1 juillet 2019, 23:55

TRIVIUM + WHILE SHE SLEEPS + CANE HILL

@ Strasbourg (La Laiterie)

1er juillet 2019. La canicule bat son plein, pourquoi ne pas se rafraîchir à La Laiterie ? On y donne le dernier concert de l’année. Après MEGADETH l’année dernière, cette fois-ci, la clôture de la saison sera pour TRIVIUM, groupe ô combien représentatif de la nouvelle génération metal. Trois ans après un passage mémorable en ce même lieu nous décidons, Christian Ballard et moi-même, de couvrir l’événement. Un événement sold-out, cela va de soi. Vu les températures et le programme intense, nous enfilons nos baskets et nos maillots de core et nous nous engouffrons dans l’arène.

Premier des trois groupes à l’affiche ce soir, CANE HILL, une formation de la Nouvelle-Orléans. Si personnellement je ne connaissais que très peu le groupe, je constate que ce n’est pas le cas de l’audience. En effet, les loulous des gradins, d’ordinaires somnolents lors des premières parties, sont ici tout agités, CANE HILL est ovationné comme une tête d’affiche. La prestation ? C’est du lourd, dans la technique et dans la puissance libérées en termes de décibels.

CANE HILL est une magnifique découverte. Une structure de post-hardcore alternatif, un seul guitariste qui fait feu de tout bois sur "(The New) Jesus" et par moment sort les riffs comme une panthère (une panthère ? ah…), avec en contre-point un frontman, Elijah Witt, qui sait marquer son public dans ses vocalises et ses poses. Un seul guitariste donc, ce qui permet de s’imprégner d’un duo basse-batterie puissant et profond (mention spéciale au bassiste qui est impressionnant). "Lord Of Flies" et "10 cents". C’est hypnotique, empreint d’un écho des nineties, comme si nous étions des Alice enchaînées dans le jardin du son… ouais, y a un bon dieu d’écho grungy dans ce set lourd et poisseux. Après une demi-heure, vous l’avez deviné, je suis conquis et K.O. par le final "Too Far Gone".



WHILE SHE SLEEPS


On sort prendre l’air après l’oppressante puissance des musiciens de la Louisiane. Je suis tout excité car arrive le deuxième groupe, et j'ai de l'admiration pour les Britanniques WHILE SHE SLEEPS, qui depuis deux albums, sont sortis du carcan metalcore brut de décoffrage pour une exploration des sons et des sens. J’ai un peu peur car j’ai appris en arrivant l’absence pour raisons personnelles de Lawrence Taylor, le chanteur. Je me réjouissais de revoir son jeu de scène extraverti, c’est raté.

En l’absence de Lawrence, c’est le guitariste rythmique Mat Welsh qui va assurer 7 titres durant l’intérim du chant. Et vous savez quoi ? Passé un moment de surprise, le concert est largement assuré par un groupe dopé à l’énergie positive. On verse sa sueur et son sang, circle-pit et autres danses sauvages sont présents dès "You Are We", titre phare du précédent album. Si vous avez bonne mémoire, j’avais alors parlé de revitalcore, et c’est ce qui définit le mieux WHILE SHE SLEEPS. Un son sec, des breaks fréquents et précédant des accélérations furieuses, et les soli aériens de Sean Long qui approchent le divin. Le dernier album, « So What », est représenté à égale mesure avec « You Are We ». "Anti Social" est l’occasion de voir jouer en live ce riff épuré et cette caisse claire au rythme rapide façon THERAPY?. Dans La Laiterie, c’est le feu. Lors du break, nous sommes conviés à exécuter un nouveau wall of death. C’est aussi l’occasion de se régaler avec le jeu de scène incontournable du bassiste Aaron Mckenzie, placé au centre de la scène et bondissant comme un beau diable. Reportez-vous aux photos de Christian Ballard pour apprécier la chose.

Des nouveaux hits, "The Guilty Party" et "Haunt Me", auxquels se succèdent les classiques "Four Walls" et l’ultra jouissif "Silence Speaks". Une prestation magnifique qui s’achève dans un "Hurricane" du plus bel effet. WHILE SHE SLEEPS est réellement un groupe incontournable de la scène metalcore !



TRIVIUM


L’heure est venue, place au groupe phare de la soirée. Devant un public dont la présence à La Laiterie ce soir n’est absolument pas le fruit du hasard, TRIVIUM monte livrer son show. Les deux premiers titres sont des extraits du dernier album, « The Sin And The Sentence ». La moitié du set, soit 7 titres, sera dédiée à ce disque très bien accueilli par la critique et les fans (oui, bien mieux accueilli que le précédent…). Les quatre compères sont en grande forme. Corey Beaulieu et Matt Heafy se répartissent respectueusement les growls et le chant clair. Oui mesdames et messieurs, il en a parcouru du chemin le petit Matt, depuis l’époque où il n’était qu’un guitariste braillard, comme il le raconte souvent. Toujours est-il que la complicité et la complémentarité est de mise dès "The Sin And The Sentence", y compris dans leurs soli lors du break du titre. Break qui prend l’allure d’une fugue technique du plus bel effet. Matt est comme à son habitude tout sourire, prend sa légendaire pose toute langue dehors, et invite la foule à se déchaîner. Cette dernière s’exécute immédiatement, les enfants metalleux étant de très bons élèves. Il y a du circle-pit, du contact en veux-tu en voilà. Ensuite, le groupe nous emmène "Beyond Oblivion", avec son riff thrash, son refrain puissant qui est repris en chœur. Paolo Gregoletto bondit comme s’il était payé pour tester le dernier modèle de Nike Air Max, c’est bientôt toute la fosse qui se joint à lui. Un concert de TRIVIUM est toujours synonyme de bonne humeur.

Petit détour vers les classiques canoniques, on se prend un "Like Light To The Flies" ultime en travers de la tronche, puis "Sever The Hand" qui est une autre occasion d’admirer la technicité des deux guitaristes. Matt qui nous titille sur les meilleurs accueils que le groupe a reçu sur la tournée. Forcément, le défi est relevé, le public de La Laiterie veut impressionner ses idoles. Ses idoles ? On pourrait même avancer ses prophètes. Car devant Matt, le Moïse du metal moderne, la foule s’écarte telle la Mer rouge avant de déchaîner les vagues d’un énième wall of death.
Les moments forts ne manquent pas. "Shattering The Sky Above" est une déferlante qui fracasse les nuques. "Until The World Goes Cold", mésestimé par beaucoup, est exécuté avec une rythmique bien heavy. Il est également jouissif de voir l’antédiluvien "Pillars Of Serpents" ressorti du placard pour venir côtoyer la bête de guerre qu’est "Betrayer". TRIVIUM nous en donne pour notre argent. TRIVIUM nous fait chuter "Down From The Sky", puis nous relève en extirpant de nos corps fatigués "The Heart From Your Hate". Puissance. Toujours et encore. Après l’incontournable "Pull Harder On The Strings Of Your Martyr" qui nous voit surtout tirer sur nos cordes vocales lors du refrain, Matt est sa bande quitte la scène. Le rappel ? Les fans le connaissent par cœur. La fosse se déchaîne une dernière fois, "In Waves". Un prophète et une mer vivante, je vous le répète. Un tableau biblique.

20 ans après ses débuts dans un metal qui colle au core, TRIVIUM est devenu aujourd’hui un Master of rock, digne de figurer tout en haut des affiches de festivals. Ce qui a été livré pour nous avec générosité ce soir n’est rien d’autre qu’une leçon de Heafy metal !


Photos © Christian Ballard - Portfolio


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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