Tel un objet de peur innoculée chez les fans inconditionnels du plus fascinant groupe américain à côté de ses compères d'improvisations alambiquées PRIMUS, FAITH NO MORE et INCUBUS en tête, le statu quo de sa carrière en pause forcée est enfin levé !
Treize longues années d'une insupportable attente auront mis à rude épreuve une scène alternative metal et rock progressif internationale orpheline d'un géniteur si novateur et inspirant envers la vague moderne européenne du style, à l'image de LEPROUS, TESSERACT et UNEVEN STRUCTURE. A charisme comparable, si Mike Patton (DEAD CROSS, FANTOMAS...) réactive sobrement MR BUNGLE pour quelques dates, Maynard James Keenan de TOOL (également A PERFECT CIRCLE, PUSCIFER), quant à lui, redessine richement les contours avant-gardistes du rock progressif mâtiné d'un metal alternatif apaisé.
Aventureux ont toujours été les sillons tracés par les mélodies synthétiques de ce quatuor polymorphe au quart de siècle acquis depuis la mise en orbite réussie du révolutionnaire « Undertow » en 1993. Le satellite émérite émettant à nouveau des signaux encourageants d'une vitalité au zénith de son art majeur, c'est tout naturellement au bénéfice onctueux d'un plébiscite fructueux que le groupe ait enfin décidé de rendre accessible son patrimoine culturel d'exception aux sphères immatérielles du règne numérique.
Parmi le théorème des sept péchés capitaux en guise de 6 morceaux épiques au possible et dans un désordre consenti pour l'occasion, la nouvelle pièce d'orfèvre de TOOL se consomme avec une préciosité affirmée durant ses soixante-cinq minutes. Son cœur est ravivé par une mélancolie mi-acidulée, mi-épicée à laquelle Joe Barresi (ingénieur du son en chef sur « We Are Not Your Kind » de SLIPKNOT), a savamment porté sa touche unique comme au temps de « 10000 Days » (2006).
Du tribal "Pneuma" au rythme fluide et ascentionnel en passant par le méandrique et indomptable "Fear Inoculum", on se perd subtilement dans l'arborescent "Invincible" au tempo métronomique à la lisière de multi-tonalités pachydermiques. "7empest" se veut organique et cadencé dans un tumulte exhorté par quinze minutes d'expérimentations taillées viscéralement pour la scène. Le tintillant et électronique "Chocolate Chip Trip" est une boucle exclusivement instrumentale en forme d'alerte rouge oscillante et répétitive. "Descending", à l'introduction aquatique, dépeind un paysage introspectif aux notes captives en un écho martial de roulements de batterie fracassants. "Culling Voices" est psalmodié en une voix au timbre fragile et docile, narrant un épisode ternaire vers des sentiers enténèbrés de rythmes endiablés.
En un espoir prophétique réalisé, TOOL reste définitivement un objet instrumental de convoitise intemporelle et de jalousie sensuelle qui emprunte à la royauté non consensuelle, une des véritables infortunes de la vertu artistique : le talent inné.
