On poursuit les souvenirs d'été, lors de l'enfance et de l'adolescence, associés à la musique avec, comme tout passionné de rock élevé à la bonne vieille cassette audio, un petit détour du côté du bootleg. Je reviendrai plus tard sur le "tape trading", activité que nous sommes nombreux à avoir pratiquée dans le monde, à une époque sans Internet. Voici empilées quelques-unes parmi des dizaines et des dizaines de cassettes que j'ai usées gamin, acquises par le biais de petites annonces dans la presse rock française et surtout anglo-saxonne. Les vinyles pirates étaient vendus sous le manteau à des prix hors de portée et souvent dans des endroits mal famés (comme les Puces de Saint-Ouen au début des années 80) ; restaient, plus accessibles, ces copies qui faisaient la richesse de vendeurs au sens des affaires très affuté et qu'on se procurait par correspondance.
Il y avait ce petit goût d'interdit - on savait bien que ce n'était pas franchement légal -, mais aussi de rareté, quand on avait fait le tour des albums officiels. C'était l'occasion de découvrir une version inédite d'un titre live ou absente des disques du commerce, de vivre aussi des concerts manqués ou tout simplement d'entendre pour la première fois un groupe qui n'était jamais venu en France. Ces cassettes m'ont presque plus fait rêver que les disques eux-mêmes. Certaines avaient une qualité exceptionnelle, puisqu'elles étaient tirées de concerts promo américains (les "King Biscuit Flower Hour", "Westwood One", "Superstars In Concert", etc.), d'autres étaient franchement déplorables, mais quand on est jeune et fan, les oreilles sont prêtes à accepter beaucoup de choses.
Qu'il y ait prescription ou pas, je dois avouer en avoir fait quelques-uns moi-même durant cette période. Le magnéto planqué dans un sac, la fouille à l'entrée sur un gamin de 13, 14 ou 15 ans était en option, on n'était vraiment pas nombreux de cet âge-là à l'époque et on inspirait plus de bienveillance que de méfiance. De Johnny Winter à Paris (l'Empire-Wagram) en 1979 à Kansas ou 38 Special en 1981, en passant par Toto ou Molly Hatchet, pour n'en citer qu'une poignée, j'ai préservé ces petites pépites au son douteux mais tellement évocatrices d'une autre ère du rock sans jamais n'en faire le commerce ni même les diffuser.
De vraies petites pépites d'histoire à savourer au calme de l'été...