7 août 2019, 23:53

IRON MAIDEN + THE RAVEN AGE

@ Québec (Centre Vidéotron)

Quand le 7 août, jour de l'anniversaire de Bruce Dickinson, vous vous trouvez à Québec et qu'en plus, IRON MAIDEN se produit en ville, que faites-vous ? Eh bien vous vous précipitez sur votre smartphone pour commander des places !

Quand nous arrivons vers 19h30, nous constatons que THE RAVEN AGE est déjà sur scène. Bien que la salle soit loin d'être remplie, c'est devant environ 10 000 personnes que le groupe, dans lequel officie le fils de Steve Harris, a l'opportunité de défendre son second album dont sera jouée la quasi totalité. Avec un set composé de 9 titres en plus de l'intro, le groupe dispose d'un temps tout à fait honorable pour présenter sa musique. Le décor de scène est assez épuré, ce qui n'est guère surprenant pour un groupe de première partie. Toutefois, un backdrop de la pochette de l'album « Conspiracy » est déployé. Musicalement, le groupe dispose d'un son correct. Néanmoins, l'interprétation et la prestation ne sont guère convaincantes. Les titres manquent de relief et se ressemblent. Par conséquent, si nous ne tombons pas dans l'agacement, la fin du set est la bienvenue.

Pendant que les roadies s'affairent à préparer la scène pour l'exhibition de la Bête, la salle qui est aussi l'arène dans laquelle se déroulent les matchs de hockey sur glace, se remplit et c'est donc devant près de 20 000 personnes que MAIDEN va faire sont entrée. Quand l'intrumental "Transylvania" se fait entendre, la salle reste allumée. Sur les écrans placés de chaque côté de la scène, un film d'animation met en scène Eddie. Si "Legacy Of The Beast" est le nom de cette tournée, il est aussi celui du jeu vidéo qui met en scène Eddie dans des univers imaginaires. L'héritage est donc bien le thème central de la soirée car comme vous pourrez le constater dans la set-list, 11 des 17 titres joués sont présents sur les albums enregistrés avant 1990. Une belle manière de projeter les plus jeunes fans dans un passé qu'ils n'ont pas connu et de leur donner cette chance d'avoir vu le groupe jouer live ces classiques qui ont plus de trois décennies et même quatre pour "Transylvania" et "Iron Maiden" qui, respectivement, introduisent et cloturent cette prestation.

Quand les lumières s'éteignent, c'est l'excellent "Doctor, Doctor" d'UFO qui est joué en fond sonore. Excellent choix que ce titre intemporel composé en 1974 et qui apparaît sur l'album « Phenomenon », troisième album des Anglais. Une fort belle manière de nous introduire dans l'héritage qu'a reçu IRON MAIDEN de ce groupe mythique de la scène britannique des 70's. Le bruit de moteur du Spitfire qui démarre et le discours de Churchill annonçant au peuple britannique du sang et des larmes à la veille de la bataille d’Angleterre ne sont pas sans rappeler l'introduction de la tournée "Slavery Tour" de 1984. Cette fois-ci, l'entrée en scène est autrement plus percutante car le survol de celle-ci par un Spitfire grandeur nature, même gonflable, est aussi crédible que le magnifique décor égyptien de l'époque. Plutôt que d’enchaîner, comme il y a 35 ans, sur "2 Minutes To Midnight", c'est "Where Eagles Dare" qui introduit l'album « Piece Of Mind ».

Bien que Bruce fête ses 61 ans après s'être débarrassé d'un cancer de la langue, il est en pleine forme et arpente la scène avec toujours autant de dynamisme. Son français s'est aussi beaucoup amélioré depuis les années 80. Son charisme n'a pris une seule ride et cela est toujours aussi impressionnant de voir comment les 20 000 spectateurs interagissent avec lui dans une osmose parfaite. Toutefois, le groupe est dans son ensemble plus statique, préférant occuper le devant de la scène pour être au plus près du public et cette stratégie se révèle payante, car quand on n'a plus l'endurance de courir pendant deux heures aux quatre coins de la scène et faire des acrobaties, il faut savoir continuer à capter l'attention et divertir. Ainsi, pour renforcer cette proximité, le décor va proposer de nombreux tableaux comme si nous assistions à une pièce de théâtre ou à un opéra en plusieurs actes dans lesquels Bruce Dickinson changera de personnage comme le font les acteurs ou les chanteurs d'opéra.



Pour introduire "The Clansman", Bruce se lance dans un monologue sur la liberté évoquant les peuples qui luttent pour un idéal et qui peuvent en arriver à s'affronter du fait de leurs divergences de point de vue. Après ces 10 minutes épiques vient "The Trooper" au cours duquel Bruce se livrera à un combat à l'épée avec Eddie. Les décors continuent à s'enchaîner tous plus incroyables les uns que les autres. En particulier, sur "Revelations" où le groupe se retrouve au centre d'une cathédrale qui brille de mille feux, comme éclairée par une force divine qui ne ferait probablement pas l'unanimité chez certains croyants. Lorsque "The Wicker Man" se termine, le groupe laisse la scène plongée dans une pénombre qui se fait inquiétante quand elle est lentement envahie par un brouillard. Lente mise en place de l'atmosphère du titre suivant qui révèle le superbe décor de "Sign Of The Cross", Bruce apparaît en précheur portant une croix, sujet central de ce titre. Sur "Fear Of The Dark", ce dernier cède la place au croque-mitaine alors que "The Number Of The Beast" et "Iron Maiden" offrent un final incroyable au cours duquel Eddie, métamorphosé en Balrog, créature mythique de l'univers de J.R.R Tolkien, sort des entrailles de la scène.

Le rappel est l'occasion pour les 20 000 spectateurs de reprendre en chœur le refrain de "The Evil That Men Do" et, surtout, de chanter à l'unisson l'introduction de "Hallowed Be Thy Name" avant de se ruer sur le classique "Run To The Hills" au sommet des collines imaginaires pour contempler ces tableaux que les personnes qui auront vécu cette tournée ne sont pas prêt d'oublier. Dans un dernier salut, le public entonnera avec Nicko McBrain un superbe « Happy Birthday Bruce !».

Cette soirée à Québec restera dans les mémoires comme bien plus qu'un excellent concert d'IRON MAIDEN. Nous avons assisté à un exceptionnel spectacle où se mêle musique et théâtralité dans lequel le public est un acteur à part entière. Bien plus que les excellentes prestations des années 80, ce show permet de mesurer le chemin parcouru par le groupe et la maturité qu'il a acquise. C'est sur la musique des Monty Python que nous quittons le Centre Videotron transformé, l'espace d'une soirée, en théâtre pour laisser place à une incroyable mise en scène rock.


Set-lists

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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