10 juin 2019, 10:00

Andre Matos

• La réaction de Kiko Loureiro


Nous l'annoncions hier en début de soirée, André Matos, celui qui posa ses doigts pour la première fois sur un piano à l'âge de 10 ans et donna son premier concert avec VIPER à 13, au poste qu'il maîtrise le mieux, chanteur, mais aussi parce que ses amis lui disent que son charisme est proche de celui de Bruce Dickinson d'IRON MAIDEN, est parti sans aucun doute trop tôt, ce 8 juin 2019. Victime d'un arrêt cardiaque, il avait 47 ans.

Le chanteur au sourire lumineux et à la voix perchée est connu de tous pour avoir formé le groupe ANGRA en 1991 avec Rafaël Bittencourt et André Linhares, qu'il quitta pour divergence musicale puis forma SHAMAN (qui deviendra SHAAMAN avant la sortie du 2e album pour des raisons juridiques), avec Luis Mariutti et Ricardo Confessori.

André Matos et le line-up original de SHAMAN se sont réunis en 2018 pour célébrer son 17e anniversaire avec une tournée et c'est en février de cette année que le groupe annonce sa participation à la tournée d'AVANTASIA pour quelques concerts au Brésil, dont un à São Paulo le 2 juin dernier avec un Andre Matos heureux d'être aux côté de Tobias Sammet sur scène.

Kiko Loureiro, guitariste de MEGADETH et ex-ANGRA, a publié une déclaration en vidéo au sujet de la disparition d'Andre Matos, dont vous pouvez retrouver la traduction d'Aude Paquot sous la vidéo.

L'équipe HARD FORCE s'unit afin d'avoir une pensée pour la famille et les proches d'Andre Matos et leur présente ses sincères condoléances.
 


La réaction de Kiko Loureiro en vidéo à propos du décés d'André Matos (traduction Aude Paquot)

