avec DIO.

Et avec RIVERDOGS ?
C’était un super moment. C’est un super groupe. Le chanteur est formidable, talentueux. J’ai adoré bosser avec eux. Nous avons fait un super travail ensemble. C’est un moment important de ma carrière. Ils méritent une plus grande visibilité sincèrement.

...DEF LEPPARD ?
Il y en a des tonnes ! Mais je te dirais, ma première prestation avec le groupe au concert en hommage à Freddie Mercury qui était un gros événement. Brian May est venu jouer avec nous. C’était retransmis dans le monde entier. Un moment énorme. Nous avions fait un concert dans un club à Dublin, quelques jours avant. Ce n’est qu’un des grands moments que j’ai vécus avec DEF LEPPARD. Il y a eu la tournée des stades avec JOURNEY, le Rock and Roll Hall Of Fame dans quelques mois... 2018 a été formidable pour le groupe.

Comment va ta santé ?
J’ai envie de te dire bien. Je suis en rémission avec l’immunothérapie comme traitement. Les deux premières années, j’étais en essai clinique pour avoir ce traitement qui n’est pas disponible sur le plan commercial. J’ai ce traitement en perfusion une fois par mois. C’est difficile avec mon emploi du temps de tournée. C’est parfois difficile après le traitement. J’ai toujours ce cancer mais il n’a pas évolué depuis plusieurs mois maintenant. Mes docteurs m’autorisent donc à partir en tournée. Les résultats sont bons. Je continue ma vie et mon job avec très peu d’effets indésirables dû au traitement. Je me sens fort mentalement et physiquement. Je continue à me battre. Je minimise les effets secondaires. J’ai continué à bosser même quand j’étais chauve, je vomissais à cause du traitement mais je refuse de capituler face à ce cancer. Je continuerai à me battre, à travailler, à créer. Je n’ai jamais été aussi occupé depuis que j’ai cette maladie, j’ai fait deux albums avec LAST IN LINE, un pour RIVERDOGS, un avec DEF LEPPARD, plein de concerts et de tournées ! Je continue à travailler jour après jour et  à apporter de la joie dans tout ce que je fais.

Quelle est ton addiction positive ?
Mon travail je te dirai. Dans DEF LEPPARD et LAST IN LINE. Au sein de DEF LEPPARD les parties de guitare sont de véritables challenges car nous chantons tous et beaucoup. Tout est live, rien n'est enregistré. Nous sommes contents de ces challenges. J’adore mon travail avec DEF LEPPARD. Avec LAST IN LINE, je refuse de chanter, je ne veux faire que de la guitare. Je joue tout : les parties mélodiques, les riffs, les solos. Dans DEF LEPPARD je partage les guitares avec Phil Collen, il joue la majorité des solos, les miens dans LAS IN LINE sont plus complexes. Jouer de la guitare me rend vivant. Je suis heureux de jouer dans DEF LEPPARD dans de grands endroits et à un moindre niveau avec LAST IN LINE. La récompense est la même pour moi cependant !

De futurs projets avec DEF LEPPARD ?
Nous écrivons des chansons. Je sais que Phil Collen, Joe Elliott et Rick Savage ont pas mal d’idées. J’ai aussi les miennes. Pas de plan d’enregistrement pour cette année. Nous allons probablement nous rencontrer pour échanger ensemble. Nous ne serons pas en studio avant 2020 pour un nouvel album de DEF LEPPARD.

Merci Vivian pour cette conversation...
Merci Laurent, on se voit au Hellfest cet été pour la seconde fois. Bye bye !


Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Philippe Cabot
le 01 sept. 2023 à 10:24
Je me souviens de ma déception, lorsque sur la scène du Paris Zénith (Le 5 Mai 86) j'ai aperçu un autre guitariste à la place Vivian Campbell( Craig Goldie par ailleurs excellent....mais...). Commen était-ce possible ?C'était la tournée Sacred heart...
Merci de vous identifier pour commenter
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK