C'est dans le cadre du Prognosis 2019 que nous nous rendons ce vendredi 22 mars à Eindhoven. La température est estivale, 24°C, donc avant que les portes s'ouvrent rien de telle qu'une petite terrasse pour se mettre dans l'ambiance.
Le festival se déroule sur deux jours et propose une affiche qui ne se limite pas à une série de concerts car il propose aussi des conférences au cours desquelles les artistes viennent parler de leur travail. Bien que ces lignes soient uniquement sur la prestation du groupe THE GATHERING nous avons pu aussi apprécier les prestations de LEPROUS qui a joué en intégralité « The Congregation », le Alex Skolnick Trio pour un titre puisqu'il jouait en même temps que LEPROUS, ou plus tard dans la soirée SOEN dans le club pendant la prestation de HAKEN.
L'organisation de ce festival offre une belle exposition aux groupes car les trois se produisant sur la grande scène jouent chacun 1h30, et ceux dans le club entre 45 minutes et 1h15.
La grande scène est investie à 18h30 par THE GATHERING qui célèbre cette année ses 30 ans. Comme pour son 25e anniversaire, il donne deux concerts à guichet fermé. Sauf que cette fois, il se produit à deux endroits différents et sur deux jours. La durée du concert est aussi plus classique puisque le groupe jouera 1h30. Le line-up est lui aussi classique avec le retour de Hugo Prinsen Geerligs à la basse, on retrouve la formation originele accompagnée de Silje Wergeland qui a rejoint le groupe il y a maintenant 10 ans.
Intitulé "auto-reverse" on aurait pu s'attendre à ce qu'ils jouent un titre de chaque album dans un ordre décroissant, il n'en est rien. Ils vont jouer 12 chansons extraites de la période de 1995 à 2013, couvrant ainsi tous les albums à l'exception de « The West Pole » (2009) ce qui est assez surprenant puisque ce premier album réalisé avec Silje comporte nombre d'excellents titres. Toutefois, ils feront la part belle à leur dernier album en date « Disclosure » (2013) en jouant pas moins de quatre chansons.
Lors de son retour en juin 2018, le groupe avait opté pour le long instrumental "Black Light District" afin d'introduire le concert . Cette fois, c'est avec une version écourtée de l'éponyme "How To Measure A Planet" que le groupe commence le concert avant d'enchaîner sur "Probably Built In The Fifties" sur laquelle Silje fait son entrée. Malgré quelques soucis de son le groupe est bien en place et très vite les choses rentrent dans l'ordre. En commençant le concert par ces deux titres, THE GATHERING met l'accent sur l'album charnière de sa carrière qui l'emmène vers l'univers trip-rock et laissant derrière lui les sonorités plus metal de ses débuts. Si ce n'est pas son plus grands succès, cet album est souvent cité comme le favori de nombreux fans.
Comme à l'accoutumé, un écran est disposé à l'arrière de la scène pour y projeter des animations dont le montage est l'oeuvre de Géma Perez. En association avec les lumières, le groupe évolue dans un environnement qui offre une forte valeur ajoutée à sa prestation musicale. Avec "Paper Waves" le son se fait plus electro et Silje vient y déposer l'une de ses plus belle lignes de chant. Nous restons dans ces tonalités electro avec "Broken Glass" et "Analog Park" avant de faire un bon dans le passé pour une touche plus metal avec "Eleanor" qui sera le seul extrait de « Mandylion ».
La seconde partie du concert débute avec le classique "Great Ocean Road" avant de retrouver trois chansons issues de « Disclosure ». "Meltdown" qui offre toujours un superbe duo vocal entre Frank et Silje. Viendra ensuite "Heroes For Ghosts" sur laquelle nous pourrons regretter la disparition des chœurs qui n'avaient malheureusement pas été convainquant avec Hugo. Mais ceci n'est qu'un détail car son jeu de basse est absolument époustouflant. Avant d'entamer la dernière ligne droite qui clôture le concert, le classique "Saturnine" et le superbe "Nighttime Birds" viennent s'alterner avec ces titres issus de « Disclosure ».
Silje profite d'un passage sans le chant pour s'avancer sur le devant de la scène afin de remercier le public, qui une fois de plus est loin de n'être qu'hollandais, avant que "I Can See Four Miles" ne vienne conclure ce show qui par sa longue fin instrumentale permet de terminer le concert comme il a commencé, en permettant à Silje de quitter la scène en saluant le public son verre à la main. Pas le temps d'un rappel, car le timing est serré et aux Pays-Bas il est important de le respecter. Après la dernière note le groupe s'éclipse un instant, le temps que les lumières se rallument, avant de revenir pour le salut final.
Avec ces deux concerts nommés "THE GATHERING: auto-reverse", le groupe clôt formidablement ses trente années de carrière. Lors de son arrivée en 2009, Silje a apporté un nouveau souffle au groupe, et pas seulement en prouvant qu'elle était la chanteuse qu'il lui fallait. Par sa différence, elle a instauré une nouvelle dynamique. Le fait que le chant ne prenne plus le pas sur la musique, le groupe apparaît plus unitaire. Il en ressort clairement une osmose dont émane une espèce de force tranquille qui se marie parfaitement à l'esprit trip-tock de leur musique. Comme le dit Hans, c'est la fin d'une période. Elle aurait pu s'éteindre définitivement le 9 novembre 2014, mais l'envie d'être ensemble, faire de la musique et la partager avec son public fût la plus forte. Nous nous en réjouissons et sommes impatients de découvrir de quoi sera faite cette nouvelle ère.
Nos remerciements à Kitty van de Waart et Zware Metallen pour les photos.
