27 avril 2019, 23:53

SLASHER METAL FEST : STEEL PANTHER + LES NECROPHAGES + LEPROUS + NERVOSA + VOLKER + OVERCHARGER

@ Toulouse (Le Phare)

Neuf ans après le Toulouse Metal Fest (qui avait accueilli, entre autres, SOULFLY, PARADISE LOST et EPICA), Base Productions remet ça au même endroit avec un nouveau festival : le Slasher Metal Fest. Espérons cette fois qu’il y aura bien une seconde édition dès l’an prochain et pas en 2028 ! Car même si dans la région toulousaine nous avons énormément de belles dates rock et metal (il n'y a pas à se plaindre quand on voit l’agenda 2019 de la ville rose), un véritable festival, même sur une journée, c’est quand même chouette. Mais peut-on réellement parler de festival lorsqu’il y a seulement cinq groupes (et la troupe gorelesque LES NECROPHAGES) à l’affiche ? J’y reviendrai plus tard.

Samedi 27 avril, 17h : il fait un peu frisquet, il y a quelques averses, mais nous sommes là, attirés par la lumière du Phare, pour l’ouverture des portes, on compte à peine une cinquantaine de personnes… Ce qui laisse malheureusement augurer du pire en termes d’affluence.



C’est donc dans une (grande) salle bien vide que démarre OVERCHARGER à 18h. Entre le manque de monde et le son ultra brouillon, l’ambiance a du mal à prendre, évidemment. Mais les Bordelais se donnent à fond et leur énergie est belle à voir ! Leur metal lourd, crade et surpuissant mérite d’être redécouvert dans d’autres conditions, avec une autre ambiance.

VOLKER, autres Bordelais, sont obligés de faire la balance juste avant leur set : pas top (et ce sera pareil pour NERVOSA en suivant) et symptomatique d’un manque d’organisation. Le son n’en sera d’ailleurs pas forcément amélioré, les instruments ayant du mal à se distinguer les uns des autres ; il semble même qu’un guitariste ne soit pas branché à la sono puisque pendant ses soli, on le voit jouer… mais on ne l’entend pas. Du tout. Après OVERCHARGER, dommage bis, car VOLKER, et son univers "horror rock vintage", joue aussi le jeu à fond et se donne sans retenue, à l’image de la chanteuse Jen Nyx survoltée. Avec même une très bonne reprise du "Dragula" de Rob Zombie, influence revendiquée du groupe. Donc, même constat : à revoir dans d’autres conditions. Et surtout, on espère que la suite va s’améliorer car on ne peut pas dire que le festival démarre fort.



En peu de temps, c’est déjà la quatrième fois que je vois NERVOSA à Toulouse… Avec trois batteuses différentes ! Les Brésiliennes ont en effet déjà changé pas moins de cinq fois de musiciennes à ce poste depuis leurs débuts. Pas de surprise pour moi, mais le plaisir de retrouver l’énergie brute de leur thrash old-school. Musicalement, je n’ai jamais trouvé ça particulièrement extraordinaire mais il faut avouer qu’en concert, leur enthousiasme et leur rage sont communicatifs. Et le public, qui a commencé à grossir (même si pas mal de personnes venues voir exclusivement STEEL PANTHER restent en dehors de la salle), est plutôt réceptif : enfin ça commence à bien bouger dans la fosse ! Le son s’est quelque peu amélioré… mais est vraiment beaucoup trop fort ! Bref, il semble que les réglages dans cette salle soient toujours très difficiles...



Tout comme NERVOSA, LEPROUS en est au moins à son quatrième (si ce n’est plus) passage à Toulouse. Je me souviens les avoir d’ailleurs connus ici, au Phare, en 2011 en compagnie d’AMORPHIS, alors que le chanteur avait encore ses dreadlocks (je parle de celui de LEPROUS, mais c’est pareil pour AMORPHIS !). Les musiciens d’Ihsahn en live rassemblent beaucoup de fans qui se sont approché au plus près des barrières de sécurité. Et d’emblée, c’est un petit miracle qui se produit : le son est juste parfait ! Le volume au bon niveau, tous les instruments bien équilibrés, une précision rare… Comme quoi ! Et la prestation des Norvégiens est bluffante. Le son metal de leurs débuts s’est effacé au profit de guitares plus claires, parfois saturées et toujours hyper précises : techniquement, c’est ultra-carré et on retrouve toute l’énergie et l’émotion des titres issus du fabuleux « Malina », sorti il y a bientôt deux ans. Certes, il faut aimer le chant souvent très aigu d'Einar Solberg. Personnellement, je l’adore car il véhicule beaucoup d’émotion et LEPROUS a une identité qui lui est propre, dépassant le strict cadre metal pour embrasser plein de genres différents, comme le rock progressif, le trip-hop, l’electro… Un peu à la manière d’un THE GATHERING ou ANATHEMA, au moins dans la démarche. En témoigne leur magnifique reprise du "Angel" de MASSIVE ATTACK, qui se fond totalement dans leur propre répertoire. Voilà, LEPROUS m’a totalement retourné.