« Alors voilà, je suis très triste. C'est tellement dingue que j'ai décidé de faire cette vidéo car ce matin, j'ai reçu la triste nouvelle de la mort d'Andre Matos. En sortant de la douche, j'avais ce message du manager d'ANGRA, Paulo Baron, qui disait : "Kiko, Rappelle-moi, c'est urgent !". Je l'ai rappelé et il disait tellement de choses que je ne comprenais rien. Ça n'avait aucun sens. Il était sous le choc et moi aussi j'ai été sonné à l'annonce de la nouvelle. C'est complètement dingue ! J'ai décidé de brancher la caméra pour partager quelques-unes des choses auxquelles je pense à ce moment précis. Là, je suis dans ma chambre, j'ai demandé un jour off à MEGADETH, alors que nous étions en train de travailler en studio. Je leur ai dit que je ne voulais pas travailler aujourd'hui, je n'ai envie de rien faire. Je ne sais même pas quoi dire mais en apprenant la nouvelle, j'ai essayé d'appeler Rafaël (Bittencourt), sa ligne était tout le temps occupée. J'ai appelé Luis Mariutti, nos amis, Ricardo (Confessori) et Luis. C'est fou, je me sens si proche d'Andre, quelque chose comme ça nous affecte tellement. Mais mec, je n'ai pas parlé à Andre depuis... j'essaye de me rappeler... je ne me souviens même pas de la dernière fois où on a parlé ensemble personnellement. Il y a 20 ans ? 20 ans... Et chacun a suivi sa route dans la vie, mais on est ensemble pour toujours car, c'est à ça que je pensais, toutes ces choses, ce lien que la musique et la vie nous ont donné. Cette connexion. C'est vraiment fou car tu commences à penser en vrac à toutes les choses que nous avons vécues. Mais je voulais... Je ne sais même pas ce qui s'est passé pour être honnête... Quand j'ai appelé Rafaël, il ne le savait pas non plus, il était triste, il pleurait. J'ai appelé ma mère. Quand quelque chose comme ça arrive, tu appelles ta mère non ? Rafael ne répondait pas donc j'ai appelé ma mère et je lui ai dit ce qui s'était passé. Je ne savais pas encore si j'allais écrire un communiqué ou un message. Je voulais... Pour la famille d'Andre, pour son frère... je ne connais pas son épouse, ni son fils. Nous n'avons plus discuté depuis 20 ans mais avec Andre... On est restés ensemble quelque chose comme 9 ans, de 1991 à 2000. Et ça fait partie d'une période spéciale de nos vies, jusqu'à la fin de ma vie, car tout ce que je fais dans ma propre vie tourne autour de ces 9 ans. Où que j'aille, quelqu'un crie : « Joue "Carry On'"! ». Et ça me rappelle quand j'avais 19 ans, que j'étais à la maison. Il y avait du papier, un cahier et Rafaël puis Andre qui m'apprenaient à jouer "Carry On". « Kiko, tu vas rejoindre ANGRA, c'est un groupe que nous mettons en place, ça va être très cool ! Tu verras ! On a eu l'idée du groupe et on a cette chansons là, "Carry On" ». Et André disait : « On va la jouer comme ci, comme ça »... et je commence à me remémorer tous ces moments. Les rêves. Et une chose avec Andre, quand on avait 14 ans... André a un an plus de plus que moi hein ! Il allait avoir 48 ans et moi 47 le... on est le 8 juin hein ? Mon anniversaire est le 16 juin, je vais avoir 47 ans, il en avait 47. Son anniversaire est en septembre et... On allait à la même école mais on ne se parlait pas car j'allais à l'école l'après-midi et il y allait le matin, mais il était impossible pour personne de ne pas voir que durant tout ce temps où Bruce Dickinson avait les cheveux teints en blond, je ne sais pas ce qu'il lui a pris, André avait fait la même chose. Il a teint ses cheveux en blond aussi. C'était un peu orange, des cheveux longs. Je voulais être ce gars, je voulais être comme lui. Il avait un an de plus que moi. Ce gars avait l'habitude de porter des lunettes à cette époque, on appelait ça des culs de bouteilles, elles étaient épaisses.donc ça lui faisait de gros yeux comme ça. Mec, je me rappelle de toutes ces choses et il y a une affection spéciale pour tout ce que nous avons vécu. Alors je regardais ce gars quand j'avais 13 ans et lui 14. Il était plus vieux et il jouait dans un groupe qui s'appelait VIPER. Ils jouaient au spectacle des talents du lycée alors j'ai été les voir. Il était comme Bruce Dickinson qui courait partout avec le drapeau de l'état de São Paulo. Il a mis le feu au théâtre, les rideaux du théâtre, le théâtre de l'école de Rio Branco était en feu parce qu'il tenait une torche enflammée. La même chose que ce que Bruce Dickinson faisait lors des concerts, c'est ce qu'il voulait faire. Il était déjà un de mes modèles quand j'étais gosse, tous les mecs de VIPER. Et le destin nous a rassemblés quand nous avons eu 19 ans. J'étais déjà l'ami de Rafaël, on jouait ensemble et alors il me dit qu'il avait un groupe, ANGRA et que je devais en faire partie. Ils sont venus chez moi pour me faire écouter la chanson "Carry On". Et c'est fou, parce que jusqu'à aujourd'hui, où que j'aille, ces chansons sont éternelles. La mort