Ce qu’il y a de bien avec le doom c’est que vous pouvez lancer la lecture d’un CD, faire un brin de toilette, sortir les poubelles, discuter 5mn avec votre voisine, passer à la boulangerie et revenir avant même que le premier titre de l’album ne soit terminé. Cela sans ressentir la moindre impression d’avoir raté quelque chose, en plus ! C’est simple, il n’y a qu’avec la série TV des Feux de l’Amour qu’on obtient exactement le même effet (et par pitié ne me demandez pas comment je sais ça !!!).
Ce qu’il y a de bien aussi avec le doom de THE LUMBERJACK FEEDBACK en particulier, c’est la présence de deux batteurs qui sur une scène (cela s’entend moins sur CD, évidemment...) doivent envoyer du bois et ajouter une puissance incommensurable à la musique instrumentale des Lillois, ambiante, lourde et pesante tel un Titan à l’assaut de l’Olympe générant des secousses sismiques de forte amplitude à chacun de ses pas. Seul DESTRUCTION a fait mieux à notre connaissance avec trois batteurs au Wacken Open Air en 2007 !
Sur ce deuxième album donc (le premier étant « Blackened Visions » sorti début 2016 alors que le groupe existait depuis 2009 mais n’avait jusque là sorti qu’une série de split ou d’EP), se reflète encore un peu l’ombre des précurseurs en la matière comme NEUROSIS ("New Order (Of the Ages) - Part II") ou CULT OF LUNA, même si THE LUMBERJACK FEEDBACK s’oriente de plus en plus vers du NEBULA ou du IF THESE TREES COULD TALK en plus heavy. De l’ambiant donc à tous les étages, dénué de vocaux qui dénatureraient l’effet voulu, emporte l’auditeur comme les feuilles sous le vent (que dire, la tempête avec le fabuleux "Wind Last Blow" !) comme si « Mere Mortals » cherchait à condenser les éléments déchaînés de dame Nature contre lesquels l’homme ne peut rien sinon qu’attendre et subir (les surpuissants "Therapy" ou "Kill Kill Kill Die Die Die").
A l’évidence la production est bien meilleure en 2019 et le propos plus clair imputable en partie au niveau de saturation des guitares moins granuleuses. En ressort de ce fait de purs moments de grâce comme "Kobe (Doors Of Spirit)", joyau d’une douzaine de minutes, qui tend à prouver que le doom/sludge de THE LUMBERJACK FEEDBACK ainsi mieux défini, accède à un degré de maturité qui fait aujourd'hui vraiment plaisir à entendre.