Pas le temps de se remettre de nos émotions : deux sortes de nonnes au visage voilé arpentent la salle, une cage à oiseaux à la main, rejoignant la mini-scène, soigneusement bâchée (l’hémoglobine va gicler !) sur le côté de la salle. Effeuillage pas forcément sexy mais gore : les voilà torse nu se faisant éclater des ballons remplis de sang sur tout le corps. LES NÉCROPHAGES (troupe bordelaise, là encore) sont en place, il ne manque plus que le maître de cérémonie qui déboule tel un fou furieux, une tronçonneuse à la main, les yeux injectés de sang, en tenue de boucher !
Till Lindemann de RAMMSTEIN sur "Mein Teil" n’est pas loin ! Le show est bien gore en effet mais plutôt fun après tout : jonglage avec des cœurs, dégustation d’abats en tous genres, douche de sang, poignardage, décapitation, découpages de membres divers et (a)variés, profanation de Bible… Que du très bon goût réalisé avec talent par ces délicieux nécrophages. Un bon interlude rappelant parfois les shows d’anthologie d’Alice Cooper (même si, ici, la musique de fond était signée, entre autres, MINISTRY).



Le plat de résistance, l’événement de la soirée, la grosse tête d’affiche ce sont évidemment les Américains STEEL PANTHER : à mi-chemin entre concert et spectacle comique ! Pour les avoir déjà vus en 2014 au Bikini, je sais que ça parle beaucoup… Mais là, ils se sont surpassés puisqu’à peu près la moitié de leur show est consacré à raconter plein de conneries, donc autant comprendre l’anglais quand même ! Heureusement, c’est méga-drôle. De sacrés performers, c’est certain. Et Michael Starr, un showman comme on n'en fait plus depuis… David Lee Roth ! Ils reprennent d’ailleurs à la perfection le "Just a Gigolo", la version du chanteur de VAN HALEN. Car quand ils ne parlent pas (ou ne jonglent pas avec un chapeau pendant plusieurs minutes !), ça joue grave. Il faut dire que ce sont tous de sacrés musiciens, voilà pourquoi aussi, malgré leurs pitreries, ils sont crédibles quand ils réinterprètent des classiques tels que "Crazy Train" ou "I Don’t Know". Et lorsqu’arrive Michael Starr en Ozzy gâteux, je crois n’avoir jamais autant ri lors d’un concert ! L’imitation, vocale et gestuelle, est parfaite et hilarante : absolument énorme ! Un très très grand moment. lls font ensuite monter sur scène une jeune et jolie demoiselle, Roxanne, pour lui chanter une ballade empreinte de leur grande poésie : « So come on pretty baby, suck my balls all night… » ("Girl From Oklahoma"). Puis, comme à tous leurs concerts, beaucoup d’autres filles, dont certaines très légèrement vêtues, tradition oblige, viendront la rejoindre. Ambiance festive, bonne humeur, excellente musique et, comme LEPROUS, un son impeccable pour eux. Seul petit bémol : pas de rappel, 1h15 c’est en effet un peu court. Mais il vaut mieux un bon concert trop court qu'un mauvais trop long, n’est-ce pas ?



Grâce aux deux excellentes prestations de LEPROUS et STEEL PANTHER, le Slasher Metal Fest laisse une bonne impression et j’espère vraiment que l’an prochain, ils pourront remettre ça avec une affiche plus étoffée. Car en effet, comme je le disais plus haut, cinq groupes pour un festival, c’est un peu léger tout de même. Le public, estimé entre 500 et 600 personnes à peine (STEEL PANTHER avait fait le double au Bikini en 2014), a d’ailleurs répondu peu présent. Mais la convergence de plusieurs facteurs peuvent facilement expliquer ce manque d’affluence : la présence le même week-end du festival médiéval Echos et Merveilles dans la région étant la raison principale, ayant attiré bon nombre de metalleux (et là on parle de 25 000 personnes sur trois jours !). L’affiche ensuite, un peu légère tout de même, n’est pas forcément cohérente dans les styles proposés. Diversifier les genres au sein d’un même festival c’est toujours très bien, mais quand il y a juste cinq groupes ça ne fonctionne pas. On a beau être éclectique, les publics amenés par NERVOSA, LEPROUS ou STEEL PANTHER (trois groupes, en outre, déjà vus dans la région) sont trop différents. De plus, le Phare a une très mauvaise réputation en matière de son, même si ce soir (en tout cas avec les deux derniers groupes), le contraire a été prouvé.
Malheureusement, les catastrophes sonores laissées ici par DREAM THEATER ou encore SLAYER par le passé (et le premier Toulouse Metal Fest) ont marqué les esprits et pas mal de personnes ne veulent plus revenir dans cette salle. Et enfin, avec les manifestations des Gilets Jaunes le samedi, la difficulté de rallier le centre-ville de Toulouse à Tournefeuille en transports en commun en a refroidi plus d’un.

Pour terminer sur une note positive, les personnes présentes aujourd’hui ont toutes passé un très bon moment, c’est certain, moi le premier, et c’est là le principal. Tous les groupes sans exception se sont donnés à fond et ont joué le jeu. Il y a certes beaucoup d’améliorations à apporter mais s'il y a une seconde édition, on sera encore là pour la soutenir du mieux possible !


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