d'André aujourd'hui... C'est clair que les chansons qu'il a écrites... en dehors du fait qu'il était un chanteur extraordinaire, que beaucoup de chanteurs du même style au Brésil ont essayé de copier. De bons chanteurs au Brésil, mais personne ne pouvait être comme André. Jamais. Tout le monde a essayé, il a une voix spéciale. Et il a étudié la musique, pour faire de son talent... pour encore plus renforcer son talent. Et il a étudié le piano, il a eu son diplôme de piano à la fac, il avait une connaissance musicale très riche. Et ça lui donnait tout le savoir pour écrire des chansons comme "Carry On", "Streets Of Tomorrow", tant de chansons. Quelques-unes de ces chansons me viennent à l'esprit. J'ai voulu... en la mémoire d'Andre... écouter "Lasting Child" ou "Deep Blue". Ce sont des chansons lentes, mélancoliques, je vais les écouter, c'est triste. Mais ce sont les chansons d'Andre, elles sont incroyables. Il avait ce talent de combiner la musique classique, le piano et sa voix de façon si délicate. Et des gens à l'époque n'aimaient pas ça car c'était trop... c'était pas agressif... mais il y avait beaucoup de gens qui aimait ce style, c'était ça sa polarité. Et quelques-unes des autres chansons qu'il a écrites comme "The Shaman". Je me souviens quand il l'a apportée... Oh mec, je me souviens de tant de choses... comme.., "The Shaman", la chanson "Holy Land". "Holy Land" était une compo incroyable. Quand il a apporté cette chanson toute prête, tout le monde a dit : « Wow ! Ce gars est un compositeur génial ! Un chanteur, un pianiste et un compositeur, incroyable ! ». Et d'autres choses comme... On était en train d'écrire "Nothing To Say", moi et Ricardo, les riffs, on jouait ensemble et il est venu de sa chambre, car on était dans une maison de campagne. Il est arrivé et a dit : « J'ai une mélodie ! », et il a chanté la mélodie pour 'Nothing To Say' et c'est resté comme ça. Ensuite j'ai changé tout le riff de guitare sur les enregistrements et il n'était pas présent à ce moment là. Il l'a écouté et a dit : « Kiko, tu as changé tout le riff, c'est nul ». Il a continué à insister pendant tout l'enregistrement en expliquant qu'il fallait réenregistrer ce riff. Puis le producteur a dit : « Non, gardons le riff comme ça ». Et on était là, comme lors d'un mensonge pieux, « On va le changer André, c'est ok ». Puis nous n'avions plus de temps en studio et nous n'avons pas changé le riff alors il est resté comme ça, de la façon dont je voulais qu'il soit, celui sur qui est sur l'album. Mais il ne voulait pas... Ces trucs de groupes... où tout le monde veut des choses différentes... Je ne sais même plus quoi dire mais il avait un énorme talent. Et... les choses dont je me souviens. Je me rappelle de choses qui n'ont aucun sens. Au début, il était myope, astigmate. Je ne sais pas ce que c'était mais c'était important. Il ne voyait rien sans ses lunettes et il ne portait pas de lentilles à cette époque. Je ne sais si ça existait déjà ou s'il ne voulait pas les utiliser. Sur scène il avait l'habitude de courir comme Bruce Dickinson. Il courait mais il ne voyait rien et moi je faisais en sorte de m'éloigner de lui sur scène sinon il me rentrait dedans. Quand il courrait vers moi je devais me barrer. Si tu regardes un concert en France de notre première tournée européenne, il était avec un pansement. Plus tard il donnait des interviews avec ce pansement parce que je lui avait donné un coup avec ma guitare. Je jouais avec une Washburn avec une tête inversée, et je l'ai frappé au front. Il saignait car il était si rapide qu'il s'est cogné la tête. Mec, je commence à me souvenir de toutes ces histoires. Je sais qu'il n'y a aucune raison pour que tu écoutes toutes ces histoires mais je voulais faire cette vidéo pour partager tous ces trucs. Je suis tout seul ici, les mecs de MEGADETH sont partis alors je veux partager cette vidéo avec vous. C'est la meilleure façon pour moi de faire ce monologue pour me soulager un peu. Toutes ces pensées. Je me souviens, on a voyagé beaucoup Andre et moi. Au début, alors que tout le groupe était en tournée et en enregistrements, on a voyagé ensemble pour promouvoir les albums. C'était juste lui et moi. Et on est resté, je me souviens, la première fois, 15 jours au Japon. 