Après un premier album, « Darkness Will Rise », sorti en mars 2017, THE RAVEN AGE revient deux ans plus tard avec sa seconde production, « Conspiracy ». Le groupe formé à l’origine par George Harris (le fils d’un certain Steve, bassiste d’un certain groupe britannique ayant acquis une certaine notoriété), et Dan Wright aux guitares, Matt Cox à la basse, Jai Patel derrière les fûts et Michael Burrough au chant, a déjà subi deux changements de line-up. Le plus notable est l’arrivée du vocaliste Matt James fin 2017 pour remplacer Michael Burrough, Dan Wright ayant quant à lui laissé son poste de guitariste à Tony Maue afin de prendre en charge le management du groupe.
Alors, qu’en est-il de cette nouvelle mouture de THE RAVEN AGE ? Le changement de chanteur ne leur porte-t-il pas préjudice ? Que les fans se rassurent : rien n’a fondamentalement changé. Sur le fond, ce « Conspiracy » nous offre toujours des compositions bien maîtrisées, des soli de guitares épiques et des ambiances progressives et mélodiques, des changements de rythme et une production aux petits oignons. Sur la forme, les titres sont plus courts et ramassés, donc plus directs, le groupe ayant eu la bonne idée de nous épargner les chansons parfois trop diluées de « Darkness Will Rise ». L’album est également (à peine) un poil plus court : 57 minutes contre les 1h15 du précédent. Quant à la voix de Matt James, elle est claire et monte dans des notes plus aiguës que celle de Michael Burrough, comme sur "Fleur De Lis", renforçant par là-même cette impression de metal épique et progressif. L’homme est également capable d’une petite pointe de raucité fort bienvenue.
Cependant, « Conspiracy » se déroule comme on l’attendait, sans trop de surprise, et c’est bien là que le bât blesse. Pour commencer le menu, une belle petite intro acoustique comme sur le précédent disque, avec "Bloom Of The Poison Seed", suivie d’un titre plus speed, "Betrayal Of The Mind", puis de deux tubes en puissance, "Fleur De Lis" et la mid-tempo "The Day The World Stood Still" et son refrain archi-accrocheur. "Stigmata", démarre sur les chapeaux de roue et nous offre un moment assez Maidenien qui fait immanquablement penser à l’influence paternelle, surtout les dernières notes à la fin de la chanson. Hommage à peine déguisé au groupe de Steve Harris ou clin-d’œil humoristique au fameux "Evier Metal" de nos inénarrables ULTRA VOMIT ? A vous de juger... "Surrogate" reste dans le même ton, bien speed. Sympathique à écouter.
"Seventh Heaven", "Forgotten World", "Simitar", semblent encore une fois un habile mélange de heavy mélodique, de prog' et de rythmes plus modernes, avec l’omniprésence de la double grosse caisse. Entre TRIVIUM, IRON MAIDEN et NIGHTWISH, les influences du groupe sont palpables. Trop palpables, même si tout cela est bien exécuté. La technique des musiciens n’est pas à remettre en cause. Ils ont de l’expérience, de la dextérité, mais il leur manque cruellement une touche d’originalité qui pourrait faire toute la différence. Pour ne plus avoir cette impression de "déjà entendu". Quelques bons moments parsèment cet album, comme la bien bourrine "Tomb Of The Unknown Soldier", la très épique et lyrique "Grave Of The Fireflies", la mémorisable "The Day The World Stood Still", la belle ballade "The Face That Launched A Thousand Ships" qui arrive un peu comme un cheveu dans la soupe, mais reste plaisante à entendre. Mais pas révolutionnaire, cependant.
D’ailleurs, rien sur cet album n’est révolutionnaire. On aurait aimé être surpris par plus de créativité de la part de ce groupe qui en a les capacités. « Conspiracy » n’est pas en soi un mauvais album. Il se laisse agréablement écouter, en évitant les écueils de son prédécesseur. On s’y ennuie beaucoup moins. Mais la musique de THE RAVEN AGE a la fâcheuse tendance à ressembler à ce que l’on a déjà entendu des millions de fois auparavant. Les fans apprécieront, mais ceux qui ne connaissaient pas ne chercheront sûrement pas à en savoir plus, malgré un véritable travail sur les paroles et l’imagerie du groupe, sorte de mix entre l’univers onirique de NIGHTWISH, le travail historique d’IRON MAIDEN, et la recherche mélodique de BULLET FOR MY VALENTINE.
Cela dit, souvent assimilés (à tort) à du metalcore mélodique, THE RAVEN AGE n’en a pas la niaque, l’énergie explosive et les growls rugueux qui caractérisent ce genre. Un groupe qui semble encore en train de se chercher et qui n’a pas trouvé sa véritable identité. Cependant, les prestations live du quintet permettront peut-être de réviser ce jugement. A voir…