Formation en 2015, sortie d’un premier EP en 2017, suivie dans la foulée d’une signature chez Century Media qui donne lieu aujourd’hui à ce premier album, « Home » : aucun doute, le quatuor de Boston THE OFFERING n’est pas du genre à perdre son temps . Et la première chose que l’on peut dire à l’écoute de sa musique c’est que l’on comprend mieux pourquoi les responsables du fameux label teuton ont craqué sur ce groupe hors-normes. Son heavy puissant, mélodique et technique croise ici le fer avec tout le reste de la famille metal, du neo au thrash en passant par le progressif et le power metal, pour accoucher d’un monstre hybride qui défie les lois du genre. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme de ces américains déjantés qui prennent un malin plaisir à brouiller les pistes pour balader l’auditeur dans leur monde parallèle.
Ainsi, NEVERMORE pourrait servir de premier repère pour tenter d’appréhender la bête : le chant clair musclé, les rythmiques en béton armé et les solos de haute volée sont en effet de la partie mais THE OFFERING dépasse ce calcul de coin de table pour propulser son rejeton hors des limites ténues de l'exercice de style. La preuve en cinq minutes montre en main avec le morceau introducteur, "Waste Away", qui convie à la noce riffs modernes, breaks furax et accélérations meurtrières sur fond de rythmiques syncopées, le tout servi magistralement par des vocalises tour à tour soyeuses puis revanchardes. Les quatre musiciens ne se fixent aucune limite dans leurs créations : un coup à gauche, une tape à droite, attends je reviens, non finalement vas-y passe. Et le plus fort, c'est que tout ça sonne de manière parfaitement naturelle : voilà un vrai Tetris ou chaque élément s'imbrique à merveille l'un dans l'autre. Tout cela est orchestré par l’insolente maîtrise d’Alex Richichi, doté de cordes vocales aptes à rendre fou n’importe quel apprenti-chanteur, ici à l’aise dans tous les registres : chant clair, haut perché, growls et hurlements : sa prestation est une succession de dérapages parfaitement contrôlés. Un fou furieux je vous dis. Habilement secondé par un autre illuminé, le guitariste Nishad George, qui ne se refuse rien. Il faut dire qu’avec un niveau technique comme le sien, peu de choses peuvent lui résister : les solos d’enfer (allez, celui de "Lovesick" par exemple) tout comme les riffs d’une variété hallucinante qu’il déroule avec une aisance remarquable. Le tentaculaire "Ultraviolence" est à ce titre une petite perle de technique qu’il faut avoir entendu pour y croire. Quant aux deux autres larrons Steve Finn et Spencer Metala (un nom prémonitoire), respectivement batteur et bassiste, ils ne sont pas en reste et dévoilent également toute l’étendue de leur talent sur l’ensemble de ces huit morceaux-aliens.
Mais tout ceci ne serait pas aussi impressionnant sans la production qui va bien. Bonne pioche, Frederik Nordström (à la manœuvre sur les albums d’ARCH ENEMY, OPETH ou DIMMU BORGIR parmi tant d’autres) est derrière les manettes et confère à l’album un son massif et sans bavures où chaque détail méticuleux troussé par le groupe prend toute son envergure. Un travail d’orfèvre qui donne des allures de chef d’œuvre à cet OVNI. Et le véritable tour de force de THE OFFERING est de rendre l’ensemble de son édifice complètement cohérent, notamment par cette aptitude à passer d’un style à l’autre avec une aisance indéniable, gardant en permanence une homogénéité et une ligne conductrice clairement établies. Bluffant !
Oui « Home » est grandiose, démesuré, jouissif. « Home » c’est le genre de disques qui donne envie d’arracher sa chemise (ou son pull, c’est selon) et d’hurler tout l’amour du monde à son prochain en le serrant dans ses bras. "Peace and Home" quoi !