15 jours, lui et moi, en voyage, au Japon, dans des hôtels. Donc avec ces moments ensemble, en parallèle des tournées avec tout le groupe bien sûr. C'est un ami proche. Mais pendant ces voyages, on était obligés d'être ensemble, obligés de faire des interviews, toute la journée pour partager des idées. Il était très intelligent, il a commencé à parler japonnais. En France, il savait parler français. C'était impressionnant. On avait l'habitude de jouer de la musique brésilienne avec les fans, de jouer de la guitare. Il jouait de la flûte qu'on appelle "porrinhola" parce que nous ne connaissions pas son vrai nom, le truc avec les clefs dans lesquelles tu souffles. Un harmonica, je ne sais pas comment ça s'appelle. On appelait ça "porrhinola" parce qu'on ne savait pas son nom, et même lui ne savait pas. c 'est comme ça. Alors on en jouait et la foule aimait ça... On faisait ces voyages en France et en Italie. Je viens juste de me souvenir d'un truc au Japon ; la première fois, on était adolescents, on n'avait pas d'argent, notre album est devenu disque d'or là-bas. On y est allé, mais ça ne voulait pas dire qu'on était riche. On est allé à l'hôtel, il n'y avait pas internet alors on appelait nos petites amies, on parlait au téléphone. C'était des hôtels de luxe, on nous a mis en première classe parce qu'on était disque d'or, ils nous traitaient bien. On a été payer la facture, c'était quelque chose comme 400 $ à l'époque, j'étais désespéré. J'ai appelé ma petite amie pour lui dire que je devais payer cher pour ça. Voilà les choses dont je me souviens, je suis désolé il n'y a rien de glamour mais je me souviens de ces choses, de lui en train de courir alors qu'il y voyait rien. Et moi en train de l'éviter de taper sa tête. On a eu de grandes disputes mais tout passe comme ce truc avec "Nothing To Say" qui était drôle. J'ai gagné. Le riff est restait tel que je voulais. Mais il y avait  beaucoup de choses et c'est normal dans un groupe. Et ces concerts, je me souviens quand Tom Jobim est mort, c'était un concert à Aeropanta en 95 ou 96, quelque chose comme ça. On s'est dit : « Jouons quelque chose », alors on  a joué "Chea de Saudade" à la guitare acoustique et au chant pour rendre hommage à Tom Jobin. C'était... Nous étions de grands fans de musiques brésiliennes. On jouait pendant ces voyages, on jouait ensemble, on chantait, c'était quelque chose qui unissait le groupe et lui et moi. On connaissait déjà toutes ces chansons de bossa nova. Bon, maintenant, je ne sais plus quoi dire... ok... cette vidéo va être longue, alors je voulais juste partager ces pensées avec vous, me souvenir de ce regard quand il lisait quelque chose avec ses lunettes. Il avait l'habitude de les mettre sur le bout de son nez ici et te faire ce regard. Quelque chose d’inoubliable. C'était toujours comme ça quand il n'aimait pas quelque chose. Et on y allait... quand on a commencé ANGRA, on vivait dans le même quartier, pas loin, et les répétitions étaient à Jabaquara. C'était très loin. Moi et ma guitare on partait en bus et en métro. On partait ensemble parce que c'était très loin. Il fallait traverser São Paulo. On avait l'habitude d'y aller ensemble. Des fois il prenait la voiture de sa mère. On avait quelque chose comme 19 ou 20 ans. On savait conduire mais personne n'avait de voiture. Des fois il disait « Kiko, j'ai la voiture de ma mère », alors il conduisait. Pour la première répétition pour notre démo, c'est dingue parce que plus d'images me viennent de cette période que de ce qui s'est passé plus tard. Plus tard on avait toutes ces tournées, beaucoup d'autres moments. Les gens voient les vidéos et le photos. Mais ces moments, au début personne n'enregistrait, il n'y avait pas de raison de le faire. On était des ados normaux qui jouaient de la guitare, avec leur guitare sur le dos, prenant le bus en allant en répet' et qui disaient : « On va faire ses chansons en anglais pour les exporter hors du pays, quelqu'un du Japon va aimer ça. ». Parce qu 'au Japon, ils avaient ces groupes du même style et les gens aimaient ça. Et avec ces rêves fous qui ont fini par se produire, quand tu partages ces rêves. Quand tu es jeune, tu as l'impression que ça durera toujours parce que ce sont des histoires que tu as vécues, qui t'ont formé en tant qu'adulte et professionnel. Qui t'ont formé en tant que personne. Pour le meilleur et pour le pire. Toutes ces choses. Pour finir cette vidéo et pour faire en sorte de ne pas trop parler, est-ce que vous vous rendez compte que cette semaine, le week-end dernier, samedi dernier pour être précis, il y avait un concert de SHAMAN avec AVANTASIA à São Paulo, quelque chose comme ça et Paulo Baron était là, le manager d'ANGRA, et ils ont parlé, et pour la première fois en 20 ans, André a dit : « Mec je pense que ça serait cool de revenir. Et si Kiko venait aussi ? ». Puis Baron m'a appelé la semaine dernière pour me dire ça, et vous savez quoi ? C 'était quelque chose de très émouvant parce que pendant toutes ces 20 années, 20 c 'est probablement votre âge, si vous avez 20 ans je sais pas, 20 ans mec c'est toute une vie, il ne voulait parler à personne et moi non plus. Car les quelques fois où il est arrivé qu'on s'envoie des messages à ce propos par une tierce personne, quelqu'un du label, le manager Paulo Baron, des gens de l'Europe, Andre disait qu'il ne jouerait plus jamais avec les gars d'ANGRA. On avait nos trucs, il avait SHAMAN, on avait ANGRA. On avait de nouveaux membres et les