3 septembre 2019, 23:51

ALICE COOPER + BLACK STONE CHERRY

@ Marseille (Le Dôme)


La dernière fois qu’Alice Cooper avait accueilli le public marseillais dans son cauchemar, c’était en 2010. Neuf ans, deux albums studio et un live plus tard, Ol’ Black Eyes, qui fête ses 50 années de carrière (rien que ça !), est de retour au Dôme. 4 000 et quelques fans aux goûts fort éclectiques, si l’on en juge par les T-shirts croisés (SLIPKNOT, TRIVIUM, LED ZEPPELIN, GUNS N’ ROSES, CORONER, METALLICA, MUSE ou IRON MAIDEN, pour ne citer qu’eux) ont fait le déplacement, mardi soir, pour assister au concert de l’un des derniers monstres sacrés du Rock, avec Ozzy Osbourne et Iggy Pop.
 


BLACK STONE CHERRY, qui avait annulé sa tournée européenne en tête d’affiche début 2017 en même temps que, du coup, son passage dans la cité phocéenne, ouvre la soirée. Bondissants, électriques, énervés et groovy, les Américains rentrent directement dans le vif du sujet, à l’image de John Fred Young, le batteur, qui défonce son kit sans aucune retenue, façon Animal des Muppets. Pas en reste, Ben Wells virevolte avec sa guitare tandis que Chris Robertson, le chanteur/guitariste, donne de la voix. Bémol toutefois, dans la fosse, le son est brouillon à tendance bordélique et ne rend pas justice aux six hommes, le noyau dur (humour, BLACK STONE CHERRY signifiant, sauf erreur de ma part, "Cerise au noyau noir") de BSC étant rejoint en live par un claviériste et un percussionniste. Ce qui ne les empêche pas de distiller leur hard rock sudiste mâtiné de blues avec un enthousiasme communicatif. Mention spéciale à "Blame It On The Boom Boom" avec son petit délire "Purple Haze" d’Hendrix, dont Chris porte justement le T-shirt. A revoir dans de meilleures conditions sonores.

A l’image d’Ozzy, une des (special) forces de Vincent Furnier, et par extension d’Alice Cooper, son alter ego maléfique, c’est d’avoir depuis longtemps su s’entourer de musiciens aussi talentueux que visuels en live. Non pas que son show manque de moments forts, notre homme étant – ne l’oublions pas – le parrain du shock rock, mais c’est un "plus" évident en concert qui complète parfaitement le côté théâtral de la production du maître de cérémonie. "Feed My Frankenstein", qui enchaîne sur "No More Mr. Nice Guy", ouvre le set. Deux époques distinctes de la riche carrière du Coop' qui, avec d’autres, vont se côtoyer toute la soirée, le "Ol’ Black Eyes Is Back Tour" célébrant son demi-siècle d’existence en tant qu'artiste. Evidemment, caser autant de périodes et de morceaux forts en 1h30 est une gageure mais le Prince des Ténèbres va louvoyer habilement entre incontournables chansons vintage ("I’m Eighteen", "Billion Dollar Babies", "Steven", "I Love The Dead"…), hits plus récents ("Poison", "Bed Of Nails", donc, qui affichent 30 ans au compteur quand même…) et sortir quelques surprises de son haut-de-forme. Parmi lesquelles les rares "Raped And Freezin’" (tiré de « Billion Dollar Babies », 1973), "Muscle Of Love" (sur l’album du même nom, 1973 aussi), "My Stars" (« School’s Out », 1972) ou "Escape" (« Welcome To My Nightmare, 1975).
 


Sans oublier "Roses On White Lace", rescapé du heavy « Raise Your Fist And Yell » (1987), sur lequel apparaît une mariée diaphane et gothique, Sheryl, épouse du chanteur, danseuse et chorégraphe, qui reviendra un peu plus tard dans la soirée en infirmière sexy qui assiste à sa traditionnelle décollation (justice immanente, fallait pas faire de mal au bébé – en celluloïde – qu’elle promenait un peu plus tôt en poussette) sur "I Love The Dead". Billion Dollar Bébé monstrueux de 3 mètres de haut qui sort d’ailleurs du décor pour venir faire un tour sur scène et narguer la tête décapitée de son tortionnaire, comme le fera à deux reprises une créature de Frankenstein. Sans doute cela explique-t-il la présence du dispensable "Teenage Frankenstein" dans la set-list. Je vous invite à jeter un œil au portfolio pour suivre le déroulement de la soirée.

Pendant qu’Alice, impeccable comme à l’accoutumée, présente son freakshow, ses musiciens – le batteur Glen Sobel, le bassiste Chuck Garric et les guitaristes Ryan Roxie, Tommy Henriksen et Nita Strauss, dont je vous laisse le soin de chercher le CV sur Internet – couvrent chaque centimètre de la scène, ou presque. La belle Nita, qui coche toutes les cases (talent, virtuosité, attitude et physique), sera d’ailleurs la plus applaudie quand le maître de cérémonie fera les présentations en fin de concert. La soirée s’achève avec un unique rappel, "Under My Wheels" et "School’s Out" (dans lequel sera incorporé un petit passage de “Another Brick In The Wall” de PINK FLOYD), ses bulles et ses énormes ballons multicolores. Car le cauchemar du Coop’ est avant tout là pour faire passer un très bon moment à ses fans.

A la sortie de la salle, beaucoup se plaindront de la piètre qualité du son que certains iront jusqu’à qualifier d’« ignoble ». Bizarrement, dans les gradins, à gauche de la table de mixage, il était tout à fait correct, même si le chanteur connaîtra quelques soucis de micro. J’en veux pour preuve deux petites vidéos tournées sur mon iPhone 6 (pas le top en matière de technologie pourtant)… Dommage pour ceux que ce désagrément a empêché de profiter pleinement d’une excellente soirée. A 71 printemps, Vincent Furnier/Alice Cooper ne montre pas le moindre signe d’essoufflement en live et continue, imperturbable, comme si le temps n’avait pas de prise sur lui. Time is on my side, comme le chantait Mick Jagger dans la reprise enregistrée par les ROLLING STONES en 1964…

Après Bordeaux le 5 septembre, Alice et ses musiciens donneront une dernière date française à La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt le 20 septembre. Présence hautement conseillée !

La setlist Alice Cooper
 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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