choses continuaient donc ce n'étaient pas quelque chose qu'on avait l’intention de faire. Mais les fans le demandaient tout le temps. Et on disait toujours qu'un jour on pouvait le faire, que ce serait cool de le faire revivre, je pense que ça aurait été cool. Mais en même temps tu penses toujours au futur, à ce que tu feras dans le futur. Tu es une personne qui se développe et qui veut faire autre chose, qui ne veut pas regarder en arrière. Alors il y avait ce dilemme, où tu veux le faire mais tu as besoin de créer quelque chose de nouveau alors il y avait ces conversations durant ces 20 ans, régulièrement. J'ai essayé quelque fois, les gens ont essayé, il ne voulait pas et c'était ainsi. Mais c'est incroyable que cette semaine, cette semaine, il ait dit qu'il était en train d'y réfléchir. Alors Luis m'a dit au téléphone qu'Andre lui avait parlé, qu'il avait essayé de lui expliquer qu'il avait gardé ses rancunes, qu'il travaillait là-dessus. C'est triste parce que ça aurait été cool, ça aurait bouclé la boucle 20 ans plus tard, se rencontrer et parler. J'ai toujours eu ça dans mon esprit, il y a eu un moment, mec, je rends cette vidéo encore plus longue, je suis désolé, il y a eu un moment où Andre a quitté le groupe, juste après la tournée « Holy Land », il ne voulait plus le faire, il voulait jouer avec VIRGO son projet solo. Et il ne voulait pas jouer « Fireworks », notre 3ème album. Et là, pour une raison qu'on ignore, le mec du label français, un gars très actif pour le groupe, nous étions importants en France, il est venu au Brésil, il venait voir un concert de WHITESNAKE dont il était fan, ou de MEGADETH je ne me souviens plus, et il est venu à ce concert et aussi pour résoudre ces problèmes que nous avions dans le groupe. Au fait, Edu Falaschi avait déjà répété avec nous à cette époque, on a déjà parlé de ça. Mais Andre ne voulait plus faire partie d'ANGRA, on avait eu cette conversation et je me souviens que ce gars de France, un mec très intelligent… on est allé au restaurant sur l'avenue Paulista, on était trois à table, à un moment il s'est mis en retrait et je me souviens qu'on parlait de toutes ces choses lui et moi, on parlait ouvertement et cette conversation a fait revenir André. Ca l'a fait revenir dans le groupe pour un album. On est allé en répétition. Il a apporté la chanson "Lisbon". Il a apporté la chanson "Fairytale" que le groupe n'aimait pas donc il a fini par l'utiliser avec SHAMAN,  "Wings Of Reality" et d'autres chansons de « Fireworks ». Mais on peut dire que ce sont des chansons isolées. On a fait une chanson qui s’appelait "Speep". Il a écrit les paroles, j'ai composé la musique. "Rainy Nights", il y avait de la collaboration mais c'était quelque chose de distant déjà. On a ensuite fait l'album, le groupe a encore grossi, on a fait des tournées plus grandes et là il ne voulait vraiment plus le faire. Mais cette conversation au restaurant... c'est toujours dans ma tête. Si un jour je m'étais assis avec Andre au restaurant, on aurait pu, je ne sais pas, parler ouvertement de certaines choses, on aura pu pourquoi pas ? On aurait pu... Parce que je pense à ces souvenirs, quand il avait 14 ans, que je le voyais avec ses cheveux décolorés, comme mon modèle. Il voulait faire du heavy metal dans un pays où il n'y avait pas de heavy metal, dans une ville où tout le monde s'en moquait. Dans une école dont tout le monde voulait nous exclure à cause de nos cheveux longs parce que c'était une école traditionnelle. On était liés, d'une certaine façon, alors pourquoi perdre ce lien et tout le travail que nous avions fait « Angels Cry », « Holy Land », « Fireworks », des tournées, les fans, tout ce que nous avons construit, tout laisser tomber. Parfois, une conversation résout le problème, mais cette conversation n'est jamais arrivée. Je pensais que cette discussions allait arriver maintenant, d'une certaine façon car il nous l'a laissé entrevoir. C'est triste, vraiment. Mais c'est tout. Je vais éteindre la caméra parce que je pense à toutes ces choses ici. Je vais continuer à parler aux gens du groupe à nouveau pour essayer de comprendre mieux ce qui s'est passé. Et c'est tout. La bise à tout le monde, les fans d'Andre. Il sera présent dans nos vies pour toujours. C'est sûr, avec les chansons, les images, sa voix inégalable, avec le piano, les compositions, cette intro dans "Silence And Distance", l'intro de "Holy Land", le piano au milieu de "Carolina IV", les notes hautes sur "Carry On", les grandes idées de chansons qu'il a écrites tout au long de sa carrière et tout ce qu'il a fait, et toutes ses performances sur scène, la tonalité parfaite. Je n'ai vu ça que quelques fois, quelqu'un qui chante aussi juste. Donc pour que vive Andre, écoutons tous "Deep Blue" ».

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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